Le corps parle, il ne ment pas
La période de gestation, la vie intra-utérine, ces neuf mois de co-location
(1) entre la mère et l’enfant, est une période cruciale pour la construction du code
émotionnel de l’enfant.
Le sac à dos émotionnel, que l’individu va devoir porter toute sa vie, contient les traumas inscrits dans les tissus, dans les fascias essentiellement durant la vie intra-utérine, pendant l’accouchement et ensuite dans la petite enfance.
Les trois premières années, les mille premiers jours de l’enfant sont une période extrêmement importante pour son équilibre émotionnel.
C’est avec une satisfaction extrême que je puis confirmer, grâce aux découvertes dans le domaine des neurosciences, que ce que je ressentais deux décennies plus tôt se confirme aujourd’hui.
La mémoire s’inscrit dans le corps, elle constitue notre histoire. Notre passé est en nous, il conditionne nos actes, nos réactions, nos évitements, nos sidérations face au danger, nos colères face à l’injustice, nos peurs face à l’abandon, notre méfiance face à la trahison...
Les fascias sont les tissus qui enregistrent tous les ressentis par le fœtus durant la vie intra-utérine.
Les découvertes faites par les différents chercheurs sur la constitution des fascias permettent à l’heure actuelle de les considérer comme un système, et non plus comme de simples tissus conjonctifs de glissement.
La théorie polyvagale de Stephen W. Porges, découverte révolutionnaire qui nous explique comment se réalise le mécanisme de la sidération à travers le nerf vague dorsal, contribue à valider la technique d’approche somato-émotionnelle. C’est dans la sidération que se forment les nœuds, lors de l’inhibition, comme le disait Henri Laborit, mais aujourd’hui Stephen W. Porges nous explique comment, à travers la découverte du nerf vague dorsal, la libération des nœuds dans les fascias, inscrits lors de chocs émotionnels non exprimés, va agir sur tout le système neurovégétatif et le rééquilibrer.
Les interactions entre le nerf vague et les fascias permettent de comprendre comment et pourquoi l’approche somato-émotionnelle va agir sur le corps et les émotions.
En libérant les fascias par l’approche somato-émotionnelle, nous relançons l’homéostasie, l’équilibre dans les organes, dans les systèmes, par une régulation hormonale.
Nos hormones nous gouvernent. Elles dépendent de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien, de la communication intestin-cerveau.
Comment encore ignorer le rôle prépondérant des fascias, des émotions, de notre vie intra-utérine et de tout ce que nous avons inscrit en nous ?
Ce livre sera un outil pour comprendre que tout est en nous ; il « suffit » de lire son corps pour y déceler les blessures inscrites dans les tissus.
Nous découvrirons les interactions entre le cerveau, les hormones, les intestins, le nerf vague ventral, dorsal, et toute la symbolique du corps humain, pour mettre en évidence ce qui a bloqué dans l’histoire de l’individu.
Nous pouvons mieux nous connaître et accepter qui on est, se reconnaître et retrouver le SENS de notre vie.
Entre le demi-verre plein et le demi-verre vide, qui sont des approches optimistes ou pessimistes d’une situation, il y a surtout la réalité.
La libération des nœuds dans les fascias permet de libérer les émotions enfouies dans notre subconscient. Les blessures, les traumas apparaissent et réapparaissent de façon récurrente dans notre vie, guidés par un subconscient qui a la majorité des voix (99 % selon Bruce Lipton).
Tant que nous n’avons pas résolu le problème, tant que nous n’avons pas dissous le nœud tissulaire, tant que nous n’avons pas effacé l’information, le trauma réapparaîtra.
Nous avons aujourd’hui les moyens de comprendre ce que notre corps, principal réceptacle et témoin des traumas subis durant la vie intra-utérine et pendant la petite enfance, veut nous dire.
Allons à la rencontre de notre vérité, des secrets enfouis dans nos tissus pour nous libérer de nos peurs, de nos actes manqués, de nos addictions, de nos terreurs, de nos phobies, de nos faiblesses, de nos manques, de nos deuils, de notre peur d’aimer.
Auparavant, les fascias étaient décrits comme des tissus qui glissaient les uns par rapport aux autres ; comme des feuilles de papier qui glissent les unes contre les autres.
Aujourd’hui, grâce aux images récoltées par la caméra microscopique introduite dans le corps selon l’étude du D
r Jean-Claude Guimberteau, voici comment sont constitués les fascias.
