Dans son dernier livre, Erwann Menthéour nous présente en 10 idées reçues la vérité sur ce qu'il y a dans l'assiette de nos enfants. Un véritable appel à un changement de société et à une évolution des mentalités. Extrait.
Santé corps-esprit
D.R.
À quel moment le cerveau fut-
il élevé au rang de grand
régisseur de notre être ? Difficile à dire. Dans la période
récente, de plus en plus de travaux scientifiques montrent
pourtant que des choses cruciales se jouent aussi au niveau
du nombril. Le bon sens populaire ne s’y était pas trompé :
ne dit-on pas « avoir la peur au ventre », « avoir quelque
chose dans le ventre », « avoir mal aux tripes » ? Pensez-
vous que ce soit anodin ?
Le rôle fondamental de l’intestin
La médecine traditionnelle indienne, l’ayurvéda, ou la médecine
traditionnelle chinoise placent le ventre au centre des
choses. C’est le foyer d’où irradie l’énergie, notre énergie. Les
médecines traditionnelles sont souvent bien mieux à l’écoute
du corps que notre médecine moderne.
Chaque médecine appartient à un contexte culturel. En
Occident, on considère le corps comme une collection d’objets,
d’organes, que l’on traite indépendamment les uns des
autres. Ainsi, le foie d’un enfant sera traité sans forcément
prendre en considération son terrain, son alimentation,
ses autres maux, ses autres organes… et, bien souvent, il
sera aussi traité de la même manière, c’est-
à-dire avec le
même traitement, que celui de tel ou tel autre enfant atteint
des mêmes troubles, sans tenir compte ni de son passé ni
de l’environnement dans lequel il évolue. Je m’explique :
chaque foie évolue dans un milieu dont le pH est conditionné
par l’alimentation. Le foie est une usine de traitement
des déchets. Il ne réagira pas de la même façon selon que
l’enfant consomme des aliments toxiques ou qu’il dispose
d’un fond nutritionnel sain. C’est du bon sens, non ? De
même, le stress auquel chaque enfant est soumis va conditionner
le sang et la lymphe dans lesquels son foie va évoluer.
Or, cette médecine « objectiviste » (occidentale) héritée
des Lumières (Descartes…) traite un organe, une maladie,
mais pas l’origine du mal. À l’inverse, la médecine chinoise
s’intéresse à l’ensemble, aux relations entre les différentes
parties du corps ; c’est une vision holistique. Elle dit que,
pour guérir l’enfant malade, il faut trouver la source de la
maladie, la cause. J’adhère à cette vision pour la simple raison
que chacun de nous est une entité à part entière, avec
son propre héritage, soumise à son propre milieu, et dont
toutes les parties sont interconnectées.
À travers cette approche globale du corps, nous nous apercevons
depuis quelques années de l’importance du ventre
dans la cause de nombre de maladies. Il est le lieu de transit
et de transformation de tout ce que nous ingérons, de tout
ce dont nous avons besoin pour vivre. Il est la ligne de vie
et d’énergie de notre santé.
Joël Doré, directeur de recherche à l’INRA et directeur
adjoint de la très grosse unité Microbiologie de l’alimentation
au service de la santé humaine explique très justement
que, si l’axe de communication du cerveau vers l’intestin via
le nerf vague était bien connu de la science, l’axe inverse
venait d’être démontré par les recherches conduites ces quinze
dernières années. On sait donc désormais qu’il s’agit d’un
dialogue.
Le cerveau peut induire des symptômes, mais, à l’inverse, les
micro-organismes présents dans l’intestin envoient des signaux
vers le cerveau qui peuvent moduler un certain nombre de nos
fonctions cérébrales. Et l’intestin se montre particulièrement
bavard : pour un message envoyé du cerveau à l’intestin,
ce dernier en fait remonter… sept. Le ventre est une vraie
pipelette, en particulier celui des enfants !
Nos intestins contiennent 200 millions de neurones
capables d’établir des communications nerveuses, c’est-
à dire autant de neurones que dans le cerveau d’un chien ou
d’un chat, animaux qui, faut-
il le démontrer, sont particulièrement
intelligents. De leur côté, les micro-
organismes qui sont hébergés dans les intestins fabriquent des tas
de molécules différentes. Une fois dans le sang, celles-
ci peuvent circuler librement dans l’ensemble de l’organisme
et atteindre le cerveau, pour certaines d’entre elles, ainsi
que d’autres organes. L’ensemble de ces micro-
organismes s’appelle le « microbiote ». Autrement dit, nous ne sommes
pas des pyramides régies par un gros encéphale qui dicterait
sa loi du haut vers le bas à tous les autres organes.
Nous sommes un tout. Je dirais même plus : nous sommes
un ventre !
Notre intestin est notre deuxième cerveau
Le Ventre, notre deuxième cerveau, est le titre d’un documentaire
réalisé pour Arte par Cécile Denjean, documentaire
que je conseille à celles et ceux qui veulent aller plus
loin. Michael Gershon, chercheur à l’université Columbia, à
New York, y explique : « Digérer est un processus extrêmement
compliqué ; d’ailleurs, c’est très difficile à reproduire
en laboratoire. Ces 200 millions de neurones ont pour tâche
de décomposer la nourriture en minuscules molécules afin
que l’organisme puisse les absorber et les utiliser pour fonctionner
en les transformant en énergie. Pour faire cela, nous
avons besoin d’une grande puissance nerveuse. Nos deux
cerveaux se ressemblent comme des frères. Système nerveux
central pour le cerveau du haut, système nerveux entérique
pour le cerveau du bas. »
L’origine de ces deux cerveaux séparés réside dans un processus
de délocalisation. Délocaliser, on le sait, c’est transférer
une activité d’un point à un autre, en général pour augmenter
sa productivité. Délocaliser le travail en périphérie s’avère en
effet plus efficace que faire grossir sans fin le centre original de
décision. Il y a de ça entre le cerveau et l’intestin. À Nantes,
le chercheur Michel Neunlist est l’un des experts mondiaux
du système nerveux entérique. Pour lui, dans l’histoire du
cerveau du haut et du cerveau du bas, le cerveau originel,
c’est… l’intestin !
