Avec son regard lumineux et profond, Jean-Philippe Galdi nous saisit de bienveillance et de douceur. Sa vie entière a été vouée à la réalisation de la nature réelle de l’esprit. Il fait partie des anciens qui furent initiés au Reiki. Il enseigne aujourd’hui la « méditation » et la science du Gayatri-mantra.
Savoirs ancestraux
Olivier Seignette
Il existe quantité d’êtres aux parcours extraordinaires, mais chaque rencontre a quelque chose d’unique... Né en 1949, inspiré par son grand-père, un pionnier renommé de l’homéopathie, de la radiesthésie et de la géobiologie, qui le sensibilisa aux lois subtiles de la nature, Jean-Philippe Galdi a environ 17 ans lorsqu’il assiste, pour la première fois, aux rencontres que donnait Krishnamurti à Paris. Dans les années qui suivent, lors d’un entretien individuel, ce dernier l’invite à se rendre en Inde afin de faire sa propre expérience. Ce fut le début de la rencontre avec de nombreux Maîtres, tous inspirants, comme Swāmī Brahmānanda et Swamiji, un ami très proche de Yogananda. Swamiji lui transmet en sanskrit ancien le Gayatra-mantra en lui révélant son sens interne… et il lui demande d’enseigner. Puis Jean-Philippe Galdi séjourne dans un ashram et découvre le Reiki et l’héritage de Maître Usui. Initié par les élèves directs de Takata (troisième maître en Reiki après le fondateur Usui), il est parmi les premiers maîtres en Reiki en France. Il ouvre un centre, pose les mains sur des milliers de personnes, transmet, initie. Aujourd’hui une poignée de chercheurs suivent ses enseignements dans le sud de la France… Quelles richesses intérieures a-t-il gardées de toutes ses aventures ? Inexploré est parti en Provence, à la rencontre de ce transmetteur authentique et discret, entre douceur et détermination.
Comment avez-vous rencontré Krishnamurti ?
Je faisais mes études secondaires à Paris. Lors de ma première venue à la Société théosophique, une personne âgée qui avait connu Krishnamurti me proposa spontanément un de ses ouvrages, en me disant : « Tenez, cela sera peut-être plus facile pour vous ». Cette lecture a été une véritable découverte, une remise en question de tous les conditionnements. J’apprenais alors que Krishnamurti allait venir à Paris. Les jeunes étaient prioritaires et il demandait qu’ils s’assoient près de lui. Alors je me suis retrouvé là, près de lui. Peu après, sur sa demande, j’ai été invité à le rencontrer en Suisse, où il séjournait. C’étaient des circonstances extraordinaires. Ensuite, il me dit : « Allez voir par vous-même, découvrir la richesse spirituelle de l’Inde. » Cela a été le début de l’aventure intérieure.
Au début, lorsque vous commencez cette aventure spirituelle, que se passe-t-il en vous ?
Le silence, la clarté… Un sentiment que la conscience était en tout… Après avoir écouté simplement Krishnamurti, il n’y avait plus de séparation. J’avais environ 17 ans et cette réponse intérieure me vint avec force : « Il n’y a que cela, c’est le but de la vie… » Ensuite, Krishnamurti a demandé à me voir et c’est là que j’ai pu le rencontrer, l’approcher. Il m’a libéré ainsi de Krishnamurti. Il est très important de comprendre que sur un Sage, on peut projeter son père, sa mère, une attente d’être reconnu, d’être aimé, d’être guidé. Il me renvoyait ainsi à moi-même, « à cette conscience libre qui n’est jamais née, qui n’a ni père ni mère ».
Quelles ont été, pour vous, les étapes de cette libération ?
J’étais très attiré par la connaissance, la compréhension directe du mental, sans vraiment pratiquer la « méditation ». Un jour, en Suisse, je posais une question à Krishnamurti. Il est resté en silence puis s’est levé sur la terrasse, alors que la brume enveloppait les collines et les arbres, dans cette conscience de la verticalité que je découvrais en sa présence. Il me dit : « Regardez la nature, là sont tous les mantras, tous les plus beaux chants ». Il n’y avait plus de temps ni d’espace ! Un être accompli vous dira : « Attention, la nature a aussi un côté instable, ne vous attachez pas aux apparences, elle n’est pas la réalité ». Puis, d’autres maîtres en Inde m’ont enseigné l’Advaïta Vedanta (ndlr : la philosophie indienne de la Non-dualité). Chez des maîtres bouddhistes, j’ai aussi retrouvé cette unité, cette non-dualité. Il vient un moment où les mots sont à leur place et, naturellement, le mental s’apaise, la saisie de la connaissance est abandonnée… Elle a pris tellement d’importance à notre époque.
