Le phénomène du « déjà-vu » est fascinant, mais reste encore mal compris. Plusieurs théories tentent d’expliquer ce qui semble être un bug du cerveau ; même si aucune n’est totalement concluante, des pistes sont élaborées.
Perceptions
2023 Solarisys/Shutterstock
Cela commence à se savoir, notre cerveau peut nous jouer des tours ! Que cela soit dans ses orientations comme dans ses interprétations, un nombre certain de biais cognitifs peuvent « répondre » plus vite que notre ombre, et transformer nos pensées en éléments qui nous échappent. Les sciences cognitives ayant fait aujourd’hui beaucoup d’avancées, nous sommes à même d’en comprendre bien des ressorts.
Il est cependant un « effet » du cerveau qui reste encore assez mystérieux à ce jour. Environ 70 % de la population aurait ressenti cette fugace sensation d’avoir déjà vécu une scène qui est en train de se produire. L’impression a été immortalisée dans la série de films Matrix, en en faisant un bug de la matrice. Ce phénomène est appelé « déjà-vu » dans le langage courant ; en langage scientifique, il s’agit de la paramnésie, du grec para « à côté » et de mnêsios « la mémoire ». Cet « à côté de la mémoire » surviendrait lors d’un léger dysfonctionnement du traitement de l’information, rendant la perception d’une nouvelle situation comme familière. Un « mauvais » classement mémoriel, en quelque sorte. Ce phénomène est d’ailleurs mentionné dès saint Augustin (354-430) dans De la Trinité sous le terme de falsae memoriae ou « fausse mémoire ». Le premier à l’étudier scientifiquement est le Français Émile Boirac qui l’explore dans son livre L’avenir des sciences psychiques, paru en 1917. Plusieurs théories ont découlé de cette première piste scientifique, appuyée par les recherches en neurologie et les études du cerveau, mais aussi, en parallèle, des hypothèses psychologiques et
psychiatriques se sont développées, supplantant la plupart des pistes ésotériques et spirituelles, sans cependant les supprimer.
La piste neurologique
La théorie scientifique suggère que le déjà-vu pourrait être causé par une désynchronisation temporelle entre les différentes régions du cerveau impliquées dans le traitement des informations sensorielles et des souvenirs. Ainsi, il se pourrait que l’information provenant de nos sens arrive à notre cerveau avec un léger décalage par rapport à l’information déjà stockée dans notre mémoire, créant ainsi la sensation de familiarité. Neurologiquement, il pourrait s’agir de perturbations dans le fonctionnement des lobes temporaux du cerveau, qui sont impliqués dans la mémoire, et la reconnaissance des stimuli sensoriels. Le neurologue français Fabrice Bartolomei a découvert que la zone du cerveau limbique, liée à la mémoire autobiographique, serait impliquée dans le déjà-vu. « Cette sensation résulterait d’une inactivation temporaire d’une zone cérébrale nommée cortex rhinal, destinée à repérer les objets nouveaux de l’environnement », écrit-il (Cerveau & Psycho, 2004). Lorsqu’un souvenir immédiat est accidentellement stocké dans notre mémoire à long terme, notre cerveau peut mal interpréter cette information, créant ainsi un « faux souvenir ». Le Dr Jean-Pierre Vignal, du CHU de Nancy, a montré quant à lui qu’il était possible de reproduire la sensation de déjà-vu en stimulant électriquement la zone du cortex rhinal située sous l’hippocampe. Les épileptiques seraient d’ailleurs plus fréquemment touchés par les phénomènes de déjà-vu et sont à l’origine de cette étude effectuée en 2012. Mais une autre étude datant de 2016 et menée en Angleterre a mis en avant l’implication potentielle des aires frontales du cortex qui vérifient la mémoire.
Enfin, les recherches les plus récentes suggèrent que le déjà-vu relèverait plutôt d’un mécanisme permettant de vérifier si la situation présente diffère de nos expériences passées, agissant comme un « filtre anti-faux souvenirs », ce qui témoignerait de la santé du cerveau. Le psychiatre Philip Gerrans avance dans son essai sur l’hyperfamiliarité pathologique(1) que ces anomalies pourraient être liées à des dysfonctions dans le cortex préfrontal dorsolatéral droit et le gyrus fusiforme
droit, qui sont essentiels pour la reconnaissance des visages et la gestion des réponses émotionnelles par l’amygdale. (...)
Journaliste et rédactrice en chef adjointe d'Inexploré magazine
Melanie Chereau est journaliste et auteur de plusieurs ouvrages. Ses thèmes de prédilection sont la spiritualité, la naturopathie et les médecines douces.
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