Nous pensions être des individus, cloisonnés, délimités, biologiquement indépendants. Mais la science des dernières décennies a montré que dans nos corps circulent les traces de nos mères, de nos enfants à naître, et même des grands-mères de notre lignée maternelle. Un phénomène qui se nomme le microchimérisme.
Sciences
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Le placenta, nid du fœtus et organe de la gestation durant la grossesse, n’est pas ce mur hermétique que l’on imaginait : il laisse passer des cellules. Ces cellules fœtales migrent vers la mère. Dans le sens inverse, les cellules maternelles investissent également le fœtus. Et cet échange ne s’arrête pas à la naissance. Ce matériel génétique survit notamment dans la moelle osseuse, et le plus incroyable est qu’il laisse à la mère une trace vivante de la grossesse, jusqu’à plus de 30 ans après l’accouchement.
Le mot « microchimérisme » vient du grec khimaira, la chimère : ce monstre fabuleux en partie lion, chèvre et serpent. Une créature composite, effrayante. Et c’est bien en référence à cette image que les biologistes ont désigné ces organismes porteurs de cellules génétiquement distinctes. Ces cellules étrangères s’installent dans la moelle osseuse, le foie, la peau, le cerveau, parfois jusqu’au cœur. Elles s’y différencient, deviennent cellules de l’organe hôte. Elles vivent avec nous, en nous.
Lise Barnéoud, journaliste scientifique auteure du livre Les cellules buissonnières : l’enfant dont la mère n’était pas née et autres folles histoires du microchimérisme (éd. Premier Parallèle), lors de sa conférence TEDx pose le sujet d’emblée face à son auditoire : « Vous êtes entrés dans ce théâtre en vous pensant comme des individus autonomes, homogènes, autoconstruits, protégés du monde extérieur par votre armée immunitaire, un peu comme des îles aux frontières impénétrables, mais vous allez en ressortir transformés. Parce qu’avec le microchimérisme, nous devenons des assemblages hétérogènes, nos frontières se floutent, nos îles deviennent intimement connectées. » Cette découverte scientifique laisse entrevoir une nouvelle représentation de l’espèce humaine qui serait à l’image d’une série de poupées russes.
Nos mères vivent en nous
Ces cellules maternelles persistent chez chacune et chacun de nous comme une sorte de transmission biologique invisible. Et cela ouvre une autre perspective sur le plan humain (...)
Céline Chadelat est journaliste spécialisée dans les religions, la spiritualité, la santé et le bien-être.
Elle est autrice de trois livres dont le best-seller "Le Mois d'Or" et créatrice du compte instagram @lemoisdor.
Elle pratique la méditation depuis l'âge de 20 ans.
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