En plein fracas planétaire, la violence suinte par tous les pores de la
société et ronge notre monde. D’où vient-elle ? Est-elle « naturelle » ?
Mieux la comprendre n’est pas l’accepter, mais tenter de transmuter
son énergie brute en puissance.
Art de vivre
Getty/Hans Neleman
Guerres explosives, émeutes urbaines, répressions policières, brutalités conjugales, agressions sexuelles et raciales, harcèlement scolaire, paroles assassines, outrages au vivant et autres catastrophes naturelles. La violence en rafale. La violence comme une fractale, fleur vénéneuse qui hérisse le cœur des êtres et se reflète dans la psyché familiale et le miroir de la société, sur l’écran du monde et la toile de la nature… ou serait-ce le contraire ? Autopsie de la violence pour voir ce qu’elle a dans les tripes.
Une histoire sauvage
Remontons à l’origine. Aux origines. L’univers de la violence versus la violence de l’Univers. D’accidents cosmiques en explosions stellaires, notre humanité peut-elle vraiment échapper à la violence dans ce berceau chaotique de l’Univers ? La question agite les méninges des scientifiques et philosophes. Toujours est-il que la violence est « permanente et omniprésente, elle échappe à la régulation de la civilisation, quelle que soit sa culture », décrypte âprement Karim Mekiri, docteur en psychologie clinique et psychopathologie de l’université de Rouen. Le mot
« violence » est dérivé du latin
violentia, lui-même issu de vis,
« force » : « traiter avec brutalité »,
« transgresser ». La violence n’est pas le simple conflit, elle désigne la force exercée pour soumettre quelqu’un contre sa volonté. C’est une atteinte portée à la personne humaine ou à un groupe d’individus de manière physique ou psychique, source de souffrances traumatisantes. À notre époque de profonde crise écologique, la violence est aussi incarnée par les dommages portés à la nature et au vivant. Aux yeux de la psychanalyse, la violence est constitutive du psychisme humain. Si les gouvernants cherchent à la légitimer pour « maintenir l’ordre », elle est aussi revendiquée par ceux qui estiment que les dirigeants de tous
bords abusent de leur pouvoir. D’où une spirale infernale, où la violence se répond et se répand en écho. « L’histoire universelle, c’est l’interminable récit, sans esprit ni ressort dramatique, de la violence faite au plus faible par le plus fort », alertait le romancier Hermann Hesse. Mais n’est-elle pas aussi un signe de faiblesse, un aveu d’impuissance ?
Dans ce cercle vicieux, de la violence ordinaire à la barbarie, le monstre se nourrit des rancœurs, humiliations et ambitions ratées des ego blessés, mais aussi des colères mal digérées, recrachant toujours plus d’agressivité, de brutalité. « Ce qu’il y a de terrible, sur cette terre, c’est que tout le monde a ses raisons », épinglait Jean Renoir dans son film La Règle du jeu. Ce climat explosif est exacerbé par l’insécurité propre à notre époque de transition, où l’« autre », quel qu’il soit, devient un ennemi potentiel – on le perçoit dans la montée décomplexée des extrémismes, mais aussi dans la violence ordinaire du langage chez nos ados. Et l’effet loupe des réseaux sociaux va jusqu’à pousser certains au suicide.
« L’ignorance mène à la peur, la peur mène à la haine et la haine conduit à la violence. Voilà l’équation », philosophait déjà Averroès au XIIe siècle. La violence n’est décidément pas née de la dernière barbarie !
L’enfance de la violence
Naît-on violent ou le devient-on ? Les avis divergent. Ainsi, pour l’anthropologue Françoise Héritier, en écho à Rousseau, « la violence n’est pas innée chez l’homme. Elle s’acquiert par l’éducation et la pratique sociale. » Alors que le philosophe Thomas Hobbes pense que, par nature, « l’homme est un loup pour l’homme ». Se pencher sur la naissance de la violence renvoie à la violence de la naissance : « L’une des souffrances les plus importantes pour
l’être humain est que nous naissons au monde avec le traumatisme de la naissance, de la violence de l’irruption dans un milieu étranger du cocon du ventre de notre mère », souligne la psychologue et philosophe Ariane Bilheran, dans Vaincre ses monstres intérieurs. L’individu tentera toute sa vie de retrouver cette harmonie primordiale, en se mettant éperdument en quête de liens d’attachement sécurisés. À la clé, de nombreuses frustrations et déceptions, qui alimenteront sa part sombre. Freud, bouleversé par les horreurs de la guerre 14-18, analyse, dès 1920, dans son livre Malaise dans la civilisation, que ce qui conduit les êtres humains à se détruire et s’autodétruire est « un combat entre la pulsion de vie et celle de mort ». La Seconde Guerre mondiale ne le démentira pas. Pour la
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Après avoir aiguisé son art journalistique en qualité de rédactrice en chef de divers magazines belges, Carine Anselme décide un jour de ne plus tremper sa plume que dans ce qui la touche au plus profond de son être et qu’elle rassemble sous le vocable « écologie humaine ».
De « Psychologies magazine » (édition belge) à « Bioinfo », en passant par « Gael », « Nest » ou encore « Terre Sauvage », elle est devenue une journaliste incontournable sur tous les sujets qui touchent aux médecines altern ...
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Inexploré n°60
Nos illusions
Il est temps de sortir de la Matrice… D’ailleurs, y en a-t-il vraiment une ? Et si le monde qui nous entoure n’était que la projection de notre esprit ? Illusions biologiques, temporelles, intellectuelles : notre cerveau nous joue des tours ! Les spiritualités d’Orient et d’Occident l’enseignent depuis des millénaires, les sciences cognitives, la physique quantique et la psychologie apportent de nouvelles perspectives pour comprendre le réel et vivre mieux. Pour le soixantième numéro d’Inexploré, la rédaction dresse un état des lieux ambitieux de notre réalité, pour changer notre rapport à l’autre et au temps, mais aussi pour faire face à la dualité qui nous questionne tant. Bonne lecture !
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