Alexandra David-Neel est la première occidentale à avoir pénétré Lhassa, la capitale du Tibet. 80 ans plus tard, Priscilla Telmon, une jeune exploratrice française, a décidé de se lancer sur ses traces. Retour sur une formidable aventure transformée en quête spirituelle.
En 1923, l'exploratrice Alexandra David-Neel, qui a déjà de nombreux voyages autour de l'Asie à son actif, décide de se mettre en route pour le coeur du Tibet. Elle sera la première occidentale à pénétrer dans la cité du pays des neiges, Lhassa. 80 ans plus tard, une jeune exploratrice française se lance à pied sur l'itinéraire de cette fantastique aventure. Après 6 mois de marche, d'engagement physique et de cheminement intérieur dans le sillage d'Alexandra David-Neel lors de son voyage en 2003, Priscilla Telmon est revenu pour l'INREES sur cette formidable aventure lors d'une grande conférence, jeudi 18 décembre, racontant ainsi son périple transformée en quête spirituelle.
Un voyage extraordinaire au Tibet interdit :
« Au début, on commence à marcher, puis à rencontrer des villages en sortant des routes connues. On commence à prendre des sentiers de traverse, à atteindre des petits villages qui ne se gagnent qu'à pied après de nombreux jours de marche. Ensuite, ce sont les villageois et les pèlerins avec qui vous voyagez qui vous indiquent la route, des chemins qui ne figurent pas sur vos cartes. Et c'est ce qui m'intéressait, être au plus près de la population et vivre comme eux, m'inscrire dans cette longue lignée de voyageurs qui marquent l'histoire de ces pays. » explique l'exploratrice.
Partie de Hanoi au Vietnam, elle chemine vers le nord-Ouest à travers le Vietnam, la Chine, puis le Tibet et la cité de Lhassa, avant de redescendre au sud en traversant l'Inde et les jungles du Bengale pour atteindre Calcutta.
« Au fur et à mesure du voyage, je me suis laissé guider. On avance, et petit à petit tout devient très accessible et très facile. Même si parfois on se perd, ce sont des chemins qui vous emmènent vers autre chose. Et c'est formidable, parce que si vous savez précisément ce que vous allez faire en voyage, il n'y a plus d'inattendu ni de surprises, alors que c'est ce qui fait l'essence même du voyage. j'aime bien cette idée de ne pas savoir ce dont ma journée sera faite, de la vivre véritablement dans le présent. On a un point d'arrivée, un objectif, mais après quelques semaines de marche cela n'a plus vraiment d'importance, la route nous guide. »
Priscilla traverse ainsi des cols à plus de 5000 mètres, affronte des tempêtes de neige, marche dans des terres sauvages, assiste à des cérémonies dans des monastères d'un autre âge... Mais malgré les conditions et les moments difficiles, elle ne se souvient que du meilleur :
« Je ne pourrais même plus vous dire ce que j'ai vécu de difficile, je ne me rappelle que des moments magnifiques, de plénitude et de paix intérieure. Ce voyage a été un vrai voyage initiatique. Aller au-delà de mes peurs et essayer de dompter un peu la mort... j'étais complètement prête à mourir pendant ce voyage. Tout cela vous donne une force et une liberté incroyables. Combien la peur nous empêche d'avancer dans l'existence ? » s'interroge-t-elle.
Avec l'expérience de ce voyage, la jeune exploratrice découvre ainsi une nouvelle façon de voir lu monde et l'univers. Un univers où toutes les pensées créent le monde :
« Je me suis rendu compte que quand vous partez pendant longtemps avec cette idée de dépouillement et de clairvoyance au monde, vous êtes capable d'influer sur les évènements qui vous arrivent. Par exemple, je me suis rendu compte au bout de quelques semaines, que dès que j'avais une pensée négative, il m'arrivait quelque chose de négatif : une mauvaise rencontre, des problèmes avec les chinois, ou je tombais malade... Et c'était un exercice presque de méditation que de ré-enchanter le monde et dédramatiser certains évènements. »
« Quand vous vous mettez dans cette démarche positive, et que vous célébrez pleinement le moment présent, vous vous rendez compte de l'interdépendance de toutes les choses, que vous n'êtes qu'un élément parmi cette grande nature et ce grand univers. Vos pensées deviennent plus claires, et vous pouvez agir sur votre environnement extérieur. »
Pendant tout son voyage, Priscilla Telmon n'a pu s'empêcher de penser à Alexandra David-Neel, esquissant un dernier sourire vers la voyageuse de légende lors de son arrivée à Lhassa :
« A chaque fois que j'avais des moments de doute, j'avais des signes de présence et des moments de synchronicité incroyable avec son aventure, 80 ans après. Même si je ne pourrais pas vous dire que j'ai vu son fantôme, dire qu'Alexandra était présente lors de ce voyage est pour moi une évidence... »