Tandis qu’une structure monumentale pourrait freiner la fonte du « glacier de l’Apocalypse », les prévisions de l’intelligence artificielle suscitent autant de fascination que les menaces potentielles de virus. Également à découvrir cette semaine : une trouvaille surprenante qui explique comment les êtres humains ont perdu leur queue.
NATURE – pourquoi l’être humain a-t-il perdu sa queue ?
L’espèce humaine a ses raisons d’être – comme elle est – que la raison ignore. Cependant, l’une des singularités qui la distinguent des autres primates a livré son secret : la perte de sa queue !
La disparition de cette partie du corps est survenue il y a environ 25 millions d’années chez nos ancêtres, ainsi que chez le gorille, le chimpanzé et l’orang-outan. Le coccyx étant le vestige de cette extension, c’est une équipe de l’université de New York qui a, pour la première fois, apporté une explication génétique à cette évolution. En effet, les chercheurs ont identifié le gène TBXT comme étant impliqué dans la formation de la queue, en comparant les génomes de singes dotés de cet appendice à ceux qui en sont dépourvus. Chez ces derniers, un fragment d’ADN s’est inséré dans le gène TBXT, entraînant sa version modifiée qui ne produit plus la protéine nécessaire à la formation de la queue lors du développement embryonnaire. La protéine en question est aussi connue sous le nom de
Brachyury (du grec
brakhus, qui signifie « court » et
oura, « queue »). Grâce à des expériences génétiques sur la souris, la confirmation du rôle de la protéine a d’ailleurs été établie. Son absence conduit à une réduction considérable de la taille de la queue, voire à son absence totale. Si cette dernière peut servir à l’équilibre, à la thermorégulation ou afin de communiquer des émotions, l’être humain semble pouvoir se contenter de ses cinq sens, voire de ses sens subtils. Si mère Nature nous a créés tels que nous sommes, la vie moderne accompagnée de la robotique va-t-elle, au fil des siècles, refaçonner notre morphologie actuelle ?
INITIATIVE – le fer contre la fonte des glaces
Il ne tient désormais «
plus qu’à un fil », ont déclaré des spécialistes. Celui que l’on nomme le « glacier de l’Apocalypse » menace de s’effondrer, et de contribuer ainsi à l’élévation significative du niveau de la mer. Parviendrons-nous à éviter ce phénomène ?
Situé à l’ouest de l’Antarctique, le glacier de Thwaites s’étend sur environ 600 kilomètres, avec une largeur de 120 kilomètres et une épaisseur variant de 800 à 1 200 mètres. Historiquement, il déversait environ 50 milliards de tonnes de glace d’eau douce dans l’océan chaque année. Cependant, en raison de l’augmentation des températures océaniques, ce chiffre a presque doublé au cours des 30 dernières années. En 2000, le glacier avait déjà perdu près d’un trillion de tonnes de glace, contribuant ainsi à hauteur de 4 % à l’élévation annuelle du niveau de la mer à l’échelle mondiale.
Ce constat alarmant a poussé des chercheurs de l’université de Laponie et de Cambridge à s’associer pour proposer un projet titanesque dans le but de le préserver : il s’agirait d’ériger un barrage métallique sous-marin de 38,5 kilomètres pour isoler le « glacier de l’Apocalypse » des courants marins chauds qui le fragilisent. Alors que le coût du projet atteindrait les 50 milliards de dollars, ce rideau de fer serait d’abord testé progressivement avant son déploiement. Rappelons qu’environ 97 millions de personnes sur la planète sont susceptibles de faire face à des inondations dévastatrices. Nous pouvons peut-être agir en mettant en place des projets de grande envergure, mais aussi en accomplissant de petites actions, tels des colibris, pour limiter les changements prévisibles de nos côtes.
INSOLITE – l’IA générale avant 2030 et un ver dans l’IA
Le générateur de vidéos d’OpenAI sera disponible cette année pour créer des films à partir de simples scripts de quelques lignes. Si l’intelligence artificielle nous stupéfie par sa créativité tout en stimulant la nôtre grâce aux divers outils qu’elle nous fournit, l’IA pourrait engendrer l’IAG dans trois ans !
En effet, le PDG de SingularityNET, Ben Goertzel, a estimé que l’intelligence artificielle générale (IAG) pourrait voir le jour d’ici trois à huit ans. Cette singularité technologique générerait des systèmes superintelligents qui égaleraient la puissance cognitive de toute la civilisation humaine. La superintelligence pourrait croître grâce aux progrès des modèles de langage. Si cette nouvelle n’est pas forcément rassurante, la suivante l’est peut-être encore moins : des chercheurs de Cornell Tech ont développé un ver informatique alimenté par l’IA. Nommé « Moris II », il se réplique et se propage de manière autonome dans les écosystèmes d’IA connectés. Ce ver génératif exploite une technique appelée « invite adverse autoreproductible », un prompt qui déclenche le modèle d’IA générative pour qu’il produise un autre prompt dans sa réponse. Ce
worm intelligent peut dérober des données et même développer des logiciels malveillants ! Forts de ce constat, les chercheurs insistent sur l’importance de renforcer la sécurité des modèles d’IA pour prévenir de potentielles attaques. Entre la super IA et les virus qui pourraient infiltrer l’IA, l’avenir tombera-t-il sous la coupe d’une puissance informatique ingérable, ou l’homme pourra-t-il garder la mainmise sur la créature numérique qu’il a créée ?
LABORATOIRE – des organes miniatures nés de cellules vivantes
C’est une première ! Des scientifiques ont cultivé des micro-organes à partir de cellules amniotiques vivantes. Cette nouvelle approche ouvre la voie à des traitements plus ciblés contre les maladies congénitales.
Si tous les ans, plus de 300 000 nouveau-nés meurent avant l’âge de 28 jours à cause d’anomalies congénitales, les organoïdes apportent un espoir. Ce sont des versions miniatures d’un organe qui sont fabriquées
in vitro, et qui permettent de mieux diagnostiquer des maladies
in utero. En termes de culture d’organoïdes, les biologistes de l’University College de Londres et du Great Ormond Street Hospital ont réalisé un exploit ! Les chercheurs ont accès à des millions de cellules fœtales. Contrairement aux recherches précédentes qui utilisaient des cellules de fœtus avortés, les scientifiques ont pu isoler, chez douze femmes enceintes, des cellules souches responsables de la formation des organes du fœtus, et utiliser ces précieuses collectes pour cultiver des organoïdes de poumons, de reins et d’intestins.
Les maladies congénitales peuvent alors être étudiées plus précisément, à l’image de la hernie diaphragmatique congénitale (HDC), une malformation qui peut souvent entraîner des décès. D’après le docteur Paolo De Coppi, il s’agit de «
la première étape vers un pronostic plus détaillé et des traitements plus efficaces ».