Et
si
j’étais
plus

Qui êtes-vous ? Au-delà des masques, au-delà de vos faux-semblants… Découvrir sa véritable identité n’est pas chose aisée. Elina Vorger, thérapeute et auteure, partage son expérience sur ces questionnements dans un livre d’une sagesse lumineuse.
Et si j’étais plus
Art de vivre
La roue de l'impermanence tourne à chaque seconde et personne ne peut se soustraire à sa fatale emprise. Vous pouvez rejeter le temps qui inexorablement s'écoule, et enfouir votre peur de la mort sous une montagne de choses à faire. Vous pouvez aussi combattre le tic-tac de l'horloge, hurler contre le vent qui souffle et transformer votre existence en véritable enfer... La fuite comme le combat sont les deux voies de facilité pour l'homme faible, l'homme amoureux de ses chaînes.

Mais aucun de ces chemins ne vous sauvera : ils ne feront malheureusement qu'amplifier votre angoisse. Pour l'homme libre, il existe une autre voie, une voie unique : celle de l'acceptation. Vous pouvez mettre à profit la vie qui vous est offerte pour méditer sur le sens profond de la mort... Chercher en votre cœur suffisamment de sagesse et d'humilité pour décider d'accepter, ici et maintenant, ce contre quoi vous n'avez de toutes façons aucun pouvoir.

Aussi sûrement que vous vivez, vous mourrez. Il n'y a pas d'évasion possible : la mort est votre inéluctabilité.


Qu'est-ce qui vous lie fondamentalement au règne animal ou végétal ? Qu'est ce qui fait de vous, être humain, semblable à n'importe quel organisme vivant sur cette planète ? Aussi sûrement que vous vivez, vous mourrez. Il n'y a pas d'évasion possible : la mort est votre inéluctabilité. Chaque naissance porte en elle les germes de sa propre fin. Alors bien évidemment, chaque espèce sur terre possède sa relative échelle de temps : si certains baobabs africains peuvent mettre jusqu'à deux mille ans avant que leur sève s'assèche, le papillon de nuit lui, ne verra jamais le jour se lever. Mais tout, à son rythme, meurt un peu plus chaque seconde... et vous avec !

Alors vous pouvez accumuler des tonnes de richesses matérielles pour conjurer le sort, investir des sommes colossales pour garder jeunesse et santé. Mais alors voilà, tout à la fin disparaîtra, purement et simplement. Au seuil de la mort il vous faudra dire adieu à tout ce que vous connaissez, tout ce qui ne dure pas. Vous perdrez votre maison, vos projets, votre histoire... jusqu'à votre propre corps. Et ce jour-là, si votre sentiment d'être ne se résume qu'à l'identification à ce qui disparaît, alors c'est votre monde entier qui s'écroulera.

Je suis souvent attristée par le manque de sagesse de notre société occidentale : dans une fantastique hypocrisie générale, la mort est carrément occultée du quotidien. Tout le monde agit, pense et vit comme si elle n'existait pas. A force de rendre tabou un phénomène pourtant naturel et irréversible, l'homme finit par diaboliser sa propre mort.

La fin de vie n'est pas comprise, elle n'est pas acceptée et personne n'a le courage de la regarder en face. Cela crée de profondes névroses en tout en chacun : tant de souffrance inutile bourgeonne sur le terreau trop fertile de l'ignorance humaine... La mort n'est pas un problème : c'est uniquement notre façon de l’appréhender qui l’est !

Il suffit d'avoir assisté une seule fois à un enterrement catholique en France pour comprendre l'envergure de la méprise : tout est macabre, noir et sombre. Le pauvre Jésus doit faire les cent pas dans sa céleste demeure : fils du Dieu de lumière, il a souffert jusque dans sa chair pour prouver aux hommes combien la mort peut être dépassée, transcendée, illuminée...

C'est un sauveur joyeux et auréolé d'amour que l'église chrétienne devrait encenser ! Cet homme fut la preuve vivante de la résurrection permanente de toutes choses, de l'irréalité de la mort et de l'éternité sacrée de l'être. Au lieu de cela c'est un martyre agonisant sur son supplice qui est adoré.

