Le 28 juin 2023, une équipe canadienne a remonté à la surface les restes du Titan, ce petit sous-marin qui avait disparu lors d’une expédition destinée à observer l’épave du Titanic. Triste écho que ce double naufrage, emportant cette fois cinq passagers, sans offrir aujourd’hui la moindre certitude sur les conditions de l’implosion présumée du petit engin.

Le 11 avril 1912, le paquebot Titanic, le plus grand bateau jamais construit, vanté comme insubmersible, quitte Queenstown (Irlande) pour New York, avec à son bord 1 324 passagers et 889 membres d’équipage – soit presque autant. Alors qu’il reçoit dès le 12 avril de nombreux messages le prévenant d'intempéries et de la présence d'icebergs dérivants, le commandant britannique Edward Smith est occupé à maîtriser un incendie dans la salle des machines, qui court depuis le départ et qui sans doute affaiblira les cloisons. Le 14 avril à 23 h 40, deux veilleurs signalent un iceberg qui apparaît dans le brouillard, et malgré de vifs efforts pour virer à bâbord, le Titanic heurte le géant de glace et se déchire sur le flanc tribord, ouvrant une voie d’eau dans sa coque. Dans la panique et à travers une organisation désastreuse des canots de sauvetage en nombre insuffisant, les passagers sont évacués. Seuls environ 700 naufragés s’en sortiront ; 76 % de l’équipage périra ainsi que 75 % des troisièmes classes, et 50 % des enfants enregistrés à bord. Les causes de ce drame sont multifactorielles et ont fait l’objet de nombreuses analyses.

Mais ce qui est troublant aujourd’hui, en dehors de la répétition avec le Titan, ce sont les nombreuses fictions qui avaient « prédit » une catastrophe similaire, ce qui a fait dire à de nombreux observateurs que le Titanic subissait une forme de malédiction. En 1898 tout d’abord, l’auteur Morgan Robertson avait écrit l’histoire d’un paquebot nommé Titan qui coulait dans l’Atlantique Nord après avoir heurté un iceberg, et qui ne comptait pas assez de canots pour sauver tous les passagers. Encore plus étonnant, l’Anglais Sir William Thomas Stead avait écrit un article dans la Review of Reviews en 1896 pour critiquer la folie des grandeurs des compagnies maritimes, et avait envisagé un accident impliquant un paquebot similaire au Titanic, avec un commandant nommé Smith, qui sombrait également et manquait de canots. Ce journaliste a trouvé la mort dans le naufrage du Titanic. Enfin, l’épouse de Stockton Rush, qui pilotait le petit sous-marin Titan, est une arrière-petite-fille de rescapés du Titanic.

L’épave du géant avait été repérée en 1985 par une équipe franco-américaine, à environ 3 800 mètres de profondeur, à 650 kilomètres de Terre-Neuve (Canada), et faisait depuis l’objet d’une grande curiosité. Peut-être l’envie de la « laisser tranquille » prendra-t-elle maintenant le pas, teintée d’une légère superstition.