Médecine millénaire énergétique et holistique, la médecine chinoise considère que l’homme fait partie de
la nature et en dépend.
Ses principes de tonification et d’harmonisation attirent de plus en plus d’Occidentaux qui souhaitent se maintenir en bonne santé.
À l’origine, la philosophie de l’ancien tao
cherchait à connaître les lois universelles
de la nature et de l’univers communes à
l’humanité. En se penchant sur les lois
de l’harmonie et de l’équilibre, il s’agissait
de mettre notamment en relation directe le
microcosme et le macrocosme. Ce qui signifie
que l’immense se retrouve dans le petit et que
le corps humain trouve des équivalents dans
les lois de l’univers. Comme toute philosophie,
le taoïsme s’est penché sur le sens de la vie et la
quête du bonheur. Pour cela, l’homme a besoin
d’avoir un corps sain et de vivre longtemps, afin
d’avoir le temps de réaliser son mandat céleste,
qu’il découvre souvent tardivement, après avoir
eu quelques expériences. Le principe de la médecine chinoise est l’équilibre et l’harmonie entre les éléments. Que cela soit le corps et l’esprit, l’homme
et la nature, le Ciel et la Terre… S’il y a un déséquilibre,
il y a une manifestation. Sur le plan humain,
c’est la maladie qui apparaît.
Les puissances fondamentales :
le yin et le yang
« Ni matière, ni esprit, ni énergie,
le yin et le yang expriment toutes les
oppositions qui assurent la formation
des cycles dans le temps et dans
l’espace » (1), explique Yves Réquéna,
l’un des plus grands experts de
médecine chinoise depuis trente ans.
L’homme est constitué de ces deux principes
que l’on retrouve aussi dans l’univers.
Ils sont opposés, complémentaires, indissociables et
interdépendants (si l’un décroît, l’autre croît proportionnellement).
« On peut déduire que tout ce qui possède les caractéristiques de froideur, de position
inférieure (ou vers le bas), d’intériorité, la pénombre,
l’asthénie, l’inhibition la lenteur se rapporte au yin.
Tout ce qui est en mouvement, chaud, dans une position
supérieure (se déplaçant vers le haut), en position
extérieure, lumineux, dynamique, rapide, appartient
au yang », précise Yves Réquéna. Lorsque des symptômes
apparaissent, on peut en déduire des pistes
de recherche de complémentarité à pourvoir. Par
exemple, de la chaleur en excès, de la sécheresse, de
l’amaigrissement, de l’insomnie… cela peut être un
signe de « vide de yin » et à l’inverse, une grande fatigue,
du froid, des oedèmes peuvent être signe de
« vide de yang ». La médecine chinoise cherchant
toujours à équilibrer les forces, le praticien devra
trouver les moyens de renforcer ce qui semble être
en vide ou de faire circuler ce qui stagne.
Les trois trésors : le qi, le jing et le shen
En médecine chinoise, la vie repose sur les trois
trésors (San Bao) : le shen qui est l’esprit, ou la
conscience organisatrice. « Il comprend les notions de
vigilance, cognition, concentration, compréhension,
d’émotions et de capacités spirituelles », détaille Yves
Réquéna. Le shen a besoin d’une trame matérielle,
l’essence vitale contenue dans la graine séminale.
Le corps
humain trouve
des pendants
dans les lois de
l’univers.
C’est le potentiel dont chacun hérite pour toute
sa vie : le jing. Enfin shen et jing ont besoin d’une
énergie de vie pour les animer, l’origine qui produit
toute chose par ses mouvements et ses transformations
: le qi. Plus le corps est équilibré et robuste,
plus il favorise un esprit clair et puissant ;
le jing nourrit et ancre le shen. Tout déséquilibre
de l’un se répercute sur l’autre. Le médecin chinois
en cherchera l’origine (dans la transmission parentale,
c’est la déficience de jing) ou dans l’acquis (air,
alimentation…), ou encore dans la transformation
(émotions, mauvaise circulation
du qi…).
Les éléments/mouvements
les substances, les organes
En observant la nature, on peut
rapporter à l’échelle humaine des
éléments symétriques.
Il y a cinq
éléments en médecine chinoise :
Le feu, le métal, la terre, l’eau et le bois
qui sont associés aux saisons, à un mouvement,
un point cardinal, à une substance et aux
organes du corps humain (voir schéma). Les cinq
substances dans les cinq éléments sont responsables
du fonctionnement et du maintien du corps
humain, ils s’équilibrent et se complètent. Il est intéressant
de voir ces connexions, elles nous aident
à comprendre l’origine d’un mal. Par exemple les
soucis qui sont associés à la rate, peuvent l’épuiser
s’ils sont trop importants, elle sera alors en « vide ».
Le coeur qui la fournit en énergie devra travailler
davantage, ce qui pourra créer un vide de yang et
les symptômes associés.
La maladie : perdre l’équilibre
et faire face aux « pervers »
Le corps doit maintenir en équilibre les cinq
substances de régulation du qi. C’est-à-dire
le qi lui-même, le sang, le yin et le yang,
le jing et les liquides organiques. Si
l’un d’entre eux se dérègle, le « pervers
», la maladie peut s’insinuer
dans l’organisme. Le principe
du pervers est le suivant : ce sont
des « plénitudes » c’est-à-dire des
agents pathogènes en trop qui nous
intoxiquent.
Ces pervers peuvent
être extérieurs au corps (virus, bactéries,
champignons…) et vont créer le
symptôme correspondant dans l’organisme
(les six climats pervers externes : vent, froid, chaleur,
canicule, sécheresse, humidité). Les pervers peuvent
aussi être internes et dus aux états émotionnels. Il
y a sept émotions qui sont associées à un organe.
Ainsi, lorsqu’on observe un organe malade, on est
informé sur l’état émotionnel d’origine.
L’hygiène de vie et l’environnement dans lequel
évolue l’individu sont une autre source de pervers
internes : le surmenage, un lieu de vie pollué ou
encore une mauvaise alimentation. Enfin, le jing
propre à chacun et qui est de naissance peut présenter
une déficience innée.
Les méthodes de diagnostic et traitements
La médecine chinoise est holistique
: le diagnostic demande une
analyse très complète et détaillée
du patient. L’examen se passe en
quatre temps : d’abord l’observation
du teint, des yeux, des cheveux, de l’attitude,
la voix, la peau, etc., et particulièrement
de la langue qui donne énormément
d’indications sur les vides et les pleins. Ensuite, le
questionnement du patient sur ses symptômes, son
historique, ses antécédents, sa famille, son lieu de
travail ou d’habitat. Puis l’audition et l’olfaction : la
faiblesse de la voix par exemple peut indiquer un
vide de qi ou de yin, s’il y a toux ou odeurs corporelles.
Enfin, la palpation des endroits douloureux
avec l’aide des méridiens, ou le toucher des pouls,
trois sur chaque poignet : selon leur vigueur, ils indiquent
les organes touchés. (...)