Heureusement toutes les cultures n'ont pas mécompris à ce point le processus naturel de mort. Certaines peuplades polynésiennes par exemple, célèbrent l'ultime passage sur les eaux. La cérémonie est un hommage éblouissant à la vie du défunt et un accompagnement chaleureux à sa naissance dans l'autre monde. Les chants sont à la fois profonds et optimistes et des centaines de colliers de fleurs colorées emplissent les flots pour l'occasion.

La beauté de la mort est glorifiée : elle invite l'humain à l'humilité, la sacralité et l'intériorisation. Elle pousse au respect de toute vie et éveille notre devoir de révérence face aux forces transcendantes de la destinée. La mort rapproche les êtres de la planète dans un hymne d'amour commun et unificateur... Finalement face à elle, nous sommes tous égaux.

Ainsi le chercheur de vérité devra faire preuve de clarté et de discernement face aux cycles naturels de la vie. Il rejettera les idées préconçues de la société dans laquelle il évolue, pour chercher en lui-même sa propre façon d'appréhender la mort. Il prendra conscience de la fondamentale dualité du monde et méditera longuement sur la réalité de sa propre disparition physique. Il comprendra ainsi combien la mort est nécessaire à la vie, combien elle fait partie intégrante du processus d'existence et d'évolution de l'univers.

Il se fera disciple d'une nature éveilleuse : il contemplera avec ferveur le ballet des saisons et la renaissance perpétuelle de toutes choses. Il observera l'éclosion fantastique du printemps nouveau, après de longs mois d'hibernation hivernale. La phase de retraite, d'intériorisation et de maturation Yin est nécessaire à la phase d'expansion, d'extériorisation et de croissance Yang. L'initié prendra conscience du processus de destruction créatrice à l'œuvre en chaque chose. Si la forêt resplendit de force et de vigueur, c'est grâce au terreau fertile de ses vieilles écorces ... et si le troupeau d'antilopes est plus rapide dans ses déplacements et plus résistant à ses prédateurs, c'est par la mort de ses éléments fragilisés.

La vie, c'est un mouvement et un repos, décomposé à l'infini.


Ainsi la vie, c'est un mouvement et un repos, décomposé à l'infini. De la plus grande échelle de temps, à la plus infime. L'existence entière d'un homme est fondée sur ce schéma. Dès ses premières secondes de vie, les battements de son cœur sont déjà une contraction et un relâchement. Son éducation est un élan d'apprentissage le jour et une assimilation constructive la nuit. La première moitié de sa destinée est une progressive éclosion de sa force vitale et la seconde moitié est la lente érosion de ses capacités physiques et mentales. Sa vie totale est un grand mouvement et sa mort est un long repos.

Le processus de vie est intrinsèquement duel et il convient pour le chercheur sincère de l'intégrer : car accepter d'être en vie, c'est accepter de mourir. Et en soi, ce n'est pas un problème ! Il vous faudra donc dépasser l'image morbide et angoissante de votre propre disparition physique pout atteindre l'immortalité de votre Être profond Mourir à ce qui passe, pour naître enfin à ce qui ne passe pas...

Ainsi s'enchaînent les cycles de vie et de mort, ainsi le tourbillon des incarnations incessantes. L'âme immortelle n'a de cesse, vie après vie, de prendre part à la formidable expérience de la manifestation. Car l'être profond en chacun de nous a soif d'apprendre, de grandir, d'évoluer : il a soif de vie ! Et tout comme la petite graine a besoin de terre nourricière pour germer, l'âme a besoin du corps pour éclore à sa vraie nature. Grâce à lui, elle expérimente tout un florilège de joies et de peines, elle apprend du combat permanent de la dualité et de l'identification au temps qui passe. Grâce à la vie charnelle, l'âme gagne en compréhension et s'éveille en conscience.

