In extremis. Nous étions en train de mettre le point final à la publication de cette étude inédite⁽¹⁾, lorsque j’ai reçu un message de Fabrice Pascaud. D’une voix voilée d’émotion, l’astrologue m’annonce qu’il a, lui-même, traversé une expérience de mort imminente en 2013. Cette parution le remue et les souvenirs affluent. Il s’interroge donc sur l’opportunité de le divulguer à cette occasion. Je le rappelle aussitôt, et nous en discutons à cœur ouvert : « Jusqu’à présent, je ne me suis confié qu’à de rares proches. Je n’arrivais pas à parler de cette EMI, je n’en avais pas envie… Ça a été tellement fulgurant ! La parution de cette étude est peut-être le kairos : le juste moment pour poser cet événement et le partager ? » Nous convenons que le contexte s’y prête : l’évoquer fera sens, ne fût-ce que pour les trois expérienceuses qui ont accepté que Fabrice Pascaud décrypte leur thème natal, en écho à leur ciel astral lors de l’EMI.

Intérêt prémonitoire ou enquête expérientielle ?

Ce qui est d’autant plus curieux, c’est que Fabrice Pascaud s’intéresse à ce lien entre thèmes astrologiques et EMI depuis les années 1990… bien avant qu’il ne vive cette expérience frontière ! C’est d’ailleurs en l’interviewant sur le terreau de cette étude et la genèse de sa curiosité pour ce sujet original que, peu à peu, cet astrologue a fait la relation avec sa propre EMI. Alors, avait-il un intérêt prémonitoire pour la question, comme s’il lui fallait en passer par là pour mieux l’explorer ? Ou a-t-il mené, en fin de compte, une enquête expérientielle, lui qui a vécu dans sa chair et son ciel astral ce « coup de tonnerre » d’une EMI ? Il ne le sait pas clairement. Mais cette étude – pour lui, comme pour les expérienceuses de notre échantillon – participe, sans nul doute, du long chemin de métabolisation d’un tel événement de vie, hors-norme (voir encadré).

Une extraordinaire lucidité

Pour Fabrice Pascaud, cette EMI est survenue alors qu’il venait d’être lourdement opéré d’un cancer de l’estomac et de l’œsophage, au stade 4. « Le médecin, très cash, m’avait conseillé de prendre mes dispositions… » Après plus de sept heures dans le bloc, la péridurale encore branchée, il vit l’enfer : « C’était la nuit, le transit intestinal s’était remis en route, provoquant des douleurs abominables, sans que je puisse bouger. » Il a beau appeler les soignants, personne ne vient. « La douleur était telle que je suis entré dans une colère noire ! Ça m’a littéralement mis hors de moi : je me suis trouvé propulsé à toute vitesse hors de mon corps, collé au plafond. Je me voyais allongé, sondé de partout. » Au courant de ces phénomènes de sorties hors du corps, Fabrice Pascaud, bien que surpris, n’est pas déstabilisé. Tout à coup, il est « absorbé » dans une spirale : « J’ai été projeté dans la lumière dont tous les expérienceurs parlent. Cette aura est d’une clarté indéfinissable, et j’y étais dans une plénitude indescriptible. Je n’ai ni vu ni entendu qui que ce soit, mais je savais que je n’étais pas seul. Le temps, là, n’existe pas. Je ne sais donc pas combien de minutes cela a duré, mais j’avais envie d’y rester. Le plus incroyable, c’est cette extraordinaire lucidité : j’étais parfaitement conscient ! Je savais que j’étais “passé” ailleurs, mais je ne pensais pas à la mort. Dans cette paix sans contraire, il n’y a plus de douleurs. » D’un seul coup, la spirale s’inverse : Fabrice Pascaud réintègre son corps, au moment où l’infirmier entre dans la chambre. « J’ai été ramené à une vitesse phénoménale… La souffrance a été immédiate. C’est violent, très contrasté comme vécu », témoigne-t-il.

Pluton, à la vie à la mort

Qu’en est-il du ciel astrologique de Fabrice Pascaud, en lien avec son EMI ? Puisque telle était la question dans l’étude qu’il a menée et que nous venons de publier ! Comme les cordonniers sont souvent les plus mal chaussés, notre astrologue ne sait plus avec précision la date et l’heure de l’EMI : il lui est par conséquent difficile d’établir le thème de ce moment particulier. En revanche, on retrouve l’empreinte de Pluton dans son thème natal : le « fameux » Pluton, bien présent aussi chez les participantes à cette étude ! « Je suis double Scorpion. Or, Pluton est la planète de ce signe, gouverneur de la Maison 8, la Maison des morts. Pluton est donc très haut dans mon thème – comme dans celui de Florence Hubert (l’une des expérienceuses de l’étude) qui a un Pluton collé au milieu du Ciel, marquant le destin. » Rappelons que dans la mythologie, Pluton n’est autre qu’Hadès : le dieu des Enfers qui pèse les âmes et les aide à traverser l’Achéron. De ce fait, les questions liées à la mort, à la vie après la mort, imprègnent Fabrice Pascaud depuis l’enfance, et ont sans doute contribué à sa vocation d’astrologue. Peut-être est-ce pour cela qu’il n’a pas opéré de virage de vie post-EMI ? « Je me suis souvent questionné sur le sens de cette EMI, qui n’a pas eu de répercussions significatives sur ma ligne de vie. L’étude que j’ai menée m’a permis de découvrir que cette expérience ne nous libère pas du thème natal, du karma que nous avons à vivre ici-bas. C’est pour cela, d’ailleurs, qu’“ils” te renvoient en bas : tu n’as pas fini de vivre ta propre mythologie personnelle. Cela m’a réconcilié avec cette expérience, dont je ne parlais pas, parce qu’elle n’avait pas de sens pour moi. Je me disais : et après ? J’ai réalisé qu’il n’y a pas d’après : c’est arrivé et cela a un sens en soi. »


(1) Découvrez dans le numéro 62 d’Inexploré l’étude menée par Fabrice Pascaud sur les liens entre EMI et astrologie, au travers des thèmes (de naissance et au moment de l’EMI) de Florence Hubert, Sandrine Kannad et Fabienne Raoul.