Alexandra Beauvais est une cheffe passionnée et engagée, très attachée à l’idée d’associer spiritualité, cuisine et santé. Son crédo : pour bien manger, il faut avant tout apprendre à écouter notre petite voix intérieure. Entre petits plats sans gluten et délices plein de vitalité, elle partage ses conseils pour faire les bons choix alimentaires, et revenir à l’essentiel.
Santé corps-esprit
D.R Alexandra Beauvais
Qu’est-ce qui vous a amenée à vous intéresser au lien entre alimentation, santé et spiritualité ?
L’alimentation est un sujet central dans ma famille, puisque nous sommes cuisiniers sur plusieurs générations. À 15 ans, un événement est venu bousculer ma vie : j’ai subi une agression et expérimenté une EMI (Expérience de Mort Imminente). De l’ « autre côté », on m’a montré la notion de choix et de libre arbitre, ce qui aura un impact tout au long de mon parcours. À l’époque, j'hésitais entre m’orienter vers la photographie, la cuisine et l'herboristerie. Mais désormais en fauteuil roulant, sans aucune garantie de remarcher, j’ai passé beaucoup de temps dans des centres de rééducation. Puisque je ne pouvais plus marcher correctement, j'ai opté pour le métier d’éducatrice spécialisée pour personnes handicapées mentales, et j’ai pu intégrer l’alimentation comme support thérapeutique. Je me suis alors faite une promesse : si je retrouve un jour ma mobilité, je passe mon CAP de cuisine. Et c’est ce que j’ai fait, presque 10 ans après mon agression. Entre autre moment marquant, en 2008 j’ai été diagnostiquée cœliaque, intolérante au gluten. J’ai cru que tout s’écroulait… Mais cela a été l’occasion de transformer ma cuisine selon ce nouveau paramètre. J’oriente aujourd’hui mon activité en intégrant et en assumant l’ensemble de mes valeurs : je propose des week-ends bien être axés sur la cuisine, la méditation et la spiritualité.
Beaucoup de régimes santé sont mis en avant aujourd’hui, il y a de quoi être perdu. Que faut-il manger pour être en bonne forme ?
Il a beaucoup été question des régimes méditerranéens. Effectivement, on s’aperçoit qu’une assiette « idéale » pour un plus grand nombre, c’est au moins la moitié de légumes, 1/4 de céréales, et 1/4 de produits d’origine animale ou légumineuses. On n’oublie pas les fruits à coques et les bonnes huiles pour les omégas 3, et quelques fruits à consommer avec de la modération, car ils sont riches en sucre. Il existe aussi quelques principes de base : pour un meilleur sommeil, il est préférable d’éviter les protéines et le sucre le soir. Pour le petit déjeuner, mieux vaut consommer protéines et lipides, et éviter jus de fruits et céréales… Chaque période de notre vie résonne aussi différemment, nos besoins changent à chaque phase clé, tout cela est à prendre en compte. C’est une base, mais on sait que notre microbiote, tout comme notre ADN, est unique. Un régime qui vaut pour quelqu’un ne conviendra pas à son voisin. Pour cette raison, je conseille aux gens de s’écouter…
Justement, comment nous mettre à l’écoute de nos besoins alimentaires ?
La pratique de la méditation et de la pleine conscience en lien avec les produits alimentaires aide beaucoup. Elle permet de mettre tous les sens en éveil, tout devient alors plus clair, et ce qui est bon pour nous nous paraît évident. Lorsque j’accompagne des individus à découvrir cela, nous commençons par un exercice de relaxation. Puis je fais travailler tous leurs sens, en terminant par celui du goût. Pour les surprendre, je leur propose souvent de déguster un chocolat à 99 % de cacao. Après ce travail de recentrage en amont, les gens sont étonnés d’aimer un produit à la saveur très prononcée, qu’ils n’appréciaient pas d’habitude. La méditation, c’est tout sauf rester statique, c’est apprendre à regarder tout ce qui vient du point de vue du cœur.
Y a-t-il une alimentation qui favorise l’épanouissement personnel et spirituel ?
Avant de méditer ou de faire du yoga, il faut éviter de manger, et s’hydrater avant et après la pratique. Concernant ce qu’il faut ou non consommer, il existe plusieurs points de vue. Chez tous les peuples, on retrouve l’idée que nous devenons ce que nous mangeons. Pour les Massaï, un peuple guerrier d’Afrique, manger un animal revient à incorporer son âme. Pour cette raison, ils ne consomment pas de hérissons, car lorsque ce dernier a peur, il se rétracte. En anthropologie ou en sociologie on parle de « pensée magique ».
Pour certaines spiritualités, la violence est à proscrire, il ne faut pas tuer d’animaux. Même si mes recherches tendent tout de même à favoriser un régime végétarien, je me garderais bien de faire des préconisations. Je ne mange presque plus de viande, mais il m’arrive après une méditation profonde de ressentir un besoin de viande rouge, et de me rendre compte que dans une période de fatigue, j'ai tout intérêt à écouter ce que dont mon corps à besoin. Nous sommes des êtres spirituels venus nous incarner, expérimenter avec ce qui est disponible sur terre. Je pense qu’il est important d’éviter les dogmes, de s’écouter, et si besoin d’aller voir un professionnel pour personnaliser notre alimentation. Selon mon expérience acquise lors de retraites spirituelles, les maîtres ne vous diront jamais quoi manger, mais vous conseilleront d’écouter votre cœur.
La vitalité d’un aliment est-elle un critère important ? Comment l’optimiser ?
Pour faire monter notre taux vibratoire, on dit qu’il faut manger des aliments riches en vitalité, et privilégier le cru. Mais si nous ne le digérons pas, cela aura l’effet inverse ! Manger des crudités - toujours en début de repas - est essentiel pour la mastication (la salivation entraîne une pré-digestion, d'où l'importance de mastiquer), et l’apport en vitamines. Mais je suis très vigilante concernant les régimes crudivores, qui ne sont pas adaptés à tout le monde.
Je prône l’écoute de soi, et de nos sens. En hiver, notre corps a besoin de se mettre au repos, mais à l’arrivée du printemps, il faut se synchroniser avec la nature : la sève remonte, les jeunes pousses émergent… C’est le bon moment pour consommer la sève de bouleau, manger des graines germées (j’en ajoute sur une soupe avec quelques algues par exemple), ou même jeûner pour nettoyer son organisme, avec une supervision médicale. On peut aussi faire appel au reiki ou à tout autre pratique énergétique pour vitaliser un aliment. Dans tous les cas, mieux vaut manger un bon barbecue dans la joie, que de s’imposer de manger des graines sans plaisir, uniquement pour « rentrer dans le cadre ». Cette notion de plaisir est fondamentale, centrale. Notre microbiote interagit sans cesse avec notre cerveau, tout est connecté.
À
propos
auteur
Aurélie Aimé
Journaliste
Journaliste, réalisatrice et auteure, Aurélie Aimé est spécialiste du monde des spiritualités et de l'écologie. Son parcours professionnel lui a permis d’explorer inlassablement ces sujets et de partager ses découvertes.
D’abord, elle a été journaliste et animatrice télé sur M6, spécialiste de « récup’ » et d’ « astuces de grands-mères » pour l’émission 100% Mag. Puis en 2014 elle a rejoint la rédaction de l'INREES, de Kaizen, puis de Natives, entre autres.
Elle est l’auteure de plusieurs ou ...
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