Aujourd’hui, la conférencière internationale Armelle Six transmet un message spirituel sur la nature de qui nous sommes, avec une joie, et une simplicité bouleversante. Son livre
Le bonheur quoi qu’il arrive a remporté le prix d’Alef 2017 des librairies mieux être et spiritualités. Rencontre extraordinaire aux frontières du cœur et de la conscience.
A l’origine de votre transformation intérieure, une disparition tragique, celle de votre petit garçon. Vous avez dû sans doute la rapporter mille et une fois. Pouvez-vous nous en relater l’essentiel ?
Ce qui subsiste, encore aujourd’hui des 5 jours où mon fils était à l’hôpital dans le coma, et de sa mort, c’est l’impression que tout s’est arrêté. Une part de moi est morte là-bas. La mère qui est rentrée, n’est jamais sortie de l’hôpital. Je ne dormais plus, je ne mangeais plus. J’étais en prières. Nous avons dû prendre la décision d’arrêter les machines ! Ce moment a été charnière. Et ensuite tout s’est enchaîné, et il est parti dans mes bras. Et là, il n’y avait plus rien, comme si tout m’avait été enlevé. Seul subsistait un grand silence. La sidération ! C’était tellement insoutenable que je me suis évanouie.
Comment avez-vous traversé cette épreuve ?
Je vivais l’horreur de l’épreuve, l’effondrement et j’étais aussi traversée par une joie profonde. Un abandon se vivait tant dans la douleur que dans l’envie de vivre qui se faisait de plus en plus forte. Puis des questionnements profonds naissaient : face à la mort de mon enfant, avais-je encore le droit de vivre, de rire, d’être joyeuse ? Cet événement me ramenait aussi à un émerveillement profond devant les petites choses, une envie de vivre décuplée et de réaliser mes rêves oubliés.
Dans le même temps, je vivais une perte d’identité profonde. Puis un chemin d’écoute consciente s’est ouvert ! 3 mois après, ma vie était en chamboulement complet. J’étais habitée par une force de vie totalement indépendante de ma volonté, j’ai tout quitté. Un tout nouveau voyage commençait, dans l’inconnu.
Je devenais consciente de mes peurs, de mes croyances limitantes...
Pensez-vous avoir vécu un éveil de conscience ?
Certainement, oui, mais je ne connaissais rien de tout cela à l’époque. Le vide, l’absence et la souffrance étaient si intenses, quelque chose en moi a disjoncté. Après, je n’étais plus la même et je n’avais plus de repère. A commencé alors un processus d’ouverture de la conscience, qui permet de révéler la nature de notre être. C’est un processus, dans le sens, où ça se fait graduellement, dans le quotidien. La vie nous initie au travers de différentes expériences pour nous réaligner avec ce que nous sommes vraiment. C’est cela que j’ai senti quand je suis partie : qu’il y avait une vie en moi que je ne vivais pas. Suivre cette rage de vivre m’a poussée hors de ma zone de confort, au-delà de mes conditionnements. Je devenais consciente de mes peurs, de mes croyances limitantes. Et la vie se faisait de plus en plus pétillante, facile, fluide.
Cet alignement, dont on parle tant dans les milieux spirituels, est pour moi un ressenti où tout semble juste, où ça “clique” intérieurement. Moi, je le sens dans le corps. . Et quand on est là où on doit être, à sa place, la vie nous donne tout. Plus on est à l’écoute de son corps, et plus on peut sentir cet alignement.
En réalité la plupart d’entre nous ne fonctionne pas avec cette boussole intérieure, cette sagesse, mais avec les conditionnements. Notre principal objectif tourne toujours autour de « comment être aimé, reconnu, accepté. » Et c’est ce qui fait notre souffrance.
Notre véritable nature ne cessera jamais de se chercher.
Comment pourriez-vous décrire une expérience d’éveil ?
