Placée sous le sceau de nombreux éléments – physique, sexe, date de naissance, origine socio-économique – notre naissance serait aussi influencée par nos croyances, les astres, les nombres, ou nos ancêtres. Y aurait-il un déterminisme inexorable, nous reléguant à jouer une partition prédéfinie ? Des spécialistes d’horizons variés nous répondent.
Vous est-il déjà arrivé de désirer profondément quelque chose et de sentir que tout vous pousse pourtant à faire le contraire ? Nous sommes à chaque instant soumis à des champs d’influence qui nous façonnent et véhiculent parfois des messages, qu’il s’agisse de mots, de nombres, de notre environnement familial… Comprendre toutes ces influences, les intégrer, nous permettrait-il de nous libérer et ainsi d’exprimer notre nature profonde ? Si nous considérons la nature vibratoire de l’univers, tout ce qui nous constitue et qui nous entoure nous influencerait.
Toutefois, l’être humain venu s’incarner choisirait une « couleur » prédominante, dans le but d’évoluer. Pour la thérapeute Myriam Brousse, auteure de
Le corps ne le sait pas encore (éd. Quintessence), le petit d’homme
« a accepté de venir revisiter ses mémoires karmiques pesantes, non évacuées et de les traverser à nouveau. Il expérimente la loi d’action et de réaction, qu’il n’a pas intégrée au cours de ses nombreuses expériences passées ».
Ainsi nous orienterions-nous vers le choix d’une famille, en résonance avec cette intention. Selon les principes de la mémoire cellulaire, notre corps physique serait aussi porteur du mandat. Les mémoires de nos ascendants paternels et maternels seraient transmises par le biais de nos cellules, réceptacles d’une « mémoire familiale » qui continuerait à s’inscrire à chaque étape de notre vie :
« Par un mouvement réel et inconscient, le microsillon des cellules, qui a déjà engrammé l’acte de conception, puis les phases de la naissance, va continuer des enregistrements sauvages dénués de conscience. » Ces « mémoires », qui feraient donc partie de nous, auraient un impact considérable et inconscient sur nos peurs, nos schémas répétitifs, nos désirs insensés…
Pour Paulina Jade Doniz, une thérapeute qui s’appuie sur la psychogénéalogie, afin de libérer des entraves, s’inscrire dans la lignée de nos ancêtres serait incontournable, du moins dans un premier temps :
« Nous sommes des êtres claniques, le mammifère qui met le plus de temps à être indépendant du “troupeau”. Un enfant qui conteste son arbre est en quelque sorte “exclu” du clan. L’adhérence aux croyances est presque une question de survie. »
Prénoms et nombres
Les vibrations du prénom auraient-elles, elles aussi, un lien avec la personnalité d’un être, allant jusqu’à influer son destin ? Avant même que l’enfant ne paraisse, les parents projettent sur lui leur univers. Ainsi choisissent-ils le prénom d’un personnage célèbre, espérant que l’enfant en ait les caractéristiques, ou celui d’un ancêtre, pour l’inscrire dans sa lignée… Pour l’alchimiste Patrick Burensteinas, « on dit que l’on “porte” un prénom. Et c’est aussi le prénom qui nous porte. On pourrait imaginer que donner un prénom à quelqu’un, c’est lui donner une espèce de programme qui va lui permettre quelque chose de bien particulier.
