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À
l’origine
de
la
Tradition
Primordiale

Au-delà de la diversité des chemins, il y aurait celui de la vérité à chercher au cours de notre existence. Elle pourrait se trouver au-delà du tumulte épuisant de la modernité. C’est l’expérience de la Totalité de l’être en l’Être, du temporel dans l’Intemporel, de la diversité dans l’Unité, c’est la « Tradition Primordiale » de René Guénon.
À l’origine de la Tradition Primordiale
Inspirations
Guénon ne laisse personne indifférent, par son extraordinaire érudition, sa profonde connaissance des voies traditionnelles d’Orient et d’Occident, mais surtout par sa quête inlassable de recherche de notre centre, alors que beaucoup se perdent dans les périphéries des manifestations spirituelles. Toute son œuvre explique le sens de la Tradition Primordiale, véritable grille de lecture de la marche du monde, de notre vie, de notre état dans tous ses états. Guénon n’enseigne pas, il nous éveille. Il n’affirme pas, il s’efface. Il nous apprend à ne voir que l’unité et le sacré pour ne pas nous perdre dans le jeu de la multiplicité des formes.

Qu’est-ce que la Tradition, pourquoi Primordiale, et que nous révèle-t-elle ? Répondre à ces questions permet de comprendre la profonde unité de son œuvre, car Guénon, au fond, nous dit toujours la même chose au travers de sa quinzaine d’ouvrages et de ses centaines d’articles qui traitent de la métaphysique, du symbolisme, de l’initiation, mais aussi du monde moderne. David Bisson, auteur de René Guénon, une politique de l’esprit (éd. Pierre-Guillaume de Roux), nous éclaire : « La tradition à laquelle se réfère Guénon se présente comme LA tradition par excellence, celle qui à la fois englobe et dépasse toutes les autres. Elle se confond avec la vérité métaphysique qui irriguerait le cœur de toutes les traditions religieuses de l’humanité. Quant à l’expression “Tradition Primordiale”, elle renvoie à ce moment originel, situé en deçà de l’histoire, qui assimile l’homme et Dieu dans une unité insécable. En partant de cette définition, Guénon se révèle doublement missionné : il est à la fois celui qui témoigne de cette vérité primordiale, et celui qui en retrouve les empreintes dans les différents textes sacrés. » Non seulement Guénon nous accompagne dans cette recherche, mais surtout, il vit cette vérité qui existe de toute éternité.


S’identifier à notre être éternel


La Tradition est universelle et elle s’exprime par l’universalité des symboles, comme la croix par exemple. Dans le symbolisme de la croix, Guénon explique : « Il faut comprendre au-delà de la multiplicité, envisager toute chose dans l’unité et non distinctement. » C’est pour cela qu’elle est la « vérité ». Pour Guénon, l’homme n’est qu’un avec cette Tradition qui lui fait vivre, si elle est bien comprise et non pas dénaturée, son essence, sa nature spirituelle, celle qui le conduit à vivre la plénitude du Divin. Il n’y a pas là l’idée d’un Dieu personnel. Tout cela n’a rien à voir avec les croyances et la morale. Il faut, comme le disent les sages d’Orient et d’Occident, se fondre dans la réalité du soi, faire l’expérience de la totalité, ne pas tomber dans le piège de la dualité qui, en fragmentant, divise et nous éloigne du centre, de notre centre, de l’unité. C’est d’ailleurs ce que nous disent aussi, en substance, mais d’une autre manière, Maître Eckhart pour l’Occident ou Râmakrishna pour l’Orient : se fondre pour se confondre dans le Divin.

Mais Guénon va plus loin que l’expression des ressentis et des expériences. Il nous donne les clefs de compréhension de l’histoire du monde et de ses illusions. Pour lui, l’idée inscrite dans le marbre d’une société dirigée par un progrès général est une illusion : « Les civilisations nouvelles ne recueillent pas toujours l’héritage des anciennes », écrit-il. Il existe bel et bien des ruptures, des régressions, un retour vers des situations que nous pensions avoir dépassées. Le XXe siècle et le XXIe siècle naissant en témoignent avec leur lot de guerres. Il ne s’agit pas de regretter, comme on l’entend trop souvent, « qu’avant c’était mieux ». Ce que veut dire Guénon est bien différent et pourrait se formuler de la manière suivante : s’éloigner du sacré conduit au pire, à la confusion. C’est le cas quand la spiritualité se transforme en « bien-être », et que le New Age nous propose de faire notre chemin de croix en tapis roulant. Nous sommes devenus de pâles copies de nous-mêmes. Les métiers sont devenus des emplois, les constructions des habitations, les voyages des transports, etc. Nous sommes guidés presque exclusivement par la recherche de l’utilitaire, du profit et du plaisir.