De ce que j’en ai vécu, c’est une expérience hors du temps, où tout s’arrête, le temps, toute pensée, tout sentiment que les choses sont séparées les unes des autres et aussi d’être une entité séparée du reste. Il n’y a plus que ce qui est, vision, conscience. Il n’y a plus de corps, ni quelqu’un qui dirige, plus de division entre quoi que ce soit, l’espace s’effondre ; reste alors l’inexprimable. C’est une expérience, mais ce n’est pas la libération totale. Pour moi, ce n’est que le début d’un nouveau voyage…
L’éveil serait une porte, qui ouvrirait la voie de libération. De quoi avons nous à nous libérer ?
Des croyances qui nous empêchent de voir que nous sommes déjà libres. La libération c’est reconnaître que je ne suis pas l’agissant, celui au contrôle de la vie. La vie se vit comme elle se vit en chacun de nous, sans personne qui fait les choses de la façon dont elles sont faites. Il n’y a alors là plus de place pour la souffrance que sont le blâme, la culpabilité, la haine, l’indignité, la fierté ou les attentes et les soucis. Car il est vu et vécu que tout est conditionnement et fait partie d’une grande orchestration dont l’entendement nous dépasse. La libération totale, c’est l’intégration de la reconnaissance que nous sommes à la fois la source de toute chose et l’être humain qui vit cette expérience.
Comment se défaire de ces croyances ?
C’est la vie qui s’en charge, et ce depuis toujours. En effet, à chaque instant, dans chaque situation, la vie nous invite à nous libérer de nos conditionnements ou de nos croyances limitantes. Et ainsi à reconnaître la liberté qui est toujours là. Ce n’est donc pas tant, il n’y a rien à faire, une proposition mal comprise aujourd’hui et qui entraîne beaucoup de résignation ; il s’agit plutôt de faire des choix et de prendre des décisions en conscience, c’est-à-dire en nous rappelant de qui nous sommes et surtout en assumant les conséquences de nos choix. Comment s’y prendre ? En s’écoutant, en s’alignant avec l’être, avec une perspective plus grande que l’individu.
Un profond chemin de déconditionnement et d’amour se vit.
Dans votre vision spirituelle nous ne serions pas les créateurs de notre vie, dans le sens auteur, mais plutôt en co-création avec elle. Quelle est la véritable nature de notre relation à la vie.
Je dis toujours que si j’avais dû faire en sorte que ma vie soit comme elle est, je ne sais pas comment j’aurais fait. Mais je n’ai rien fait pour cela, sinon coopérer au mouvement qui m’habitait et le suivre. Ce qui est énorme en soi déjà ! Car souvent cela va à l’encontre de nos croyances ou conditionnements.
Pensez vous que nous sommes tous amenés à vivre cette ouverture de conscience ? Qu’elle est inévitable ?
Je pense que notre véritable nature ne cessera jamais de se chercher et donc ce mouvement de conscience est, à mon sens, inévitable, oui. D’ailleurs on le voit, de plus en plus de personnes vivent des ouvertures de conscience. La raison pour laquelle c’est inévitable, c’est que nous sommes déjà ce que nous sommes. Ce n’est pas un état, c’est notre nature. C’est invisible, imperceptible et donc nous n’en avons simplement pas conscience. Puis, à un moment T, la vie renverse tout et nous fait nous tourner vers l’intérieur, nous poser des questions. Et le chemin commence…
Pour ma part, je sais juste que la mort de mon fils a changé toute ma vie. C’était le retournement. Et aujourd’hui je peux dire que je suis celle que j’ai toujours été et que je suis comme ça depuis toujours, que je suis née comme ça. Les expériences « d’éveil » ont participé à cette reconnaissance. Elles sont venues au cours de ce processus, elles ne sont pas le processus, juste une petite partie. Elles m’ont montré la nature de la réalité, mais ce n’était que le commencement. Depuis cela, un profond chemin de déconditionnement et d’amour se vit, qui à mon sens ne s’arrête pas. Et vraiment, c’est tellement beau à vivre, intense aussi, mais si beau. Aujourd’hui, je me sens plus humaine que jamais et heureuse de vivre davantage chaque jour mon aspiration la plus profonde : aimer de tout mon être.