Depuis plusieurs années, la psychanalyse, qui jusque là, était au centre des pratiques psychothérapeutiques, est de plus en plus délaissée au profit de la psychothérapie. Boris Cyrulnik, Christophe André et Olivier Chambon, tous les trois psychiatres, ont choisi cette voie. Quelles thérapies proposent-ils ? Sur quoi agissent-elles ? Leurs réponses sont réunies dans le coffret DVD Etre Psy – Volume 2.
Art de vivre
Editions Montparnasse
La psychothérapie traite la souffrance physique et psychique d’une personne par différentes méthodes. Pour Boris Cyrulnik, Christophe André et Olivier Chambon, tous les trois psychiatres et psychothérapeutes, c’est aussi une exploration pour le patient comme pour le thérapeute des différentes dimensions de l’être humain.
« Les médicaments sont la bouée de sauvetage qui permet aux patients de ne pas se noyer et la psychothérapie, les leçons de natation permettant de nager, » confie Christophe André. « J'ai le sentiment qu’il me serait difficile d’être psychiatre sans être psychothérapeute… Je serais frustré de ne pas aborder la dimension de l’aide psychologique, » poursuit-il.
Alors qu’il s’orientait vers la psychanalyse, il découvre les thérapies comportementales : « C’était une approche où il y avait un rapport de collaboration, d’alliance très forte avec le patient, là où la psychanalyse me paraissait être une relation un peu hiérarchique ». Séduit par « cette notion qu’il ne s’agit pas de conceptualiser et de savoir pourquoi on est comme ça, mais qu’il n’y a que l’épreuve de la réalité qui peut nous mobiliser », et par souci, en tant que médecin « de proposer une méthode qui a fait ses preuves », il décide de se former à cette approche. Un choix, qui à l’époque du lacanisme triomphant lui vaut quelques critiques. Pourtant, il en est sûr, c’est sa voie.
Depuis trente ans, la pratique de Christophe André a suivi l’évolution de cette approche. Les thérapies comportementales, particulièrement adaptée aux personnes phobiques, consistent à modifier le comportement par des mises en situation destinées à apprendre aux patients à gérer leur stress et leurs émotions, à les accepter et à éviter de les fuir. La thérapie comportementale cognitive s’intéresse davantage aux pensées. Par différentes méthodes d’introspection, il s’agit de faire prendre conscience au patient de son discours intérieur, de ses croyances, de sa façon de distordre la réalité, qu’il soit phobique, dépressif ou anxieux. Enfin les thérapies comportementales cognitives et émotionnelles ont intégré cette dimension de l’être. Christophe André s’intéresse ensuite à la notion de prévention des rechutes chez les patients anxieux et dépressifs et propose depuis quelques années déjà, des groupes de méditation en pleine conscience. Il apprend à ses patients à méditer, à se centrer sur l’instant présent, à revenir à leur souffle, à leur corps et à l’écoute des sons dès que leur esprit vagabonde à des pensées angoissantes « Peu à peu, les patients s’aperçoivent que cela devient un outil qui leur permet de moins se noyer dans leur détresse. Parce que le noyau dur de nos souffrances, finalement, ce n’est pas seulement d’avoir des émotions douloureuses ou des pensées inquiétantes, c’est de s’y accrocher et de les laisser durer. C’est étonnant de voir comment cet outil extrêmement simple peut avoir des résultats puissants ».
Boris Cyrulnik, neurologue, chercheur, psychothérapeute explique avoir été gêné par le dogme psychanalytique de son époque « On nous disait qu’il ne fallait pas parler pour ne pas interrompre les fantasmes de l’analysant ». Il constate que les jeunes se soumettent moins au dogme du silence en psychanalyse. Il s’intéresse à l’éthologie, l’étude des comportements humains, puis découvre les théories de l’attachement, basées sur l’affection que développe l’enfant envers les personnes significatives dans sa vie. La façon dont ces personnes répondent à ses besoins de sécurité et de protection est déterminante dans l’établissement de ses relations sociales pour le reste de sa vie. Boris Cyrulnik confie que ces théories l’ont aidé à mieux comprendre ses patients. Il regrette même ne pas les avoir découvertes dès le début de sa carrière « cela n’existait pas quand j’ai fini mes études. Il a fallu les découvrir et combattre idéologiquement pour les imposer ». D’après lui, ce sont aujourd’hui les théories les plus citées au monde et dans toutes les disciplines car elles « n’excluent personne, sont intégratives et adaptées à la pratique ».
