Le DSM-5 est un ouvrage qui se propose de définir et de lister les pathologies mentales... Pourtant, aujourd’hui, si Mozart était examiné avec les critères de ce manuel, il serait sans doute médicamenté. Depuis quand exprimer sa créativité est-ce devenu une maladie ?
Art de vivre
Nagano Toyokazu
Le DSM, en français le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, est la bible des psychiatres. Edité par l’Association américaine de psychiatrie, cet ouvrage classifie les symptômes des maladies mentales pour homogénéiser les diagnostics. Il permet de s’assurer que les professionnels aient tous des critères communs. L’intention serait plutôt intéressante si elle n’avait pas donné lieu à une véritable prolifération de pathologies mentales. La première version, éditée en 1952, recensait 60 pathologies différentes. La dernière publication, en date du mois de mai 2013, passe désormais la barre des 500… Faisons-nous réellement face à une augmentation des maladies psychiatriques ?
Il semblerait que les auteurs se soient surtout pris au jeu d’essayer de repérer toutes les déviances imaginables. L’objectif : prévoir autant de cases que possible afin de donner un maximum d’outils aux praticiens pour faire face aux « malades ». Seulement voilà, à force de chercher la petite bête dans tous les recoins, nous finissons par voir des pathologies partout. Et cela est loin d’être sans conséquence sur notre société.
Nous sommes déjà en droit de nous demander à qui profite ce foisonnement de « nouvelles pathologies ». Le psychiatre Boris Cyrulnik est de ceux qui reprochent au DSM une tendance à non seulement recycler les maladies en les renommant, mais à créer de nouveaux troubles douteux afin de sensibiliser le public et créer des parts de marché pour les industries pharmaceutiques. La revue Prescrire souligne que « cela risque de mettre inutilement des personnes sous des traitements peu efficaces et aux effets indésirables importants ». De plus, avec l’abaissement des seuils de diagnostique, vous pouviez, avec les mêmes symptômes, être sain en 2012 et devenir un malade médicalisé en 2013. Le journal Le Monde titrera alors « DSM-5, le manuel qui rend fou » à l’occasion de sa dernière édition.
Surtout, et c’est encore plus alarmant, tout ce qui semble sortir de la « norme » tend à devenir pathologique. Dans le DSM-5, une créativité et un cynisme au-dessus de la moyenne deviennent des désordres oppositionnels défiants (ODD). « Défini comme "un comportement soutenu d’hostilité et de désobéissance", les symptômes incluent la remise en question de l’autorité, la négativité, la défiance, l’argumentaire et le fait d’être aisément irrité », rapporte la revue Actuwiki en ce 8 avril 2014. Vous n’êtes pas d’accord avec ce que vous propose « l’autorité » et vous avez envie de le dire haut et fort ? Vous avez envie d’exprimer une créativité qui sort du déjà vu et entendu ? Attention, vous pourriez souffrir d’un ODD. Un article du Washington Post rapporte par exemple que si Mozart était examiné avec les critères du DSM, il serait médicamenté pour cause de déficit de l’attention. La question fondamentale que soulève alors cette classification de notre paysage mental est celle d’une définition de la normalité : ce qui est validé comme étant admissible ou pas. Devrions-nous sentir des tendances à l’embrigadement ?
Titulaire d'un Master de philosophie, de diplômes de thérapie psycho-corporelle et d'homéopathie (Grande-Bretagne), Miriam Gablier s'intéresse particulièrement au potentiel humain et à l'intelligence du vivant.
Ses enquêtes sur les thérapies, la psychologie, la philosophie, la spiritualité et les sciences du vivant, lui permettent notamment de traquer les données se rapportant à la notion de conscience et à la relation corps-esprit.
Miriam Gablier est auteure de Les mystères de la conscience ...
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