Nous avons sélectionné quelques nouvelles découvertes et innovations étonnantes. Alors que les plantes nous apprennent qu’elles s’expriment en cas de stress, côté électronique, l’information pourrait avoir une « masse » ; il existe une peinture non pigmentée qui s’inspire des papillons, et enfin, des lunettes communiquent avec les lèvres.
NATURE – les plantes stressées le font savoir
«
Regardez profondément dans la nature, et alors vous comprendrez tout beaucoup mieux », disait Albert Einstein.
Alors qu’il nous arrive d’observer mère Nature, pour en tirer des enseignements, des chercheurs tentent d’approfondir la communication végétale. Ils découvrent que la flore est capable de dire quand ça ne va pas. Si les plantes « entendent » leur environnement, et s’y adaptent – à l’université de Tel-Aviv, on avait déjà prouvé que les fleurs produisent 20 % de plus de nectar en présence d’abeilles –, chaque plante émet une fréquence qui lui est propre. Par ailleurs, en situation de stress, en plus d’être à l’origine de phénomènes observables, comme des changements de forme, de couleur ou d’odeur, elles peuvent diffuser des impulsions électriques à travers leurs réseaux racinaires, pour communiquer la présence d’insectes nuisibles à leurs congénères. Elles seraient aussi capables d’émettre des ultrasons détectables par l’environnement proche. À Tel-Aviv, au cours d’une expérience, des plants de tabac et de tomates ont émis davantage de sons de 20 à 100 kilohertz lorsqu’ils étaient légèrement taillés ou non arrosés pendant plusieurs jours. On a un ainsi détecté chez la tomate 35 cris ultrasoniques par heure sans arrosage, et 25 quand de petites coupes étaient réalisées. Lilach Hadany, qui a dirigé l’étude, confirme celle réalisée par l’INRA de Clermont-Ferrand en 2013 : ce phénomène (la cavitation) est dû à l’éclatement de bulles d’air au sein du système vasculaire des plantes en manque d’eau. Suite à ces travaux effectués en Israël, les scientifiques vont étudier quels végétaux et/ou animaux pourraient être capables d’entendre ces gémissements subtils et d’y répondre en retour. La communication entre animaux et végétaux pourrait se révéler d’une complexité passionnante !
LABORATOIRE – le cinquième état de la matière : l’information
À la vitesse où se développe l’information numérique, il faudra probablement envisager de nouvelles méthodes de stockage. En effet, 90 % des données produites par l’être humain n’ont été générées qu’au cours de la dernière décennie, et d’ici 2245, le nombre de bits pourrait rejoindre celui des atomes de la planète.
À l’université de Portsmouth (Royaume-Uni), le physicien Melvin Vopson pense que l’information pourrait avoir une masse mesurable, et donc être un authentique état de la matière, le cinquième, ou le sixième si l’on prend en compte les condensats de Bose-Einstein. Quoi qu’il en soit, si la masse et l’énergie sont équivalentes (relativité générale) et que l’information est assimilée à l’énergie, elle peut être considérée comme un élément tangible. Avec une masse ? Visiblement, l’information pourrait même se manifester par des interactions gravitationnelles. D’ailleurs, Melvin Vopson explique qu’il se pourrait que la matière noire manquante ne soit que de l’information. Tout ceci restant à prouver, l’hypothèse théorique n’en reste pas moins élégante.
INITIATIVE – des couleurs non colorées (inspirées des papillons)
De la peinture préhistorique à celle utilisée pour les œuvres modernes, en passant par les revêtements des constructions actuelles, de multiples matières et pigments ont été, sont et seront utilisés.
Actuellement, la plupart des colorants chimiques sont réalisés à partir de matériaux toxiques non recyclables. Or, un scientifique de l’université de Floride centrale, le professeur Debashis Chanda, élargit la palette et innove en la matière, grâce à l’élaboration d’une peinture plasmonique. Cette alternative écologique utilise, pour faire de la couleur, un arrangement structurel nanométrique de matériaux incolores, en remplacement des pigments. Inspiré par le vivant, Debashis Chanda explique que «
la couleur structurelle sert de mécanisme primaire de génération de couleur dans plusieurs espèces extrêmement vives où l’arrangement géométrique de deux matériaux généralement incolores produit toutes les couleurs ».
Quand les colorants pigmentaires absorbent la lumière en fonction du matériau, les colorants structurels sont, en quelque sorte, programmés pour absorber ou réfléchir la lumière, en fonction de la géométrie des nanostructures d’aluminium utilisées. Et cela dure ! En effet, le professeur précise que «
la couleur conventionnelle s’estompe parce que le pigment perd sa capacité à absorber les photons ». Il poursuit : «
Ici, nous ne sommes pas limités par ce phénomène. » Cette peinture plus écologique et plus légère serait également une solution énergétique, car elle reste plus fraîche de 1 à 3 °C, en reflétant le spectre infrarouge. De quoi baisser un peu la climatisation en cas de forte chaleur.
INSOLITE – des lunettes qui lisent sur vos lèvres
Parler sans parler pour se faire entendre… par vos lunettes ! Avec elles, vous pouvez contrôler tous vos appareils électroniques en faisant du
play-back conversationnel.
Ces lunettes-sonar imaginées par une équipe de l’université de Cornell (États-Unis) pourraient même être un premier pas vers une solution pour les personnes muettes ! «
Elles pourraient leur permettre de retrouver leur voix », déclare l’un des ingénieurs. Pour l’instant, le concept EchoSpeech capte les mouvements des lèvres via des ondes sonores inaudibles qu’elles émettent, renvoie ces ondes vers des microphones intégrés qui les analysent en temps réel grâce à un algorithme de
deep learning. Trente et une commandes sont paramétrables pour que les lunettes puissent reconnaître une demande, un mot de passe… Il se pourrait même qu’à l’avenir, elles nous permettent de nous passer de nos claviers d’ordinateurs. De quoi pouvoir écrire les prochaines brèves sans les mains !