Le 26 décembre 2004, un tremblement de terre sous-marin déclenche le plus grand tsunami du début de siècle, entraînant avec lui près de 300 000 morts. Comment vivre lorsque l’on a survécu à un tel traumatisme ?
Art de vivre
Dean Dorat
Le 24 décembre 2004, Dean Dorat et son compagnon Jaimie atterrissent au Sri Lanka pour deux semaines de vacances. Dès les premières heures, la magie opère : le bruit des vagues, la quiétude de la nature, la chaleur humaine des habitants. « Ce soir-là, je regardais une famille jouer au bord de la piscine. J’ai ressenti un bouleversement profond, le désir d’avoir un enfant, moi qui commençais à y penser », raconte Dean qui observe une petite fille, prénommée Isabella. Mais le matin du 26 décembre, sous un ciel magnifique, alors qu’ils sont attablés au restaurant de l’hôtel, planifiant la suite de leur voyage, de l’eau se répand sous leurs pieds : « Une pellicule fine recouvrait le sol, à peine visible. Mais elle progressait bien trop vite. Jaimie a réagi avant moi : “Viens !” m’a-t-il crié. » Dean hésite une fraction de seconde à récupérer les clés de la chambre. « Quand j’ai entendu son cri : “Cours !”, j’ai compris que nous n’avions pas le choix. » Le couple trouve refuge sur le balcon d’un bungalow, rejoint par d’autres touristes. « Ce que j’ai vu alors est indescriptible. Une masse d’eau immense fonçait vers nous, déchaînée, brisant tout sur son passage. C’était comme un millier de chevaux lancés à pleine vitesse. » L’eau monte inexorablement. « Nous avons été certains, à cet instant, que nous allions mourir. Nous nous sommes dit au revoir… » Cependant, Dean ne veut pas s’y résoudre. Avec force, elle appelle son père et sa grand-mère décédés quelques années auparavant, comme pour se relier à eux. L’océan, après avoir tout balayé, semble suspendre son déferlement.
« Brusquement, la vague s’est retirée, nous laissant désemparés au milieu des ruines. » Ce répit est de courte durée. « Quelqu’un a crié : “Une autre vague arrive !” » Une fuite s’organise vers un palmier providentiel, permettant au groupe de rejoindre un rebord de toit à l’abri des eaux. Les survivants attendent, hagards. « Quand l’eau s’est enfin retirée, nous avons compris que tout était détruit. L’hôtel n’était plus qu’un amas de débris. » Des hommes sri-lankais, bravant le danger, viennent les secourir. « Leur instinct de solidarité était bouleversant. Ils nous ont guidés vers la route, nous ont offert un abri, de la nourriture, un sarong. »
Dean et Jaimie finissent par atteindre Colombo, où l’ambassade française les prend en charge. En regardant les images diffusées sur des écrans de télévision, ils comprennent l’ampleur de la catastrophe qu’ils viennent de vivre. Le retour en Europe est chaotique. « Sans passeport, en maillot de bain et sarong, nous étions mêlés à des orphelins, des familles décimées, dans un flot de détresse infinie. Quelques jours plus tard, j’ai appris la mort d’Isabella… » Dean se pose une question obsédante : pourquoi a-t-elle survécu ? Une interrogation qui ne la quittera jamais, la culpabilité du survivant. Vient ensuite le chemin de reconstruction : passer par la thérapie, l’hypnose, « car le tsunami a réveillé d’autres tsunamis que j’avais vécus dans mon enfance, qui étaient bien enfouis dans des tiroirs. J’en avais conscience, mais j’étais convaincue que je les maîtrisais très bien, alors qu’en fait, pas du tout. » Après ce parcours, Dean témoigne : « Je n’aurais pas été la personne que je suis aujourd’hui si je n’avais pas vécu cela. » Un réveil spirituel se produit aussi : « Avec les années, je me suis de plus en plus passionnée pour les ancêtres j’ai ce besoin de continuer à faire vivre ceux qui ne sont plus là et leur rendre une forme de légitimité. » Aujourd’hui, elle compose des tableaux avec des photos d’ancêtres et vit sa spiritualité au quotidien.
Vingt ans ont passé. Un lien indéfectible unit encore Dean et les parents d’Isabella, qu’elle a retrouvés. « Ils m’ont appris qu’il n’y a pas de réponse à la question du “pourquoi”. Il ne reste que la vie, et la façon dont nous choisissons de l’honorer. »
Journaliste et rédactrice en chef adjointe d'Inexploré magazine
Melanie Chereau est journaliste et auteur de plusieurs ouvrages. Ses thèmes de prédilection sont la spiritualité, la naturopathie et les médecines douces.
Elle pratique le bouddhisme depuis plus de 17 ans, est formée en Reiki et en aromathérapie. ...
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Inexploré n°66
Inconscient
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