L’EFT propose de tapoter des points d’acupuncture en répétant des phrases-clés personnalisées. Cela aurait pour effet de nous libérer des sensations, des émotions et des croyances devenues toxiques pour notre organisme.
Santé corps-esprit
Jens Carsten Rosemann (istock)
Assis sur une chaise, vous tambourinez gentiment du bout des doigts sur des points précis de votre visage, du haut de votre corps et de vos mains en répétant une phrase qui résume le problème sur lequel vous voulez travailler. Vous êtes en train de faire une séance d’EFT. Jouer à la fois sur le plan énergétique et sur le plan psychologique. Stimuler des réseaux d’énergie connus depuis des milliers d’années en nommant un problème – afin d’être dans la sensation qu’il réveille en vous – pour le nettoyer. Voilà ce que propose l’Emotional Freedom Technique ; en français : la technique de libération émotionnelle.
L’idée est de se libérer des émotions ou des pensées difficiles, voire handicapantes (peurs, phobies, colère…), et des traumas, en s’appuyant sur la capacité des méridiens d’acupuncture à réguler les blocages énergétiques. Son fondateur, Gary Craig, nous explique : « L’EFT est basée sur la découverte que les déséquilibres dans le système énergétique du corps ont des effets profonds sur la psychologie de la personne. »
Le théorème de base de cette technique est que toute perturbation émotionnelle est due à une perturbation énergétique. Premier postulat : il y aurait un lien entre notre état énergétique et notre psychologie. Deuxième postulat : il serait possible, en agissant sur notre énergie, de rééquilibrer notre psyché.
Si Gary Craig est le fondateur de l’EFT, il convient de rendre hommage à Roger Callahan, le psychologue qui s’est servi en premier du tapotement sur les points d’acupuncture pour traiter ses patients. Toutefois sa « Thought Field Therapy », et les séquences qu’il avait mises au point pour chaque problématique, étaient assez complexes. La contribution majeure de Gary Craig a été de simplifier tout cela pour le rendre accessible
à tout un chacun.
Stimuler le système énergétique pour réguler la psychologie
En Occident, nous travaillons soit sur le corps physique avec la médecine, soit sur la psyché avec la psychologie. Entre les deux, c’est souvent le grand gouffre. Ce que les approches orientales nous disent, c’est que nous avons aussi un corps énergétique qui semble s’insérer entre l’esprit et la matière.
Ce corps énergétique est décrit selon les traditions de différentes façons, est représenté comme étant à la fois intriqué dans le corps physique et entretenant des rapports constants avec la psyché. Les médecines qui résultent de ce savoir sont utilisées dans de nombreuses cultures depuis plus de 5 000 ans.
Si l’utilisation du corps énergétique pour traiter la psychologie peut étonner, c’est qu’en fait, son rôle dans la régulation de notre état général serait essentiel. Agir sur le système énergétique d’une personne semble avoir des effets sur sa psyché. C’est en tout cas sur ce principe que travaillent la centaine de méthodes regroupées sous le terme de psychologie énergétique, et recensées par l’association américaine ACEP : l’Association for Comprehensive Energy Psychology. Dans ce paysage, l’EFT est un arbre majeur, bien qu’il cache une forêt.
L’acupuncture comme atout majeur
L’EFT s’appuie sur une technique énergétique maîtresse : l’acupuncture. Elle propose de tapoter, 6 ou 7 fois, un point par méridien. Les 14 méridiens sont donc stimulés tour à tour, bien qu’il existe des versions de l’EFT qui en utilisent moins. Gary Craig a alors élaboré une séquence-type, facile à apprendre. L’enchaînement des points est toujours le même. Et on fait cela en nommant le problème sur lequel on veut travailler.
La véritable force de l’EFT est donc d’être une technique simplifiée et facile à apprendre. « C’est vraiment une technique simple qu’on apprend en une heure. On se connecte avec une pensée, une émotion, une sensation et on tapote les 14 points d’acupuncture, nous dit Marion Blique, formatrice en EFT et membre de l’ACEP. Elle peut-être utilisée par des thérapeutes, des médecins, des infirmières dans un contexte clinique ou en autotraitement sur des choses relativement bénignes. »
Les points utilisés sont généralement des points d’entrée ou de sortie de méridien, selon leur accessibilité. « L’idée de génie de l’EFT est de postuler que, malgré l’existence de centaines de points d’acupuncture, il suffit de stimuler par tapotements les points d’entrée ou de sortie des méridiens pour obtenir le rétablissement d’une circulation énergétique harmonieuse sur la longueur du méridien », explique le psychiatre Frédéric Rosenfeld, qui fut le premier à introduire l’EFT dans un établissement de soins psychiatriques en France.