Puis inéluctablernent, l'expérience de vie prend fin et le gong du retour aux sources résonne de nouveau. Les deux polarités Yin et Yang qui ensemble, créaient la manifestation de vie, se séparent. La valse des opposés se termine et l'incarnation en cours s'achève. Le corps physique, matrice usée, redevient poussière et retombe à la Terre Mère. L'esprit de lumière est éjecté de son véhicule de chair et remonte se lier au Ciel Père. C'est le processus naturel de la mort physique.

Durant cette phase de pause entre deux incarnations, l'âme se repose, se régénère, s'apaise. C'est le temps bien mérité de la maturation des acquis et de la guérison des blessures. L'être accède alors à un Entendement et un Amour supérieurs : elle est invitée à comprendre ses choix et ses erreurs passés, puis à assimiler les enseignements conséquents. Elle demeure dans cet état le temps nécessaire à son introspection. Puis, après avoir pris connaissance de sa prochaine mission de vie, elle est rappelée une nouvelle fois sur Terre... L'âme redescend alors dans la matérialité et pénètre dans l'utérus de sa future mère, au moment exact de la fécondation par son futur Père.

Le Yang potentialisé dans le spermatozoïde fusionne avec le Yin cristallisé au sein de l'ovule. Le processus de développement du fœtus est lancé, un nouveau cycle de vie démarre. Malheureusement si l'âme n'a pas acquis un développement spirituel suffisant lors de ses incarnations précédentes, elle perd toute conscience de l'entendement transcendant auquel elle eut accès...

Ainsi s'éveille le nourrisson à la vie, amnésique à sa vraie nature, balloté une fois de plus dans les vicissitudes karmiques. Le rêveur s'est endormi dans son propre rêve une nouvelle fois, et tout est à refaire !

Mais alors à quoi bon rejouer, encore et toujours la même partie ? À la question du sens du Karma, je répondrai simplement : à chaque cycle un nouvel espoir d'éveil, à chaque renaissance une nouvelle chance d'atteindre l'Amour Pur et la Vérité Ultime. Le karma n'est pas une damnation perpétuelle, il est au contraire l'habile mécanisme mis en œuvre par l'UN pour nous inciter à prendre conscience de nos chaînes, de nos blocages et nous aider à nous en dégager ... Le Karma est la clef lumineuse que Dieu dépose à nos pieds.

Il est sa façon d'hurler son Amour inconditionnel et sa confiance indéfectible dans le genre humain. Il prouve ainsi à sa progéniture que jamais il ne l'abandonne et que toujours, il est là. L'UN nous offre bien plus que la vie : inlassablement, il nous rappelle à notre vraie nature et à l'Amour présent dans chacune de nos cellules. À travers l'expérience de LA manifestation, Dieu éduque et modèle son enfant à son image... Espérant qu'un jour, il lui redevienne égal.

Ainsi pour l'homme inconscient de sa nature spirituelle, la vie n'a aucun sens : tout au plus, elle est un amoncellement d'illusions et de vieux schémas, destinés un jour à disparaître en poussière. L'homme prisonnier de ses chaînes se pose alors la question de la croyance, de la religion.

Doit-il supposer l'immortalité de son âme, peut-il croire à la réincarnation ? Pour l'homme libéré, la question n'existe pas. Autant se demander si hier a réellement existé ou si les vacances à la mer lors de son dixième anniversaire ont vraiment eu lieu...

Non, le Sage ne croit pas à la réincarnation. Il sait. Car il se souvient en détail de chacune de ses vies et de chacune de ses morts. Il connaît si intimement la danse sacrée de l'uni­ vers, il a embrassé tant de fois la même destinée et reproduit tant de fois le même karma, qu'il a fini par conscientiser le cycle et sortir de l'anmésie. Avec l'éveil de la conscience, la fin du cauchemar, la chute de l'illusion ... avec l'ouverture du Cœur, le retour en son unique demeure.

Avec l'ouverture du Cœur, le retour en son unique demeure.



Elina Vorger, Et si j’étais plus – La véritable quête de soi (éditions Jouvence, 2018).
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