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L’aventure
low-tech

Aujourd’hui, les besoins de solutions écologiques, durables et locales sont de plus en plus nécessaires. Et si le low-tech, qui plus est en partage de savoir, pouvait voyager et transformer les ressources locales ? Rencontre avec Corentin de Châtelperron.
L’aventure low-tech
Sciences

Ta première expérience de navigateur solitaire fut un échec. En quoi cet épisode fut-il fondateur pour la suite ?


Je travaillais au Bangladesh sur la fibre de jute afin de déterminer si nous pouvions en faire des bateaux et remplacer la fibre de verre, moins écologique et plus coûteuse. Avec mon équipe, nous avons conçu un premier bateau – Gold of Bengal – et j’ai décidé de partir six mois dans le golfe du Bengale pour le tester, en mettant en place des systèmes D qui m’auraient permis d’être autonome. Je suis ingénieur, j’aime la technique, et au Bangladesh, où les gens sont sous contraintes, naissent des inventions formidables. Je me suis dit que j’allais tester ce type desystème, qualifié de low-tech. Cela n’a pas vraiment fonctionné ! Mais passer ce temps seul, parfois isolé dans des endroits sauvages magnifiques, était une formidable expérience. Loin de me décourager, elle m’a permis ensuite de monter une association pour trouver des technologies et les faire connaître.


Comment définirais-tu le low-tech ?


À la différence des high-techs, les low-techs sont accessibles d’un point de vue géographique : n’importe qui dans le monde peut se procurer des matériaux pour en réaliser. Elles sont aussi accessibles financièrement et répondent à des besoins primaires, de base. Low-tech ne veut pas forcément dire fait avec du bois, de la terre ou de la paille. Cela peut aussi être des nouvelles technologies, mais accessibles à tous, durables, qui peuvent être réparées...


Ton projet met surtout en avant les « petits ingénieurs » du quotidien, des personnes qui n’ont pas d’autre choix que de développer ces ressources…


En général, les idées venant des ingénieurs professionnels ou des labos échouent lorsqu’elles sont testées sur place. Pourquoi ? Car elles ne sont pas pensées pour le terrain, en fonction des ressources locales, de la culture, de l’économie locale. Alors que lorsqu’une personne est sur place et connaît tous ces paramètres, elle peut plus facilement « designer » une réponse. La valeur ajoutée qu’ont les labos et les ingénieurs n’est pas si forte par rapport à la maîtrise de tous les autres paramètres culturels, économiques, etc. Il y a également un autre élément, c’est que c’est sous la contrainte que l’homme devient vraiment innovant. Un chercheur qui a accès à tout ne sera pas poussé à imaginer d’autres solutions. C’est ainsi lorsque notre frigo est quasiment vide : on invente alors de nouvelles recettes.


Comment diffuser ces solutions auprès de ceux qui en ont le plus besoin ?


Pour toutes ces inventions de génie dans le monde, il n’y avait jusqu’à maintenant aucun vecteur de diffusion. Une bonne idée qui apparaît dans un village ne sera jamais diffusée dans un autre village à l’autre bout du monde, alors que cela pourrait permettre à des milliers de gens de répondre à des problèmes d’accès à l’eau, à l’énergie, à la nourriture, etc. C’est pour cela que j’ai choisi de monter une plateforme collaborative pour diffuser ces tutoriels. Il y a un peu plus de deux ans, nous avons donc décidé de prendre un catamaran, de le transformer en laboratoire et de partir autour du monde à la recherche des meilleures inventions low-tech. Ce qui permet à chaque fois de rencontrer les inventeurs, de tester les inventions et de les diffuser via Internet. Ainsi, nous remplissons notre base de données et faisons connaître ces méthodes dans plusieurs pays. En habitant au Bangladesh, j’ai vu la progression fulgurante d’Internet. Beaucoup de personnes très isolées peuvent y avoir accès aujourd’hui. Mais il est vrai que sans cela, ce projet n’aurait pas pu voir le jour il y a 10 ans…

Corentin de Châtelperron, ingénieur-aventurier
Depuis près de dix ans, il sillonne les océans du monde à la recherche de solutions low-tech d’avenir. Aujourd’hui embarqué avec une équipe sur le catamaran Nomades des mers , qui a vocation à être un écosystème totalement autonome, il a pour objectif de valoriser les savoir-faire les plus prometteurs, adaptés aux ressources locales, et de permettre au plus grand nombre d’y accéder


(…)

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À
propos

auteur

  • Aurélie Aimé

    Journaliste
    Journaliste, réalisatrice et auteure, Aurélie Aimé est spécialiste du monde des spiritualités et de l'écologie. Son parcours professionnel lui a permis d’explorer inlassablement ces sujets et de partager ses découvertes. D’abord, elle a été journaliste et animatrice télé sur M6, spécialiste de « récup’ » et d’ « astuces de grands-mères » pour l’émission 100% Mag. Puis en 2014 elle a rejoint la rédaction de l'INREES, de Kaizen, puis de Natives, entre autres. Elle est l’auteure de plusieurs ou ...
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Inexploré n°40

Au-delà : si la mort n'est pas la fin...

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L'ensemble des phénomènes étranges liés à l’étude de la conscience : expériences de mort imminente, sorties hors du corps, médiumnité... semblent indiquer la survivance de l’esprit ou d’une forme de mémoire. Mais avons-nous pris la mesure de ce que soulève vraiment cette perspective, sur notre psyché, notre société ? Si la mort n’est pas la fin, comment repenser le chemin du deuil, l’épreuve la plus sensible et difficile qui soit ? Vers quelles contrées allons nous au moment du départ ? Si la mort n’est pas la fin, peut-être a-t-elle alors un sens ?
Face à ces questions vertigineuses, la rédaction vous livre dans ce dossier les fruits de ses dernières recherches autour de la grande faucheuse.

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