Allan Botkin, psychologue clinique, a pris le contre pied de l’approche classique du deuil et créé la « Communication induite après la mort », une nouvelle thérapie qui permet à la personne endeuillée d’entrer en contact avec le défunt pour maintenir le lien. Dans son livre éponyme, le Dr. Botkin en explique les principes et expériences.
Fin de vie
Freud a écrit que le but de la thérapie du deuil est d’aider le survivant à couper les liens avec le défunt et à se désengager émotionnellement afin de pouvoir se construire une vie nouvelle dénuée de tout attachement envers l’être disparu. Au cours des séances, le survivant traverse une longue série de confrontations afin de prendre conscience du caractère définitif de la perte subie et de lâcher prise sur tout attachement au défunt. D’après cette conception de la thérapie du deuil, les individus incapables de trancher tous les liens échouent et restent ainsi dans le malheur et le dysfonctionnement. (...)
Le but de la thérapie du deuil classique, d’après cette perspective, est d’aider les survivants à accepter leur perte et à poursuivre leur vie. Ce processus nécessite souvent des années de thérapie, pour une réussite limitée. Mais récemment, un nombre croissant de spécialistes du deuil ont commencé à suggérer que les patients qui maintiennent leurs liens avec le défunt s’adaptent souvent mieux à leur perte. Ces observations découlent d’une reconsidération du deuil et de sa thérapie. (...)
Les CIAM ont changé notre approche de la thérapie du deuil
La thérapie de la CIAM (Communication induite après la mort, ndlr) est dans la droite lignée des liens continus, car elle permet justement de prolonger le lien, de l’enrichir et de le rendre plus personnel et plus pragmatique. L’expérience de la CIAM permet aux patients qui souffrent du deuil et d’une perte traumatique de résoudre leur problématique rapidement en leur permettant de renouer concrètement le contact avec le défunt.
Au lieu d’encourager l’acceptation des sentiments de déconnexion et le détachement émotionnel à l’égard du défunt, la thérapie de la CIAM apporte une résolution psychologique grâce à une reprise de contact profonde et transformatrice. Ainsi, le sentiment d’amour et de lien intact est renforcé grâce à une expérience inspirante qui donne au patient le sentiment d’avoir une relation certes différente, mais satisfaisante et permanente avec le défunt. Cela redonne un sens à son épreuve et le lien peut être maintenu, sachant que le défunt va bien et qu’il n’est pas loin. Renouer le contact guérit.
Le cas de Sally : « Il m’a dit qu’il viendrait me chercher quand mon heure serait venue »
« Je pleure sans raison. » Les larmes de Sally coulaient ; elle s’agrippait à un mouchoir mouillé. Les médicaments n’agissaient pas sur sa dépression et c’est pourquoi on me l’avait envoyée. Tandis que nous parlions, il est devenu clair qu’elle souffrait profondément de la mort de son père survenue cinq ans auparavant. Elle était restée à ses côtés pendant des mois pendant que la tumeur cancéreuse sur le côté de son cou s’était développée, lui enlevant la vie jour après jour. Elle pleurait amèrement. Les images de son père mourant avec cette tumeur sur son cou ne la quittaient pas.
Quand elle a été prête, je me suis servi de l’EMDR pour diminuer sa tristesse accablante et la douleur liée aux images de son père mourant. Ensuite, j’ai lancé la procédure de la CIAM et lui ai demandé de fermer les yeux et de laisser faire. La première induction n’a pas donné lieu à une CIAM. Mais à la deuxième, au bout d’un moment, les yeux toujours fermés, elle s’est exclamée : « Je le vois. Il a l’air d’avoir recouvré la santé. Il semble heureux. » Elle sourit et fit une pause. « Mamie et Papi l’accompagnent (...), ainsi que deux de mes tantes et mon oncle morts il y a longtemps. »
Elle fit une nouvelle pause et ferma les yeux à nouveau. « Ils font la fête, rient (...) Ah ça, on peut dire qu’ils passent du bon temps ! Ils sont dans une pièce remplie d’une lumière blanche brillante. » Elle ouvrit les yeux et me regarda. « Je ne sais comment, j’ai réussi à ressentir leur bonheur. » Elle me dit alors avec excitation : « J’aurais voulu être avec mon père... Je ne parle pas de me suicider. Je voulais juste être avec lui dans l’instant, mais je sais que c’est impossible. »
Puis je lançai une autre procédure de CIAM tandis qu’elle gardait cette pensée à l’esprit. La même scène se reproduisit, mais les choses allaient plus loin. « Il s’est avancé vers moi et m’a dit qu’il était toujours à mes côtés, très présent, que je devais continuer à m’occuper de mes enfants et qu’il viendrait me chercher quand mon heure serait venue. » Elle laissa transparaître un sourire chaleureux au milieu de ses larmes.
Quand Sally quitta mon bureau ce jour-là, tout son chagrin et toute sa douleur en lien avec le décès de son père avaient disparu. A son départ, elle fit le commentaire suivant : « C’était vraiment incroyable. Dès que j’ai senti que le contact était recréé, ma tristesse s’en est allée. Je sais que c’était vraiment eux. Il va falloir que j’en parle à mon frère. Je sais qu’il va penser que je suis une folle furieuse, mais ça m’est égal ; je me sens très bien. » Depuis ce jour, Sally n’a plus eu aucun symptôme de dépression.
Certains doutent que le deuil soit ainsi totalement résolu après une CIAM. Ils font remarquer que dans le cas de la mort d’un enfant, même une reprise de contact pleine d’amour n’empêchera pas son père ou sa mère d’éprouver parfois une profonde tristesse, par exemple le jour où il aurait dû avoir son bac ou le jour de son anniversaire. Je suis d’accord pour dire qu’une CIAM ne se substitue pas à ces expériences partagées qui n’auront jamais lieu. Néanmoins, ces pertes sont secondaires par rapport à la perte première : « Mon enfant est parti. Je suis complètement coupé de lui. »
Après des CIAM, les gens qui ont subi une perte tragique n’ont plus le sentiment que le contact est rompu et donc, même s’ils éprouvent toujours les sentiments plus secondaires de la perte à l’occasion des dates anniversaires de naissance et de mort, par exemple, la tristesse ressentie durant ces moments est bien mieux tolérée dans la mesure où la personne endeuillée ne ressent pas la tristesse profonde et plus douloureuse associée à l’impression d’une coupure totale. Le survivant est ainsi capable de faire face dans ces moments-là et de mieux s’adapter ; il est alors souvent à même d’honorer tendrement la mémoire de l’être disparu.
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