Ensuite, on appelle aussi le prénom un “nom propre”. Et il faut qu’il le reste. D’ailleurs quand des personnes rencontrent des problèmes dans leur vie, on dit que leur nom est “entaché”. Les “tâches”, c’est aussi quelque chose à accomplir… ». Mais cela irait même plus loin. Le dessin de chaque lettre et la manière dont elles s’articulent seraient tout autant de clés qui permettraient de mieux nous comprendre :
« Par exemple, le M est la mère, il a la forme d’une femme qui accouche, et P est le père. Si quelqu’un s’appelle Paul, son père pourra être important comme exemple… ou comme absence. Le A est un compas qui représente l’esprit. Si vous avez beaucoup de A dans votre nom vous serez beaucoup dans le concept, le principe, vous feriez un bon juriste. »
Il y a ensuite plusieurs manières d’entendre les prénoms, et nous pouvons faire appel à la langue des oiseaux – l’étude du sens caché des mots – pour les décoder. L’alchimiste nous donne quelques exemples :
« Dans Sylvie il y a “Si elle vit”. Dans René (Re-né), qui est né à nouveau. Certains prénoms, tels Dominique ou Claude, sont à la fois masculins et féminins, ils ne sont pas déterminés. Il y a aussi une histoire à l’intérieur de cela. »
Nos prénoms – et notre nom – peuvent aussi être lus à la lumière de la numérologie, les nombres qui nous permettent d’organiser le monde exerçant leur influence. Lydie Castells explore cet outil depuis 27 ans. Elle explique qu’
« on l’applique à notre date de naissance et à tous nos prénoms, car ils ne sont pas là par hasard. Les nombres qui nous composent sont vibrations. Comprendre la dimension sacrée de ces nombres, c’est nous comprendre. Ils permettent d’expliquer ce pour quoi on est fait, nos talents, notre objectif de vie, nos besoins affectifs et de réalisation. La numérologie va nous donner des outils d’information fondamentaux, c’est-à-dire : quels sont mes dons ? Pour quoi faire ? Quelle est ma vraie nature ? »
Indicateurs astrologiques
L’astrologie est un outil qui pourrait aussi être perçu comme un déterminisme supplémentaire – ou comme une voie de libération. Le thème astral peut être défini comme
« une cartographie de la psyché, une carte routière de notre vie », d’après Carole Sédillot, astrologue, spécialiste de Jung et formatrice en symbolique et mythologie. Pour Luc Bigé, écrivain, symboliste et explorateur d’interstices,
« avec le thème astrologique, on peut voir quel est le mythe fondateur d’une personne. Le lire symboliquement donne des indications assez précises sur ses valeurs essentielles et sur les grandes épreuves qu’il serait amené à traverser ».
Comment expliquer alors que des individus portant le même prénom ou ayant un thème astral identique – appelés « jumeaux astraux » – ne le vivent pas de la même façon ? Carole Sedillot explique qu’
« on va retrouver un fond commun, mais dans la forme de restitution – parce qu’il y a un conditionnement, une culture, une société, une religion – la proposition de l’univers va être impactée et différente ». Les influences qui nous gouvernent ne pourraient donc pas se limiter à un seul champ de compréhension, des milliards de paramètres s’expriment conjointement, participant tous à notre évolution.
Pour Luc Bigé, il s’agirait donc d’accomplir notre destinée, en traversant son karma.
« Notre seule liberté, comme disaient les Grecs antiques, est d’accomplir notre destin. Il n’y a pas de liberté absolue, hors de tout contexte. Le terme “sujet” a la même racine qu’assujettissement. Être un sujet, c’est reconnaître ses liens de dépendance par rapport à la nature, à l’écologie, à la société, au monde spirituel, c’est trouver sa place. Le libre arbitre est là pour aider à accélérer l’évolution, à aller plus rapidement et plus clairement vers l’accomplissement de notre destin, et non à tourner en rond. »
Sortir du tourbillon de l’existence
Face à toutes ces influences, nous ne serions donc que des pantins livrés à notre destin ? Pas tout à fait, car a priori, rien ne nous oblige à répondre à l’appel.
« On peut tout à fait se laisser porter par le conditionnement socioculturel, au lieu de répondre à cette percée de lumière. C’est là où joue le libre arbitre, ou plutôt le “degré” de sensibilité de l’être à sa vie intérieure », analyse Luc Bigé. Si l’univers propose, l’homme dispose. Pour cela, il devra donc se défaire, couche après couche, de ses conditionnements, partage Lydie Castells :
« Les nombres ne disent pas ce que l’on fait, mais ce pour quoi nous sommes faits. Mais comme nous sommes soumis à des peurs, au regard du groupe, aux injonctions parentales, à des croyances limitantes et autres obligations, nous n’allons pas forcément oser exprimer notre vraie nature et nous pouvons passer à côté de notre vie. Parfois, nous allons tricoter le nombre dans sa version positive, et parfois dans sa version négative. Le libre arbitre, c’est décider d’être au plus près de soi. »
Ce qui ne vient pas à la conscience revient sous forme de destin. C. G. Jung
Comme l’a dit C. G. Jung,
« ce qui ne vient pas à la conscience revient sous forme de destin ». Nous affranchir passe par une écoute de notre vérité intérieure, une meilleure connaissance de soi. Nous pouvons pour cela être attentifs à nos intuitions, inspirations, prémonitions et aux synchronicités.
« Mais si je n’entends pas ces messages, je ne vais pas pouvoir me relier à moi-même et à l’humanité qui est la mienne. Par conséquent, je ne pourrais pas “participer à”. La question, c’est : comment incarner le thème qui est le mien dans sa transcendance, dans son dépassement ? Et mon libre arbitre, même si tout cela m’est imposé, est dans ma façon de poser mon regard dessus », analyse Carole Sédillot.
