Chemins de Compostelle

Saint-Jean-Pied-de-Port et autres villages fascinants ponctuant les chemins de Compostelle : marcher vers soi-même, sur les plus belles routes de France.

Ils ont été plus de 300 000, en 2017, à se lancer. Jusqu’à deux mois de marche pour certains, soit un peu plus de 1 600 kilomètres de traversée d’une France sauvage, à la découverte de notre patrimoine historique et spirituel. Au départ du Puy-en-Velay, d’Arles, de Vézelay ou de Tours, les quatre itinéraires sont classés depuis 1998 au patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco.

Le nom de « Compostelle » offre plusieurs voies d’interprétation, toutes nous invitant à la quête. La plus courante dit que Compostelle vient de campus stellae (champ de l’étoile), en référence aux étoiles apparues sur la tombe de saint Jacques. Tout le chemin est d’ailleurs jalonné de villes, localités et cols portant la dénomination d’« étoile ». Une autre interprétation veut que le nom dérive d’un terme alchimique : « compost ». En réalisant le Grand Œuvre dans le chaudron, une « étoile » se révèle au-dessus du mélange, si l’Œuvre est bien exécuté. Quoi qu’il en soit, le chemin de Saint-Jacques nourrit l’imaginaire humain et ravive notre sens de l’aventure spirituelle et nos rêves de transformation.

Bien avant de devenir le premier pèlerinage chrétien du Moyen Âge, le chemin de Saint-Jacques tirerait ses origines de mythologies gréco-latines et celtes. C’est un moine poitevin, Aymeric Picaud, qui décrira en 1140 dans un guide les quatre itinéraires empruntés aujourd’hui. Celui du Puy-en-Velay est le plus connu, peut-être aussi le plus riche à bien des égards. Plusieurs sites d’exception méritent le détour sur sa seconde moitié, à l’ouest…

Première étape : La Romieu, qui tire son nom du gascon roumiou, pour « pèlerin ». Le village a été fondé à la fin du XI^e siècle par un moine allemand de retour d’un pèlerinage à Rome. Il est volontiers surnommé « le village des chats », animal dont on trouve des sculptures partout dans le village. Une légende raconte en effet qu’au Moyen Âge, des chats auraient sauvé les récoltes d’une invasion de rats. La collégiale Saint-Pierre de La Romieu, classée par l’Unesco, est l’un des fleurons du patrimoine gersois, avec ses deux tours qui s’élèvent au-dessus de la ville…

En continuant vers le sud-ouest, nous arrivons à Aire-sur-l’Adour, avec l’église Sainte-Quitterie d’Aire, qui abrite le tombeau de la martyre wisigothe Quitterie. Le lieu, bâti sur le site d’un ancien temple romain dédié au dieu Mars, était vénéré en raison de la présence d’une source, et fut investi d’une dignité nouvelle grâce à la dévotion vouée à la princesse martyre. Depuis le Moyen Âge, des pèlerins affluent de toute part pour adorer les reliques de la sainte. Enfin, la commune de Saint-Jean-Pied-de-Port est une halte pour les pèlerins arpentant le Camino avant de converger vers Saint-Jacques-de-Compostelle. Elle est aussi le point de départ des nombreux pèlerins qui souhaitent parcourir l’étape prestigieuse de la traversée des ports de Cize vers l’abbaye de Roncevaux. Saint-Jean est riche d’un vaste patrimoine historique et architectural : nous pouvons y découvrir la chapelle Notre-Dame du Bout-du-Pont, dédiée à l’assomption de la Vierge, l’édifice gothique le plus important du Pays basque français, après la cathédrale de Bayonne. La cité médiévale conserve d’autres trésors architecturaux, à l’image de sa muraille, enveloppant le cœur historique. (...)