Face à l’utilisation croissante des téléphones portables et au développement des réseaux sociaux très chronophages, quels constats pouvons-nous faire de notre dépendance et comment essayer de nous libérer un tant soit peu ?
Art de vivre
COOLBIERE PHOTOGRAPH/GETTY
Dans notre monde contemporain, la communication fondée sur l’utilisation de la technologie digitale représente de plus en plus un aspect vital et essentiel de notre existence. La parole maîtresse semble nous répéter sans cesse : « Communiquer tout ce l’on peut communiquer, communiquer le plus rapidement possible, communiquer à tout instant, communiquer, communiquer, communiquer... »
Au-delà de son aspect positif visant à faciliter les relations interpersonnelles, la présence massive, continuelle et tentaculaire de la communication numérique dans notre tissu quotidien risque toutefois d’engendrer une véritable condition de « dépendance ».
Grand est le risque qu’elle se transforme en un besoin compulsif capable de modifier radicalement nos comportements, habitudes et personnalités ; de franchir la frontière entre la fonction de « libres utilisateurs » et celle de véritables « esclaves » d’un système que nous ne maîtrisons finalement pas.
Les nouvelles générations passeraient plus d’une heure par jour à envoyer des SMS.
Je communique, donc j’existe
Au cours des vingt dernières années, l’évolution extrêmement rapide de la technologie informatique appliquée à la communication a permis à celle-ci de devenir un élément authentiquement indissociable de qui nous sommes, de notre vie. Représentant la source principale d’informations reliées à notre existence, nous avons en effet de plus en plus de difficulté à distinguer les moments où nous sommes « branchés » à notre portable, à notre tablette ou ordinateur de ceux où nous en sommes physiquement et mentalement séparés, voire détachés.
Pour cette même raison, notre champ expérientiel tend à s’identifier toujours plus à l’espace restreint de l’écran de notre portable : tout ce qui a de la valeur se produit et se concentre davantage à l’intérieur de ce « lieu circonscrit », alors que tout ce qui se trouve à l’extérieur se transforme toujours plus en un espace neutre, flou et dépourvu d’intérêt. Il nous suffit d’observer lorsque nous sommes par exemple dans un métro, un bus, une gare, un aéroport, ou dans la rue pour nous rendre compte du pourcentage croissant de personnes regardant uniquement leur portable plutôt que le monde environnant ou leur proche.
En modifiant radicalement le rapport avec la réalité qui nous entoure, ces mêmes outils technologiques s’immiscent de manière croissante dans la sphère des rapports aux autres. L’énorme diffusion des réseaux sociaux comme Facebook, Instagram, Twitter a en effet contribué à remodeler totalement nos notions de « relation » ainsi que « d’amitié ». Il est beaucoup plus important d’avoir un nombre incalculable d’amis obtenus à coups de clics que d’en avoir peu mais « gagnés » grâce au partage profond, à la confiance et aux affinités réelles. Le règne de la quantité a pris le relais sur celui de la qualité et de manière semblable, la délicate alternance qui existait autrefois entre les moments de partage concrets avec les amis et ceux de silence et de distance a été remplacée par la présence d’un « flot » communicatif continuel et incessant. De nos jours, c’est justement ce lien communicatif ininterrompu qui bâtit le sens de notre existence ; il s’agit d’un sentiment profond, impérieux et irremplaçable qui – en paraphrasant l’affirmation de Descartes « je pense, donc je suis » – affirme à voix haute : « Je communique, donc j’existe ! »
Du Minitel à nos smartphones
En France, l’aventure de la technologie numérique de la communication date de la fin des années 1970, quand à Rennes naquit le premier boîtier modem offrant l’opportunité d’avoir accès à de véritables services en ligne. C’est le Minitel qui permettait – révolutionnaire pour l’époque – de consulter l’annuaire téléphonique, les actualités, la météo, des messageries roses ainsi que d’effectuer des achats par correspondance, contacter les services financiers ou acheter des billets SNCF.
La nouveauté du Minitel s’éstompe au moment de la large diffusion du personal computer au début des années 1990 et de son intégration aux réseaux Internet et de communication via les e-mails. C’est à cette époque que la communication digitale pénètre véritablement dans nos maisons, devenant un élément de nos vies et habitudes quotidiennes.
La deuxième vague permettant l’intégration de la technologie dans notre vécu quotidien est liée à la création et à la diffusion des smartphones tout au long des années 2000 : ici, le téléphone portable traditionnel se transforme progressivement en un outil de plus en plus performant.
Avec le smartphone nous disposons d’un seul et unique instrument capable de répondre à la quasi-totalité de nos besoins communicatifs (parler, se voir, intervenir dans les réseaux sociaux, envoyer des courriels), d’accomplir la plupart de nos tâches de nature administrative (accès au compte bancaire, achat en ligne, paiement des impôts), ainsi que de répondre à nos exigences ludiques et de loisirs (jeux, réservation de vacances, sites de rencontres).
Martino Nicoletti (Doctorat en ethnologie et PhD en art) est écrivain et anthropologue. Créateur de la méthode de travail psycho-physique de Conscience corporelle dynamique, il organise régulièrement des retraites consacrées au développement personnel et au masculin sacré en France, Italie et Asie.
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