Dans son article « Pourquoi je lis René Guénon », paru dans René Guénon, l’éveilleur, 1886-1951 (Connaissance des Religions), Fabrice Midal analyse l’apport de Guénon : « Il ouvre d’une manière unique et avec une rare profondeur la possibilité d’entendre ainsi l’autre en son engagement authentique le plus haut. À notre époque d’uniformisation généralisée, de “mondialisation” qu’il faut comprendre comme négation de toute différence, l’importance de s’ouvrir à l’autre comme véritablement autre, dans son altérité est aussi décisive qu’extrêmement difficile. » Il faut se rappeler que Guénon n’écrit pas pour tout le monde, mais uniquement, nous dit-il, « pour ceux qui ont des yeux pour voir et des oreilles pour entendre et non à ceux que certains préjugés et croyances paraissent aveugler irrémédiablement » (Articles et comptes rendus, Éditions traditionnelles, 2000). Guénon n’hésite pas à fustiger Descartes qui, par la dissociation qu’il fait de l’âme et du corps nous a conduits à réduire le monde à un simple mécanisme. La Tradition Primordiale s’avère tout le contraire : un dépouillement que l’on découvre et vit au travers des traditions séculaires d’Orient et d’Occident et qui ne se veut que la véritable expression d’une vérité unique. Mais gare à l’apparence religieuse, qui n’est qu’un leurre. Comme l’écrit Slimane Rezki dans René Guénon : l’œuvre, le sens de la primordialité, Guénon se fait « pourfendeur de formes de religiosité amputées de leur cœur, à ne pas confondre avec la Tradition ». Et d’ajouter : « Nous n’avons rien du caractère des fondateurs de nouvelles religions car nous pensons qu’il en existe déjà beaucoup trop… Nous sommes les adversaires irréductibles de toute hérésie et de tout modernisme. »

Qui était René Guénon ?
Né à Blois en 1886, René Guénon est très tôt initié à la philosophie et à la réflexion sur la religion. Évoluant au sein d’une famille catholique, il va rapidement s’intéresser à d’autres courants spirituels, tout d’abord chez les occultistes auprès de Papus au début du XXe siècle, puis aux côtés de ceux que l’on appelait « les orientalistes ». Ainsi, Guénon se passionne pour le Védanta et, dès les années 1910, commence à rédiger des essais et des articles qui vont forger son regard spirituel pour le reste de sa vie. Membre de l’église gnostique, puis fortement inspiré par l’hindouisme, il garda secret le nom de son maître, témoignant n’avoir reçu que des transmissions orales directes. C’est le soufisme qui, malgré tout, sembla finalement avoir sa préférence, même si son parcours est pour le moins syncrétique. René Guénon étudie l’œuvre d’Ibn Arabi dans le texte. Polyglotte, il est connu pour discourir dans plusieurs langues auprès de ceux qui souhaitent échanger sur leurs spiritualités. Il s’installe au Caire, reçoit encore des initiations et se convertit à l’Islam, rencontre le Sheikh Mohammad Ibrahim et épouse sa fille dont il aura quatre enfants.

Naturalisé Égyptien en 1949, il meurt assez mystérieusement chez lui en 1951. L’écrivain Pierre Naville fait partie de ceux qui ont décrit René Guénon comme un être diaphane au « ton si paisible, proche et lointain tout ensemble, de cet homme qui vivait dans cet ailleurs ». Connu pour être particulièrement patient et bienveillant, d’humeur égale, on le disait « désindividualisé » ou « détaché de ses émotions », même si, à la fin de sa vie, il semblait à la fois absent et étrangement absorbé par des contingences superficielles.


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En France, deux amies passent la nuit dans un lieu hanté par des enfants et une personne foudroyée développe des capacités extra-sensorielles. En Allemagne, le cas de possession d'Anneliese Michel sème le trouble depuis près de 50 ans. Outre-Atlantique, des channels canalisent les messages d'un panthéon éclectique d'esprits. En Inde, des mystiques indiens présentent des capacités supra-humaines. Comment expliquer ces phénomènes extraordinaires ? Les enseignements perçus des champs subtils peuvent-ils nous aider à négocier une transition collective, vers une société plus responsable et remplie de compassion ? Bien d'autres surprises sont à découvrir dans ce numéro, comme le grand entretien consacré aux souvenirs d'avant notre incarnation...

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