Comment les symboles nous influenceraient-ils, eux qui sont au cœur de l’astrologie, de la numérologie, du tarot, ou encore du Yi King, autre outil puissant pour se comprendre ? Luc Bigé explique qu’ils
« fonctionnent plutôt sur un mode transcausal. Il y a une sorte de pression de sens entre le monde de l’inconscient collectif et le monde de la réalité ordinaire, qui fait qu’un événement se produit. L’événement devient le miroir, le symbole du sens qui est dans le monde invisible ».
Les nombres du quotidien seraient ainsi des clins d’œil pour attirer notre attention sur des clés précieuses, comme l’explique Lydie Castells :
« Chaque nombre a son propre message. Si quelqu’un voit souvent 11h11 ou 22h22, cela a une signification : le 11 et le 22 étant des maîtres-nombres, ils appellent à se surpasser, ils nous invitent à une dimension collective et intuitive de la vie pour servir le plus grand nombre : c’est donc un appel à inclure cette dimension dans notre vie. »
Les symboles inconscients
Ensuite, le symbole utilisé en thérapie serait un catalyseur, permettant de nous délivrer plus rapidement de nos blocages. Paulina Jade Doniz explique que
« nous faisons souvent des rituels sans nous en rendre compte. Chaque pays a ses symboles pour marquer une naissance, un enterrement. Faire certains actes avec conscience peut nous libérer ».
Ainsi, la psychomagie – que l’on doit à Alexandro Jodorowsky – permettrait d’agir sur l’inconscient par le biais d’actes symboliques en référence à l’histoire du consultant. Elle est parfois utilisée en complément de l’étude de l’arbre généalogique. Une mise en scène similaire au trauma d’origine pourra par exemple être élaborée, le symbole permettant alors de créer une empreinte positive.
« Un acte très simple est l’écriture de lettres. En fonction de l’histoire de chaque consultant, nous pourrons la brûler et boire les cendres, ou la déposer dans une rivière par exemple… Si quelqu’un a connu l’immigration et se sent “de nulle part”, il sera possible d’utiliser la terre de leur pays d’origine comme symbole. »
Enfin, le symbole permet de nous reconnecter à une vocation universelle, qui est la « reliance », comme le souligne Carole Sédillot :
« Une des fonctions du symbole est d’unifier ce qui est séparé. Comment retrouver la totalité ? Se relier à ce plus grand tout qui est nous et dont nous sommes porteurs, passe par ce langage symbolique. La carte du ciel nous permet donc de nous relier à nous-mêmes, à notre humanité, à la nature et au cosmos. »
Les 3 outils d'exploration
La psychogénéalogie
Créée par Alexandro Jodorowsky, cette pratique thérapeutique s’est développée dans les années 1970. Elle enseigne que nous serions porteurs de l’héritage de nos ancêtres sur plusieurs générations. Ainsi, les événements, traumatismes, secrets et conflits vécus par nos ascendants conditionneraient nos faiblesses constitutionnelles, blocages et troubles psychologiques. Ce phénomène de répétition serait la conséquence d’actions, croyances, non-dits, mais aussi le fruit d’une transmission par nos gènes, qui porteraient certaines de ces informations. La réalisation de notre arbre généalogique permettrait de comprendre les problématiques dont nous sommes porteurs. Les situations répétitives, prénoms, dates anniversaires, sont tout autant de clés qui permettront à l’individu de se détacher des empreintes de souffrances familiales.
La numérologie
Outil d’aide à la compréhension de soi au travers des nombres, de 0 à 9. Pythagore (-580 à -495) indique que les nombres posséderaient une dimension sacrée ayant un impact symbolique et vibratoire permettant de comprendre les lois qui régissent la création dans son ensemble. Chacun serait ainsi porteur d’une vibration qui l’influencerait. D’autre part, chaque lettre est représentée par une valeur numérique, indiquant sa fréquence vibratoire, ce qui permet de traduire nos prénoms et notre nom en nombres.
L’astrologie
Ensemble de pratiques fondées sur l’interprétation symbolique des correspondances entre les configurations célestes et l’humain, sur un plan collectif et individuel. Il existe diverses écoles d’astrologie, certaines prédictives, d’autres qui ne le sont pas. Mais l’approche symbolique la considère plutôt comme une grille de décodage, qui implique qu’il n’y aurait pas de « déterminisme astral ». « Ce sont, tout au plus, des panneaux indicateurs pour le voyageur désireux de donner un surcroît de sens à sa vie et à celle du monde où il vit » explique Luc Bigé.