Coupler la psychologie avec l’énergétique
Si la technique en elle-même est simple, bien définir sur quoi on veut travailler est aussi une partie importante du processus. Il y a des phrases d’inversion psychologique et des phrases de rappel. « Et plus vous êtes précis dans l’état ou l’événement que vous travaillez, et plus c’est efficace », précise Marion Blique. Il s’agit d’identifier un problème, quel est son nœud profond, la situation initiale qui l’a éventuellement causé. Et de se reconnecter à ce que cela fait en nous. Et c’est là que l’accompagnement thérapeutique fait la différence avec l’autotraitement. C’est toujours mieux d’être accompagné d’un professionnel pour recontacter le difficile. Les recherches sur le trauma montrent combien, quand nous vivons quelque chose de menaçant, notre organisme garde en mémoire toutes les sensations du moment : visions, sons, odeurs, goûts… et les associe à une sensation de stress, voire de danger. Si un jour vous avez été agressé dans la rue à la tombée de la nuit, qu’il y avait une odeur de gazon tondu et que vous êtes tombé sur les mains, il y a de fortes chances qu’à chaque fois que vous vous trouverez dans une rue à la tombée de la nuit, que vous sentiez une odeur similaire ou que vous tomberez sur les mains, vous ayez une réaction de stress.
« En EFT, on travaille sur le couplage d’une mémoire difficile avec une réaction physiologique de stress, explique Marion Blique. Grâce à l’activation des méridiens, l’EFT va détendre la réaction de stress et lier la mémoire traumatique à un relâchement. Il va y avoir un apaisement, des changements physiologiques, le taux d’anxiété va baisser. Cela va permettre un nettoyage de cette mémoire. Par la suite, il y a souvent des changements dans notre façon d’appréhender le monde et nos relations. L’EFT est donc à la fois un déconditionnement et un nettoyage énergétique des croyances et des traumas qui sont inscrits à l’intérieur de nous. »
Du tout-terrain qui gagne le monde
Ce qui est pratique avec l’EFT, c’est que la seule chose dont on ait besoin, c’est de soi-même. Cette technique peut donc se pratiquer en autotraitement dans les endroits les plus insolites. Dans un ascenseur pour les petites claustrophobies, au cinéma si un film réveille une sensation dérangeante, tranquillement dans sa chambre si on veut travailler quelque chose de particulier... Et pourquoi pas en haut d’un arbre si vous êtes monté chercher votre chat et que vous êtes pris de vertige ! Gary Craig a vraiment pensé l’EFT pour qu’elle soit accessible à tous. Son site Internet www.emofree.com, regorge de vidéos et d’indications pratiques en téléchargement gratuit. « Dans sa vision, il voulait donner cette technique au monde, nous dit Marion Blique. Ca lui a quand même causé quelques problèmes car sa technique est parfois mal utilisée. Mais ça, ça peut arriver avec toutes les méthodes. »
Et si l’EFT a un aussi grand succès, ne serait-ce pas tout simplement parce que ça marche ? On sait qu’il y a beaucoup de recherches scientifiques qui démontrent l’efficacité de l’acupuncture. Mais au-delà de ça, il y a maintenant des études menées spécifiquement sur l’EFT. Phobies en tout genre, traumas de guerre, abus divers sont mis à l’épreuve de cette technique. Mais aussi fibromyalgie, douleurs physiques mineures, perte de poids. L’EFT a maintenant atteint les standards de l’APA – l’American
Psychological Association –, comme traitement efficace contre les phobies.
Un psychologue américain, Steve Wells, a par exemple mené une étude avec essais contrôlés randomisés sur des personnes souffrant de phobies de « bestioles », telles que les araignées, les chauves-souris, les serpents… Il a montré que les personnes ayant suivi un traitement avec l’EFT pouvaient s’approcher plus près des bébêtes tant redoutées qu’un autre groupe ayant suivi une méthode de relaxation par la respiration. Et ces résultats étaient toujours valides 6 mois plus tard.
L’EFT gagne véritablement du terrain, dans le milieu médical aussi. « J’ai récemment formé un anesthésiste pour qu’il l’utilise dans la demi-heure qu’il a pour préparer les patients à l’anesthésie, raconte Marion Blique. Souvent, les gens sont très anxieux et cela permet que ça se passe mieux. Il y a tellement d’applications possibles. »
À
propos
auteur
Miriam Gablier
Auteure et journaliste
Titulaire d'un Master de philosophie, de diplômes de thérapie psycho-corporelle et d'homéopathie (Grande-Bretagne), Miriam Gablier s'intéresse particulièrement au potentiel humain et à l'intelligence du vivant.
Ses enquêtes sur les thérapies, la psychologie, la philosophie, la spiritualité et les sciences du vivant, lui permettent notamment de traquer les données se rapportant à la notion de conscience et à la relation corps-esprit.
Miriam Gablier est auteure de Les mystères de la conscience ...
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