Le cerveau originel
En remontant très, très loin dans l’histoire de la vie, les organismes
primitifs, pluricellulaires, étaient formés exclusivement
d’un tube digestif. Et c’est au sein de ce tube digestif que s’est
développé le système nerveux entérique. La voie évolutive
qui a conduit jusqu’à l’homme est une évolution vers plus
de complexité.
Chez les ancêtres de nos ancêtres, l’encéphale est apparu
en même temps que les yeux et les oreilles. Le fait de voir
et d’entendre s’avéra très utile pour chasser et trouver de
la nourriture. Il fallut ensuite consommer, et imaginer des
manières de transformer les aliments bruts en « carburant ».
La réponse fut trouvée… en pensant. Avec la domestication
du feu. Lorsque la cuisson permit de prédigérer des aliments
non comestibles autrement. C’est en réalité ce que s’évertuent
à faire les neurones et les bactéries logées dans notre
intestin. Ils chauffent notre nourriture à l’aide d’enzymes
pour en extraire les molécules nécessaires à la production
de notre énergie.
La préparation et la cuisson jouent donc un rôle très important
puisqu’elles facilitent cette tâche si importante qu’est la
digestion. Sans cette division des tâches entre intestin et cerveau,
nous consacrerions encore toute notre énergie à digérer,
digérer et digérer encore… décidément, la nature est bien
faite !
Nous avons donc perdu du ventre et gagné du cerveau,
en parvenant à extraire plus d’énergie de nos aliments. Et
si notre cerveau « du haut » existe, c’est pour mieux nous
nourrir. Langage… écriture… technique… technologie… sont
arrivés ensuite. Pour atteindre ce stade d’évolution, l’homme
eut besoin d’un gros cerveau, et celui-
ci est très gourmand en
énergie : près de 20 % de l’énergie que nous produisons, alors
qu’il représente seulement 2 % de la masse corporelle. Cette
proportion est encore plus élevée chez les enfants au début
de la croissance, au moment où le cerveau grandit très vite.
Mais revenons aux deux cerveaux. Pourrions-
nous donc
penser d’un côté et digérer de l’autre ? La réalité est bien
évidemment plus complexe. En réalité, nos deux cerveaux
discutent en permanence et parlent le même langage. Ils utilisent
les mêmes mots.
Petit moment pas trop technique
sur la porosité intestinale
Notre intestin est comme un gros tuyau couvert de poils de
moins d’un millimètre, appelés « villosités intestinales ». Ils
forment une petite moquette compacte. Chaque poil est revêtu
d’une couche de cellules, les entérocytes, qui fabriquent des
enzymes. Ces enzymes ont une baguette magique pour réduire
les protéines en acides aminés, les glucides en sucres simples
et les molécules de graisse en acides gras. Acides aminés,
sucres simples et acides gras sont alors assimilés par les entérocytes
pour commencer leur voyage dans le sang. Ils vont nous
apporter du carburant pour que nous puissions conduire les
enfants à la danse, au judo, que nous leur fassions faire leurs
devoirs et tant d’autres activités qui rythment frénétiquement
la journée des parents.
Entre les entérocytes, il existe des passages très étroits,
de toutes petites ruelles appelées « jonctions serrées ». Ce
sont ces espaces qui contrôlent la perméabilité de l’intestin.
Ils bloquent les molécules insuffisamment digérées par
les entérocytes ; trop grosses, elles ne peuvent pas passer.
Cependant, lorsque les jonctions serrées sont altérées ou
enflammées, elles s’élargissent et laissent passer ce qui ne
devrait pas passer.
Bienvenue dans le langage des neurones
Les neurotransmetteurs sont comme des mots émis par les
neurones. La neurotransmission est le langage des neurones,
et la sérotonine est l’un de ces mots.
Pour le cerveau « du haut », sérotonine veut dire
« bien-être ». Pour celui « du bas », l’intestin, elle rythme
notre transit et régule notre système immunitaire. La plus
grosse part de cette sérotonine, 85 %, est produite dans notre
ventre. Elle agit dans l’intestin, bien sûr, mais, libérée dans
le sang, elle agit aussi dans le cerveau, en particulier dans
l’hypothalamus, qui est une zone de gestion de nos émotions.
Ainsi, le ventre peut lui aussi influencer nos émotions.
Comment est-ce que ça marche ? Une partie de la sérotonine
passe dans le sang et remonte jusqu’au cerveau, comme
un facteur qui, chaque jour, livre le courrier. Une fois dans
le cerveau, la sérotonine est réutilisée par les neurones cérébraux
comme messager pour réguler nos émotions, notre
sommeil, notre anxiété, notre irritabilité, etc., or il se trouve
que l’excès de sucre entraîne un déficit en sérotonine. On
comprend donc aisément que c’est toute cette régulation qui
se trouve perturbée.
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