Méditez sans but...

Vous êtes stressé, déprimé, angoissé, fatigué, malheureux, en quête d’un sens à votre vie, d’une plus grande intuition... ? Toutes ces raisons sont excellentes pour commencer à méditer. Mais ne vous dites pas que vous méditez pour atteindre tel ou tel but : vous allez être déçu, car la méditation ne fonctionne pas comme cela.

La méditation, c’est prendre le risque du présent tel qu’il est, et non tel que vous le voulez. Entrez en contact avec l’inconnu du présent. Ouvrez-vous à ce qui est. Ce moment est pour vous, entièrement, et vous l’accueillez dans toute sa profondeur. Vous l’acceptez avec son inconfort peut-être, et aussi ses surprises. Vous faites confiance à l’expérience. Vous échappez à la dictature de l’utilité qui gouverne notre monde.

Méditer, c’est être présent

Je mets beaucoup moins l’accent que dans le zen, par exemple, sur la rigidité de la posture. Parfois les gens se forcent à tenir une posture douloureuse sans obtenir la détente espérée. Entrer dans une présence corporelle, c’est ce qui compte. Nous n’allons pas poser ce corps comme un vêtement sur un cintre pendant que notre esprit le quitte pour un au-delà de l’esprit. Méditer consiste à habiter le corps.

Pour cela, on peut très bien être assis sur une chaise, le dos droit. Ce qui est important, c’est que le corps exprime un sentiment de présence. En ce sens, la verticalité est importante. Pensez à un dialogue : selon que votre interlocuteur se tient alerte devant vous ou avachi, la qualité de son écoute et de la vôtre varie. Autrement dit, la manière dont on habite son corps a un effet sur l’esprit. En méditation, c’est la même chose.

Bio express
Philosophe et professeur de méditation, Fabrice Midal a créé en 2007 l’École occidentale de méditation, une approche fondée sur le bouddhisme tibétain, dont il est spécialiste, et adaptée à l’Occident.

... Mais avec une aspiration forte

Méditer aura d’immenses effets physiologiques et psychologiques. Mais ne méditez pas pour ces effets collatéraux. Lorsque vous abordez la pratique, fondez votre méditation sur une aspiration au-delà du « moi, moi et encore moi ». Cela élargira votre conscience, votre horizon. Si vous acceptez que le résultat de la méditation ne soit pas mesurable, vous aurez plus confiance dans le processus. Dans la tradition bouddhiste, l’aspiration est : « Puisse ma pratique ouvrir mon cœur et le cœur de tous les êtres. » Le but est utilitaire, l’aspiration est spirituelle.

La pratique doit être bienveillante

Les motivations que j’avais au départ lorsque j’ai commencé à méditer étaient fondées sur l’agression. Je voulais méditer pour me débarrasser de moi-même, pour ne plus avoir tel aspect de moi que je n’aimais pas. La méditation m’a appris à avoir un rapport bienveillant à ce que je suis, sans détruire au bazooka tout ce que je n’aimais pas. Abandonnez l’idée de devenir toujours plus efficace et toujours moins vulnérable grâce à la méditation. L’enjeu est de s’ouvrir à sa propre vulnérabilité.

Aujourd’hui, on parle beaucoup du burn-out. J’ai un ami qui en a vécu un, et il se fustigeait : « Pourquoi est-ce que je ne suis pas assez fort ? Qu’est-ce qui ne va pas chez moi ? » Mais c’était tout simplement que ce qu’il vivait ne lui correspondait plus. Ce que nous pouvons considérer à un moment comme l’expression d’intolérables faiblesses peut être l’expression de nos besoins les plus profonds, le cri de notre âme. La méditation, c’est entrer en rapport avec l’âme.

Lorsque vous êtes seul

Je ne saurais trop encourager l’utilisation de CD lorsque vous êtes seul. La pratique est subtile. Sans instructions, c’est vraiment difficile. Les gens qui, pour toutes sortes de raisons, ne veulent pas s’engager dans une pratique de groupe peuvent trouver là un appui précieux.