Telle une toile d’araignée déployée dans les trois dimensions, ils relient tout à tout. Le fascia du tendon musculaire (périmysium) se fond dans le fascia de l’os (périoste), etc.
Les fascias
Le tissu humain où sera enregistrée cette mémoire se nomme le fascia, il est présent dans le corps entier, de la tête aux pieds.
Les fascias sont des membranes de tissu conjonctif qui jouent un rôle fondamental dans la structure et le fonctionnement du corps humain. Ce réseau tridimensionnel enveloppe et relie chaque élément anatomique : muscles, os, organes, nerfs et vaisseaux sanguins. Souvent méconnus, les fascias sont aujourd’hui au centre des recherches en biomécanique et en santé, révélant leur rôle bien au-delà d’un simple soutien structurel.
Les recherches menées par les D
rs Antonio et Carla Stecco ainsi que par le D
r Jean-Claude Guimberteau
(2) ont considérablement enrichi notre compréhension des fascias, mettant en lumière leur rôle dynamique dans le corps humain et leur capacité à
stocker des informations liées au stress et aux traumatismes émotionnels. Les fascias, véritables
interfaces entre le corps et l’esprit, jouent un rôle crucial dans le stockage des informations liées au stress. En libérant nos fascias, nous ouvrons une voie essentielle pour retrouver équilibre et bien-être.
Les Drs Antonio et Carla Stecco ont mis en évidence que les fascias possèdent une capacité de mémoire émotionnelle. Lorsqu’une personne est exposée à un stress intense ou prolongé, des altérations mécaniques et biochimiques se produisent dans les fascias.
Ces membranes deviennent alors moins fluides, accumulent des tensions et se densifient, créant des zones de rigidité dans le corps. Cette mémoire tissulaire conserve la trace des expériences vécues, même longtemps après l’événement.
Les fascias forment un réseau tridimensionnel qui enveloppe et connecte chaque partie du corps, agissant comme un système d’information global. Le D
r Jean-Claude Guimberteau a démontré, grâce à des observations micro anatomiques, que les fascias sont constitués de fibres de collagène et d’élastine, organisées en un réseau fluide et en perpétuel mouvement.
Ces fibres, baignant dans un gel matriciel riche en eau et en protéines, permettent une adaptabilité constante face aux tensions mécaniques et aux variations du stress, et sont capables de stocker des informations, notamment celles liées au stress et aux traumatismes émotionnels.
Ils constituent une véritable matrice vivante qui interconnecte toutes les structures du corps : muscles, os, organes, et nerfs. Leur structure complexe, leur plasticité et leur capacité à stocker et à transmettre des informations en font des acteurs essentiels de la santé globale.
Les fascias sont riches en récepteurs sensoriels, notamment en propriocepteurs (perception des mouvements et de la position du corps) et en nocicepteurs (détection de la douleur). Ces récepteurs font des fascias un acteur clé dans la régulation de la douleur et des réponses corporelles.
Le travail du D
r Jean-Claude Guimberteau souligne également que les fascias jouent un rôle dans la dissipation des tensions. Lorsqu’ils sont mobilisés de manière fluide et sans contrainte, ils permettent une meilleure répartition des forces mécaniques dans le corps. En revanche, lorsqu’ils sont rigides, les fascias deviennent un réservoir de tensions accumulées, renforçant les états de stress et de fatigue chronique.
La D
re Carla Stecco a largement contribué à la compréhension de l’anatomie et de la fonction des fascias. Ses recherches ont démontré que les fascias contiennent une abondance de fibres nerveuses libres, permettant une communication directe avec le système nerveux autonome, incluant le nerf vague. Les fascias enregistrent les tensions mécaniques et les traumatismes émotionnels, devenant de véritables « mémoires corporelles ». Sous l’effet du stress, les fascias se rigidifient, limitant leur fonction adaptative et favorisant les déséquilibres. Les fascias transmettent des informations au cerveau
via des récepteurs sensoriels (propriocepteurs et nocicepteurs). […]
Le langage émotionnel du corps : l'approche somato-émotionnelle, chemin de libération par les fascias, Roger Fiammetti, tome 1, éd. Trédaniel, p. 29 à 38.
1. En référence à « collocation » (c’est-à-dire enfermé dans un asile comme le fœtus enfermé dans l’utérus pendant neuf mois lors d’un déni de grossesse par exemple).
2. Stecco, C.,
et al., « Fascial anatomy and pain », 2011. Guimberteau, J.-C., « Architecture of human living fascia », 2016.