Comment passer du raisonnement intellectuel à la véritable connaissance ?
Le silence est la source de la connaissance… Comme dans l’état de sommeil profond, vous oubliez que vous êtes ce corps... Vous entrez dans l’« état » d’oubli, à la découverte du corps causal. C’est un état de paix et de vacuité où il n’y a plus de frontière. Vous devenez conscient à l’état de veille de cet état qui est « l’espace », le corps causal, dans lequel il ne peut pas y avoir de « moi ». Lorsque vous dormez, vous ne dites pas « je dors ou je rêve », ce n’est pas possible ! Eh bien dans ce silence, l’instant est magnifique car il n’y a plus cette saisie habituelle : « je pense, je parle, je sais » où il y a d’une part « moi » et, de « l’autre », l’extérieur. Dans l’abandon de la saisie de la connaissance, le « je suis » se trouve libéré. Un peu comme un ballon rempli d’hélium. Une fois qu’on lui enlève ses poids et ses attaches, il s’élève dans le ciel et se confond avec la lumière et l’immensité pour se dissoudre naturellement.
Mais pour appréhender cet état, il faut l’expérimenter...
Certainement, et rencontrer un être qui en a eu l’expérience, et qui, par la complète compréhension, est allé au-delà de toute expérience. Parce que même ce que je viens de vous décrire, c’est une expérience. Dans la réalité, il n’y a pas d’expérience, pas de connaissance et pas d’ignorance. L’obscurité et la lumière, le vide, l’espace et l’intelligence ne font qu’un. La compréhension de notre véritable nature ne peut se révéler que dans la vie de tous les jours… Et à notre époque, la prise de conscience qu’il n’y a pas de séparation avec notre environnement est très importante. Alors on découvre que la conscience est en tout. On ne peut accéder à cette compréhension qu’en acceptant totalement l’instant présent, ce qui advient.
Il faut pouvoir se libérer de nos désirs et de nos peurs... D’où sortent-elles, ces « mémoires » dont il faut se libérer pour accéder à la Lumière ?
Le désir en lui-même n’est pas un problème, on peut avoir besoin de boire par exemple… mais l’attachement et la peur sont indissociables, et deviennent sources de souffrance. Désir-attachement et peur sont les deux faces d’une même pièce de monnaie. Une peur est un désir-attachement et un désir-attachement est une peur. À chaque fois qu’il y a un refus, un jugement, une comparaison ou une attente, la pensée laisse une empreinte, une part d’inconscient, une mémoire qui s’enregistre dans le cerveau. Et mécaniquement, il y aura des émotions perturbatrices, un retour. L’immense, ce que vous êtes, est au-delà du cerveau. Le sens du moi a des racines profondes dans l’inconscient ; les émotions perturbatrices sont mécaniques. Au contact de l’intelligence de notre véritable nature, cette graine « je suis » va donner toutes sortes de pensées dont les racines sont nos peurs.
Vous avez rencontré Swāmī Brahmānanda, qui s’est révélé être votre Maître ?
La première fois que je l’ai rencontré, il était en train de manger. Il a simplement enlevé ses lunettes et m’a dit : « Quand est-ce que vous revenez ? » J’étais complètement ébloui par une lumière bleue, comme si j’avais vu une étoile. Je suis reparti dans un silence et une paix, je n’attendais plus rien. Quand je suis venu le revoir, il m’a permis de régler plusieurs choses, par rapport au christianisme, à mon éducation religieuse et aux paroles de Jésus, en m’expliquant que certains sages ont mis fin à la dualité et à la séparation entre les religions. Puis il m’a chanté le Gāyatrī, ce mantra très ancien qui remonte à la nuit des temps et qui veut dire « rythme ». Dans la compréhension dépourvue de saisie, ce mantra se révèle être cette lumière qui en ce moment même, vous permet d’être conscient de la position du soleil, de la saison, en unité avec les rythmes de la respiration et des battements du coeur… Et ensuite, il m’a dit d’enseigner. Ce moment a été très important, car c’était ce chemin, ce dharma que je devais suivre.
