De par le monde, des personnes rapportent des expériences troublantes au cours desquelles elles seraient « enlevées » par des entités d'apparence non-humaine. Karin est l’une de ces personnes... Portrait d'une « enlevée ».
Art de vivre
Karin est une jeune femme athlétique de trente-cinq ans aux cheveux coupés courts. Ses premiers souvenirs conscients de rencontres remontent à l’âge de vingt-six ans, alors qu’elle venait de s’installer en Floride avec son ami. À l’époque, elle travaillait comme serveuse, ne s’intéressait pas le moins du monde à ce genre de sujet, et vivait une existence tranquille. Puis, sans raison apparente, elle se mit à se réveiller le matin avec l’impression d’avoir fait des rêves étranges. Quelque chose en eux était différent de ses rêves habituels. Une vraie angoisse s’installe au fur et à mesure que les semaines passent, et que ses sensations gagnent en intensité. Les images de plus en plus précises, qui lui reviennent de ses rêves, ne font qu’accentuer sa détresse. Il y a ces lumières, des visages horribles… Elle suspecte que son corps est manipulé, mais le matin, lorsqu’elle s’inspecte en détail, elle se demande si elle n’est pas en train de devenir folle. Comment cela pourrait-il être possible ? Son compagnon, compréhensif au début, se sent de plus en plus désemparé alors que les mois passent, et que rien ne change. Au contraire, tout empire pour Karin. C’est pourtant une jeune fille qui a les pieds sur terre, mais elle comprend de moins en moins ce qui lui arrive. Ça se produit maintenant plusieurs fois par semaine. Mais le plus insoutenable est sans conteste de ne pas savoir ce qui se passe, d’être seule, et déchirée, entre cette certitude de plus en plus évidente qu’il lui arrive quelque chose de réel, et celle de savoir de tout son être que ce n’est pourtant pas possible !
Je l’ai sentie méfiante au début. Comme beaucoup d’autres expérienceurs, elle n’a plus envie d’aborder ce sujet, de raconter, raconter encore ces… expériences. Mais je ne suis pas là pour écrire un de ces articles à sensation qui n’avancent à rien. Je suis là parce que je veux comprendre. Je suis là pour écouter. Et peu à peu, ce premier soir puis les jours suivants, elle réalise qu’elle peut me faire confiance. Je bous d’en apprendre davantage. Karin est une jeune femme débordante d’énergie. Ça tombe bien, car j’ai des milliers de questions à lui poser. À chacun de ses moments libres, je suis là, je l’écoute, je la questionne, je la regarde. J’essaye de sentir ce que représentent pour elle les expériences qu’elle évoque. Qu’a-t-elle vu ?
Je voulais l’entendre me raconter ce jour, cet instant précis où quelque chose s’était produit qui avait conduit à ce qu’il n’y ait plus aucun doute dans son esprit sur la réalité de ce qui lui arrivait. Qu’est-ce qui s’était passé ? Elle qui croyait devenir folle, déchirée par ses rêves trop intenses pour n’être que des rêves...
Nous sommes dans la maison de John Mack, à nouveau dans la bibliothèque, lorsqu’elle accepte de revenir sur cette partie de sa vie. La clarté d’une lampe de lecture me permet de distinguer son visage. D’un geste lent, elle passe sa main à plat sous son œil rougi, puis sur sa joue, effaçant une larme du bout des doigts. Il n’est pas loin de deux heures du matin. La pièce est exiguë, mais chaleureuse, meublée de canapés, de fauteuils et d’une table basse. Karin est installée face à moi, les jambes repliées, tournant le dos à la rue, les épaules nues. L’émotion dans la pièce est à couper au couteau.
- J’avais l’impression de devenir folle, je savais que ce n’était pas le cas ! Quelque chose m’arrivait qui n’était pas censé être possible, et ça me rendait vraiment cinglée. La situation était tellement absurde ! Absurde et si difficile à vivre… Ça durait depuis des mois ; des mois atroces, puis il y a eu cette nuit-là...
