Neurotransmetteurs, neuromodulateurs, hormones..., notre cerveau baigne dans une « soupe » d’éléments qui seraient responsables de notre bien-être, voire de notre bonheur. Faut-il s’en remettre au tout chimique, ou privilégier un travail sur notre propre psyché ?
Un domaine en révolution permanente.
Sciences
D.R
« C’est un petit comprimé blanc, ovale, sécable » . Cette première phrase du roman de Michel Houellebecq, Sérotonine, dit beaucoup de choses de notre époque et de son désenchantement, comme souvent chez cet auteur que le monde nous envie, précisément pour cette extralucidité. Le médicament (fictif) Captorix est donc l’antidépresseur nouvelle génération que le héros prend chaque matin pour être simplement « fonctionnel », puisque le comprimé se montre « d’une efficacité surprenante en permettant aux patients d’intégrer avec une aisance nouvelle les rites majeurs d’une vie normale au sein d’une société évoluée (toi- lette, vie sociale réduite au bon voisinage, démarches administratives simples) sans nullement favoriser, contrairement aux antidépresseurs de la génération précédente, les tendances au suicide ou à l’automutilation ». Il y a cependant un prix à payer, car « les effets secondaires indésirables les plus fréquemment observés du Captorix étaient les nausées, la disparition de la libido, l’impuissance ».
La sérotonine
ne fait pas le bonheur
Pour en finir avec « la molécule du bonheur », ce spécialiste a expliqué que la sérotonine peut produire des effets quasiment inverses selon la zone cérébrale où elle se fixe. Ils dépendent en outre de nombreux paramètres, notamment la présence de dopamine dont elle vient freiner l’action. Elle agit sur les émotions, car des récepteurs se trouvent dans le système limbique, mais aussi sur le sommeil, la sexualité, l’alimentation, etc., d’où les nombreux effets secondaires indésirables des médicaments. Elle intervient dans la dépression, mais aussi les troubles anxieux et certains troubles de la personnalité, en interaction avec de multiples facteurs comme la personnalité, les événements de la vie, le stress ou encore la représentation de soi et du monde. De façon générale, résume le Pr Pe- lissolo, « elle favorise le calme et la stabilité, pour contrebalancer les effets d’autres systèmes qui visent à se défendre contre les dangers extérieurs (réactions de peur et pulsions impulsives ou agressives) et à se motiver pour agir pour notre survie (système de la dopamine qui favorise l’action coûte que coûte... ) ». Dès lors, il convient d’agir non pas seulement sur la présence de tel ou tel neurotransmetteur, mais d’activer « nos capacités naturelles de gestion de l’adversité » : résilience, coping (adaptation) ou force de caractère. Un tel traitement ne consiste donc pas à « rendre heureux » par un dopage artificiel, mais à réduire le déséquilibre émotionnel lié à la pathologie.
Plaisir ou bonheur ?
Autre prétendue « molécule du bonheur », l’ocytocine a également fait couler beaucoup d’encre, en particulier parce qu’elle est associée à la sexualité. Elle serait un « élixir de confiance et d’affection », qui élimine le stress et favorise la générosité. La presse généraliste regorge d’articles qui survendent les effets de cette chimie du cerveau, puisque les endorphines sont également appelées « les hormones du bonheur », dont la production est stimulée par la marche en pleine nature, le sport en général. Les Japonais ne sont-ils pas férus de « bains de forêt » qui permettent de diminuer la présence de cortisol, « l’hormone du stress » ? Quant à la dopamine, libérée par l’hypothalamus lors d’expériences associées au plaisir, elle serait « le neurotransmetteur du bonheur ». Liée au circuit de la récompense, elle favorise en outre la prise de risque, notamment chez les adolescents. Mais si elle fait le bonheur, c’est par défaut. En effet, souligne l’endocrinologue Robert Lustig : « La récompense, c’est ce qui nous pousse à agir : si nous n’aimions pas la nourriture et le sexe, nous ne mangerions pas et ne nous reproduirions pas. Mais quand la récompense devient notre but premier, elle fait le lit de l’addiction, qui est l’exact opposé du bonheur. » Il faut donc choisir entre excès de plaisir et bonheur véritable !
Jocelin Morisson est journaliste scientifique, auteur et traducteur, passionné par les liens entre science et spiritualité. Il collabore à l’Inrees et au magazine Inexploré, et a signé plusieurs ouvrages dont trois dans la collection Enquêtes Extraordinaires dirigée par Stéphane Allix aux éditions de La Martinière : Intuition et 6e sens ; La Voyance ; L’expérience de mort imminente.
Il est également l’auteur d’un essai, L’Ultime Convergence, co-auteur avec Philippe Guillemant de La Physique de ...
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