Quand on évoque certains Sages, on pense parfois à certains phénomènes extraordinaires... Peuvent-ils avoir un pouvoir éclairant, ou renforcent-ils notre ego ?
L’expérience, quelle qu’elle soit, ne garantit rien. Il y a des êtres qui ont trouvé leur Véritable Nature sans passer par des visions ou des expériences extraordinaires. Je peux vous dire que j’ai vu, très jeune, des lumières dans la nature, celles des dévas, [NDLR : formes de conscience qui président aux lois de la nature et de l’univers]. Mais il faut arriver à éclairer ces perceptions afin de les comprendre. Une autre fois, une arrière-grand-mère décédée, que ma grand-mère ne connaissait pas car elle était orpheline, m’est apparue. Je l’ai décrite avec des choses précises de sa vie en donnant les majuscules de son nom. Cela peut être une étape importante de se dire : « Mon Dieu, la vie a un autre sens, il existe des esprits dans la nature et une vie après la mort… », mais certains aspirants n’ont pas besoin de passer par ces expériences. Plus l’expérience est forte, plus il est difficile de s’en libérer. Finalement, on a la réponse quand on a atteint le but... Quand on est établi dans la conscience, on peut penser : « oui, cette expérience a eu son rôle ! »
Pourtant, on peut naïvement penser que si les gens voyaient qu’il existe des esprits de la nature ou une vie après la mort, cela changerait beaucoup de choses...
Tout à fait ! Auprès de Krishnamurti, on m’a demandé de ne pas évoquer ce sujet... En parlant avec lui, il m’a soudainement confié, à propos des êtres de la nature : « Tout cela, monsieur, je le vois mais je ne le dis pas ! » Il était particulier et pouvait répondre à vos questions sans que vous les lui posiez. Une autre fois, j’ai évoqué ce sujet avec Swamiji, en lui confiant que, dans mon enfance, j’ai vu des lumières sous des hortensias. Il m’a répondu : « Oui, les petits hommes, les fées… Mais vous savez, pour le mental, ce n’est pas forcément très bon ! En général, il vaut mieux ne pas en parler. » Il ne faut pas conclure que c’est une illusion, ou sinon, il faut dire aussi que cette table, devant nous, est une illusion !
Après un séjour en Inde, vous avez eu de gros problèmes de santé. Qu’est-ce que cela vous a apporté sur votre chemin spirituel ?
Beaucoup ! J’avais tout… Tout marchait... Alors, quand on a trente ans et que l’on traverse d’importantes épreuves physiques, que reste-t-il à faire ? Sinon qu’à se tourner vers l’essentiel… Un jour, Ranjit Maharaj vint à Paris. Lorsqu’il me vit avec ce gros souci de santé, il me dit : « Quel cadeau vous avez ! Remerciez... Vous allez être dégoûté du corps ! » Mais cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas se soigner ni aller voir un médecin. Évidemment, un problème de santé peut être une force, une aide, comme il peut être déstabilisant pour le mental ; tout dépend de votre niveau de compréhension.
Ce n’est pas simple d’accueillir la maladie comme une sorte de cadeau...
Il faut accepter que nous ne sommes pas le corps physique… De toute façon, la mort viendra un jour ou l’autre. La souffrance physique peut être une occasion de se tourner vers la Lumière. Là où il y a l’obscurité, il y a la douleur… Même dans une situation difficile ou un conflit, il y a toujours de la lumière. Et inversement : là où il y a la lumière, il faut se rappeler « Attention, il y a aussi une part d’obscurité ».
Journaliste et rédactrice en chef adjointe d'Inexploré magazine
Melanie Chereau est journaliste et auteur de plusieurs ouvrages. Ses thèmes de prédilection sont la spiritualité, la naturopathie et les médecines douces.
Elle pratique le bouddhisme depuis plus de 17 ans, est formée en Reiki et en aromathérapie. ...
Sébastien Lilli
Co-fondateur et rédacteur en chef d'Inexploré
La réalité est-elle vraiment ce que nous croyons, voyons, touchons, entendons ? Sébastien Lilli se pose cette question tous les jours, arpentant la vie comme un explorateur de la conscience, avec une soif d'harmonie.
Sa vocation s'est révélée pendant son adolescence. Confronté à des épreuves et des expériences extraordinaires, il a ressenti une profonde connexion avec les dimensions invisibles de l'existence. Face à un monde souvent plongé dans le non-sens, une urgence de spiritualité s’est fai ...
À
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dans
Inexploré n°38
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