Quelques rares voitures circulent encore dans Brattle Street malgré l’heure tardive. Silencieuse nuit d’automne. Le feuillage des arbres est immobile. Le vent s’est tu. Malgré l’obscurité, les façades des maisons environnantes se dessinent au-dehors, à demi voilées derrière les fenêtres. - Que s’est-il passé ?
- J’étais épuisée. Nous habitions en Floride à cette époque. Je me souviens d’être allée me coucher tôt ce soir-là, j’étais tellement fatiguée. Le haut de notre lit était fait de lattes de bois verticales. Derrière ma tête, il y avait un morceau de bois puis un espace, un morceau de bois, un espace...
De la main, Karin mime l’alternance entre les lattes de bois et les espaces vides, comparant l’écart avec celui séparant son pouce de son index. Ses gestes sont précis, mais une gêne manifeste se dégage de son corps à mesure que les détails lui reviennent en mémoire. Elle redresse le menton, et pose une nouvelle fois ses yeux sur moi. Je sens bien qu’elle n’éprouve aucun plaisir, aucune envie de revenir sur cet épisode. Elle aurait préféré me parler de musique, de ses projets, de n’importe quoi d’autre. Pas de ça ! Pas de cette manière.
- Quelque chose m’a réveillée. Un truc me chatouillait le haut du crâne… J’ai d’abord pensé que c’était une des lattes de bois, que je devais être trop près de la tête de lit, alors je me suis enfoncée. Mais ça a continué : quelque chose me touchait ! Pourtant mon lit était placé de telle manière qu’il n’y avait pas de place derrière ! Rien ne pouvait passer derrière mon lit, il n’y a pas assez d’espace pour en faire le tour...
Le visage de Karin se crispe, des larmes reviennent, elle se tord les mains. - J’ai commencé à avoir très peur… Je voulais sauter du lit, je voulais hurler, réveiller mon ami, mais j’étais incapable de bouger, comme si une chape de plomb m’écrasait… comme… crrrr !
D’un geste sec, Karin abat ses deux mains sur sa poitrine, figurant le poids invisible qui l’écrase. - Une couverture de ténèbres m’enveloppe et je perds connaissance une fraction de seconde, puis, presque instantanément, je suis à nouveau consciente. Je ne sais pas, peut-être que ça a duré deux minutes. Je ne sais pas. Je sens alors un courant électrique parcourir mon corps, c’est si intense que je ne peux plus faire un geste. Mes bras sont droits le long de mon corps, je ne peux pas même ouvrir ma bouche...
Karin hoquette, ses pleurs redoublent, elle se recroqueville.
- Je ne peux plus rien faire, je suis terrifiée...
- Par quelque chose de particulier ?
- Ne pas être capable de bouger ! Je suis terrifiée de ne pas pouvoir faire un geste… je suis paralysée et je ne comprends rien à ce qui est en train de se passer… je suis paralysée ! Je ne comprends rien… et cette électricité dans mon corps...
J’ai l’impression de voir littéralement Karin se vider de toute son énergie à mesure qu’elle me raconte son expérience. L’intensité de l’émotion qu’elle revît me stupéfie. Elle se mouche, ses yeux sont rouges et gonflés. Par moments, sa voix est une plainte ; je sens l’impuissance, la terreur qui est en train de la submerger à nouveau. (...)
Écrivain et réalisateur, Stéphane Allix est devenu journaliste en rejoignant clandestinement, à 19 ans, en 1988, les résistants afghans en lutte contre l’occupant soviétique. Durant les années 90, il a voyagé à travers le monde, couvert plusieurs guerres, réalisé des films, et écrit plusieurs livres.
Depuis 2003, il est engagé dans l’étude et la recherche sur les conséquences de la révolution scientifique en cours, avec une approche comparée de disciplines telles que la psychia ...
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