La plongée la plus longue est celle qui précède la naissance. Ensuite, elle peut se révéler un véritable art de guérison... Le Français Jeff Coulais, pionnier de l’apnée en France et auteur d’un record du monde, accompagne cette exploration des profondeurs.
Santé corps-esprit
Media Linx - Portrait réalisé à l’hôtel Kempinsky
« On ne devient pas apnéiste par hasard, c’est qu’il y a quelque chose qui nous pousse », témoigne Jeff Coulais, dont le patronyme le prédestinait d’une curieuse manière à une carrière dans l’eau. Car n’est-il pas étonnant pour un apnéiste, passionné de sports aquatiques et sauveteur en mer, de porter un nom qui se prononce comme le verbe couler ? Ceci dit, on peut faire l’analogie avec laisser couler, ce fameux lâcher-prise sans lequel, c’est certain, cet athlète de 50 ans n’aurait pu obtenir son record du monde d’apnée dynamique. À cette époque (c’était en mai 1997), les pratiquants se comptaient sur les doigts des deux mains, alors qu’ils sont aujourd’hui des dizaines de milliers rien qu’en France. Pourtant, les traces les plus anciennes de l’apnée remonteraient à la Préhistoire ; elle était utilisée pour attraper des poissons de mer ou pour le ramassage de coquillages...
Pour cet entretien, cinq heures de décalage horaire, un océan et quelques milliers de kilomètres nous séparent de Jeff résidant à la Dominique, quand il n’est pas à Oléron ou à la Réunion. Jadis entraîneur de sportifs de haut niveau, dont le multiple champion du monde Yoram Zekri, ce Français, qui est aussi surfeur et yogi, met à présent son expérience des profondeurs et du souffle non plus au service de la compétition, mais de la connaissance de soi à travers l’accompagnement dans les thérapies aquatiques douces (apnée, méditation, janzu...). Rencontre d’un bout à l’autre du globe...
En 1 minute 51 secondes, vous avez parcouru 150 mètres, ce qui est votre record du monde d’apnée dynamique, c’est-à-dire en déplacement sous l’eau. La première question que l’on a envie de vous poser, Jeff : comment devient-on recordman du monde d’apnée ?
Tout simplement après dix années de pratique quasi ascétique de la discipline. Toute mon énergie était tournée vers l’apnée, le sport et la recherche spirituelle, je pratiquais en parallèle le yoga. Je n’avais pas de « divertissements » extérieurs qui m’éloignaient de mon chemin. Au-delà de quelques rencontres, les apnéistes Roland Specker et feu Cyril Isoardi, j’ai cherché et appris seul car, à l’époque (fin des années 1980, début 1990), on était au tout début de la discipline et dans une pratique confidentielle de l’apnée sportive en Europe. Je suis très sportif à l’origine, j’ai commencé par la natation. Enfant et adolescent, j’ai passé beaucoup de temps dans l’eau, j’adore l’eau ! À partir du moment où j’ai appris à nager, je n’ai jamais quitté cet environnement. Tous mes étés, je les passais à la piscine de mon village, Surgères en Poitou-Charentes, c’était le lieu social par excellence, celui de mes premières amours, des copains...
Naturellement, l’autre question qui nous vient : comment passe-t-on de la compétition à l’introspection ?
J’ai pratiqué l’apnée dynamique, statique, l’apnée en mer comme dans Le Grand Bleu, etc. Je suis allé au bout du bout ! Et je suis toujours vivant ! Certains de ceux avec qui j’ai commencé ne sont plus là... Quand j’ai commencé la plongée sous-marine en apnée, je me suis entraîné dans un but différent de celui de la compétition qui devenait pour moi rébarbative, pour une exploration intérieure. L’apnée m’a permis de comprendre qui j’étais car, dans cette discipline, on ne progresse pas en se battant contre soi ou un autre, contrairement à la natation ou à un autre sport où il faut faire plus pour progresser. En apnée, il faut trouver des chemins intérieurs pour avancer, adopter un certain positionnement par rapport à soi-même, de l’ordre du lâcher-prise. Car dès qu’il y a conflit psychique, il y a lutte et s’il y a lutte, il y a consommation d’énergie donc d’oxygène, ce qui va à l’encontre de ce que l’on recherche. Comme disait Gandhi : pour être dans la non-violence, il faut être prêt à se battre, mais ne pas se battre. Il y a une volonté d’aller quelque part mais, en même temps, il faut se détacher du résultat. Dans les Yoga Sutras, on retrouve aussi cette idée : « Quand le désir de prendre disparaît, les joyaux apparaissent » (Aphorisme II-37). J’ai vécu ce que j’avais à vivre en tant que sportif et entraîneur... maintenant, je suis à une autre étape de ma vie, dans le soin, la guérison.
On ne devient pas apnéiste par hasard, c’est qu’il y a quelque chose qui nous pousse.
L’apnée connaît un certain engouement ces dernières années...
C’est LA pratique du XXIe siècle ! Alors que nous sommes confrontés à l’heure actuelle à un système compétitif et à de nouvelles maladies comme le burn-out, l’apnée permet, au sens propre comme au figuré, de souffler et de reprendre notre souffle, de sortir la tête de l’eau. Aussi, on vit une pandémie, la Covid-19, qui vient toucher la respiration. Du premier cri au dernier souffle, c’est la respiration qui nous guide, qui rythme notre vie.
Angélique Garcia est journaliste depuis une dizaine d'années. Elle a été rédactrice en chef d’un média indépendant en région Occitanie consacré essentiellement aux thèmes de la culture, de l’art, du patrimoine et de l’écologie. Sa collaboration avec l’INREES / Inexploré lui permet de continuer à approfondir des sujets qui l’inspirent depuis longtemps (la conscience, la spiritualité…). En parallèle, elle se consacre à l’écriture.
Elle pratique la danse ainsi que le yoga auquel elle se forme en v ...
À
retrouver
dans
Inexploré n°55
Médecines de l'âme
Un esprit sain dans un corps sain ? Autrefois, médecine et spiritualité étaient intimement liées. Philosophies grecques, orientales et chamaniques en témoignent.
Comment repenser le parcours de soin dans un dialogue entre visible et invisible ? Peut-on ouvrir la voie à une médecine holistique et préventive ? Sur ce chemin, les guérisons surnaturelles peuvent-elles nous inviter à de nouvelles connaissances ?
Sans se priver de la technicité de la médecine occidentale, une alliance en bonne intelligence avec les thérapies dites « complémentaires » serait plutôt à rechercher. Mieux encore : transformer notre rapport à la santé serait bénéfique tant à l’individu qu’au collectif, et finalement, à la planète.
Conscience de soi, santé du monde ? Ce numéro estival d’Inexploré explore cette question en détails. Une nécessité afin de se responsabiliser au quotidien et retrouver une forme de souveraineté dans notre rapport au corps et à la guérison. Très belle découverte !
L’amour est un élément essentiel
de nombreuses expériences
de la conscience, qu’elles soient extrêmes comme les expériences de mort imminente ou chamaniques.
C’est alors une dimension d’amour
qui est révélée à la conscience.
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