Le chamanisme, religion racine, nous relie entre ciel et terre.
À l’origine, l’expérience transcendante passe par une ingestion même de la nature, via les substances enthéogènes, pour fusionner avec le Tout et accéder à une métaconscience. Retour aux sources avec Stephan Schillinger, spécialiste du chamanisme et des états modifiés de conscience.
Savoirs ancestraux
GiorgioMorara
Quelle légende phare préside à la création du monde dans la vision chamanique ?
Je ne parlerai pas de « légende phare » mais d’évidentes passerelles entre les mythes et les cosmogonies à travers les âges. Il se dégage des tendances communes de quasiment toutes les traditions chamaniques (la spirale, le serpent, etc.), qui prennent alors la forme d’archétypes. Nous pouvons trouver une tentative d’explication dans les éléments constitutifs de l’espèce humaine, indifféremment des ethnies et des cultures. Cependant, il me semble bien plus judicieux de chercher du côté des plantes et champignons enthéogènes [« inspiré, possédé, rempli du divin », N.D.L.R.] consommés à travers le monde.
Parmi eux, la psilocybine, la mescaline et la DMT – molécules aux structures très proches – ont favorisé, selon plusieurs théories, l’apparition du langage. Les expérimentateurs avisés de ces enthéogènes parlent davantage de l’apparition d’une métaconscience chez le primate (notre conscience de la conscience) à l’aide de ces expériences bouleversantes, qui étaient le quotidien de nos ancêtres ne partageant pas le même mépris que notre société actuelle envers les nourritures spirituelles (champignons à psilocybine, ayahuasca, cactus à mescaline, iboga, etc.).
Comment s’opère l’articulation entre l’ingestion de ces substances et l’éveil spirituel ?
Il se dégage aujourd’hui de plusieurs études scientifiques sur les expériences avec les enthéogènes une forme de consensus quant à la nature de ces expériences : mystique, transcendante, bouleversante, révélatrice, spirituelle, etc. Ce qui peut nous amener à penser que l’expérience en question, et ce, quel que soit l’enthéogène utilisé, permet l’accès à une dimension transcendante, dont la nature converge vers une uniformité, un absolu, en corrélation directe avec la mesure de l’intensité de l’expérience. Il s’agit globalement d’une dissolution de l’ego, qui mène à la perception d’une dimension universelle cachée aux yeux du profane, dont l’architecture est fractale et dont l’origine, qui semble intentionnelle, mène à la perception d’une intelligence du vivant. Intelligence dont nous sommes à la fois le créateur et dont nous faisons intégralement partie. L’humain, qui a besoin de nommer ce qu’il vit pour mieux s’en accommoder, enferme alors ces expériences dans des mythes ou des concepts pour mieux les transmettre. C’est là que nous commençons alors lentement à nous éloigner de l’expérience directe avec le transcendant – qu’à travers les âges et les besoins du moment, nous allons nommer dieu, âme, source, conscience, etc.
Si l’on s’en tient à l’étymologie du mot « religion » (religare, « relier »), le chamanisme est la religion première. Quel est le rôle du chamane dans cette mise en lien ?
Un chamane est une personne qui établit un pont entre les différents règnes et dimensions. Il convient alors de définir ce que sont ces règnes et ces dimensions, et c’est ici, précisément, que l’approche scientifique trouve ses limites. Si elle peut mesurer les états de transe, il en est autrement pour l’analyse du contenu expérientiel de celle-ci, étroitement liée aux capacités de restitution, et donc de communication de l’intéressé. Définir l’expérience chamanique par une approche scientifique revient à vouloir comprendre le temps en démontant une horloge. Le chamanisme, par essence, est l’accès via l’expérience directe à des choses qui ne peuvent se définir en mots, qui ne sont pas accessibles par l’intellect, mais par le ressenti. Ces choses, règnes et dimensions dépassent les notions de mesurabilité et de reproductibilité sur lesquelles repose la démarche scientifique. L’acte chamanique est l’acte religieux lui-même, bien avant que les religions du livre en suppriment les outils d’accès au transcendant, au « divin », que sont les enthéogènes.
Plus spécifiquement, quelles sont les interactions entre les systèmes chamaniques et l’histoire des religions ?
Face à tout cet ineffable, l’humain, dans sa nécessité de comprendre, d’ordonner, de relater, s’est mis à établir des mythes. (...)
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