Les états modifiés de conscience pour soulager la souffrance
Après avoir suivi un stage de deux jours de Gestalt thérapie, permettant de développer une vision globale de soi-même et une meilleure compréhension de son fonctionnement, Olivier Chambon, psychiatre et psychothérapeute, s’aperçoit qu’il a plus progressé en 48 heures qu’en trois ans de psychanalyse. « Cela m’a vraiment questionné à l’époque, » confie-t-il. Il se forme aux thérapies comportementales et cognitives, aux thérapies familiales et systémiques, à la Gestalt thérapie et à l’EMDR (Désensibilisation et reprogrammation par le mouvement des yeux) utilisée pour le traitement de traumatismes psychiques. Le patient se concentre sur l’image du pire moment de son traumatisme, et suit de ses yeux les doigts du thérapeute sans bouger la tête. Il réalise ainsi des mouvements oculaires rapides permettant « un retraitement inconscient des données par le cerveau. Les patients ont des émotions beaucoup moins fortes, et adoptent spontanément un point de vue nouveau sur leur traumatisme, beaucoup plus positif… C’est la technique actuellement la plus efficace, et souvent, quand il s’agit d’un traumatisme focalisé, les patients changent devant vos yeux, en une seule séance, » explique-t-il. Il constate que l’EMDR met les patients en état modifié de conscience, un état où « le psychisme a alors beaucoup plus de degrés de liberté, de fluidité. Il est capable d’embrasser de nouveaux points de vue ou d’utiliser des ressources intérieures encore inconnues jusqu’alors ». Fasciné par ces états modifiés de conscience, il se forme ensuite à l’hypnose, à la méthode TIPI (Technique d’identification des peurs inconscientes) et au chamanisme. Les thérapies comme « l’hypnose, l’EMDR, la méthode TIPI ou d’autres, sont capables d’amener à des changements profonds et rapidement. Les études d’efficacité thérapeutique le montrent, l’expérience le montre, » précise t-il. Enfin, Olivier Chambon explique que « Les thérapies classiques s’intéressent à la personnalité. Les thérapies comme le chamanisme, ou les thérapies spirituelles, s’adressent à l’esprit, à l’âme et permettent aux patients d’accéder à une source de sagesse et d’amour vis-vis d’eux-mêmes et vis-à-vis de leur vie bien supérieure à ce que l’on peut obtenir avec les thérapies classiques. Les deux sont importants. On est dans un mouvement d’intégration très large ».
Comme nous pouvons le constater, de nombreuses approches de psychothérapie se sont développées ces dernières années, représentant une chance pour les patients. « Ce qui marche dans un contexte, ne marche pas dans un autre contexte. Ce qui marche avec une personne ne marche pas avec une autre personne, » précise Boris Cyrulnik. Ce que confirme Christophe André : « On s’aperçoit que la souffrance psychologique est complexe, tenace, récidivante et nécessite souvent de multiples approches ». La question du choix du thérapeute est également importante, puisque « certaines études affirment que la personnalité du thérapeute et la congruence avec le patient représente peut-être l’élément qui pèse le plus lourd dans l’efficacité ou non d’une thérapie. Je crois que les bons thérapeutes sont ceux qui s’épanouissent dans l’outil qu’ils maîtrisent et qu’ils offrent à leurs patients, » confie t-il.
Retrouvez l'intégralité des témoignages de Boris Cyrulnik, Christophe André et Olivier Chambon, et de treize autres personnalités du monde de la psychothérapie dans le coffret « Etre Psy – Volume 2 » sorti le 6 novembre.
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