Méconnue du grand public, l’alexithymie est de plus en plus étudiée par la science des émotions. Cette incapacité à identifier et verbaliser ses états émotionnels rend les alexithymiques plus vulnérables aux troubles somatiques et cognitifs. L’émotion est un signal. Ne pas arriver à la lire peut être lourd de conséquences pour la santé et le relationnel...
Perceptions
GETTY IMAGES/CHEN LIU/EYEEM
« J’ai envie d’avoir pitié de quelque chose, l’envie qu’il pleuve là-dedans, qu’il se mette enfin à pleuvoir et que ça sente la terre, les choses vivantes », écrivait Julio Cortázar dans Marelle. Tant il est vrai que les émotions tissent la trame vibrante de la vie humaine. C’est un ami qui m’a parlé pour la première fois d’alexithymie... Il venait de poser des mots, en thérapie, sur ce trouble qui l’affecte. Sa compagne l’avait quitté, lassée, disait-elle, par son apparente (in)différence, qu’elle assimilait à un manque d’empathie, de fantaisie. Lui-même souffrait de ne pas arriver à exprimer ses sentiments, ses ressentis. Désemparé, il s’était mis à boire.
Ce qui n’a fait qu’accentuer sa confusion. Car les alexithymiques ne sont pas insensibles, mais plutôt confrontés au « silence des émotions »(1) . « Les études montrent que les personnes alexithymiques sont réactives à toute une série d’aspects émotionnels, mais c’est dans le traitement qui suit que cela pose un problème », précise Olivier Luminet, directeur de recherche au FNRS et professeur de psychologie des émotions et de la santé à l’UCLouvain et à l’ULB, en Belgique(2). Depuis vingt ans, ce spécialiste de l’alexithymie mène des recherches sur le sujet, suivant symboliquement les traces de son père, Daniel Luminet, l’un des pionniers de ce concept, dans le sillage du courant de la médecine psychosomatique.
Les alexithymiques ne sont pas insensibles, mais plutôt confrontés au « silence des émotions ».
Magma émotionnel
Oui, les alexithymiques ressentent des émotions. Des tests physiologiques en témoignent : accélération du pouls, sueur qui perle... Mais comme le mot « alexithymie » l’indique littéralement, ils font face à une absence de mots pour appréhender et décrire leurs émotions. Même si ce trait de personnalité interpelle les spécialistes de la psyché depuis les années 1930, ce néologisme a été proposé par Peter Sifneos en 1973 dans un article fondateur, où ce psychiatre pointe le rôle joué par les émotions et leur (non) expression dans la genèse des troubles psychosomatiques. Il définit l’alexithymie comme un « déficit de l’affect », observant chez les patients souffrant de maladies psychosomatiques un blocage entre les ressentis et la capacité a posteriori de les analyser et de les formuler.
L’alexithymie est également associée à un style cognitif pragmatique, utilitaire, tourné vers les événements extérieurs et les éléments factuels, avec un univers fantasmatique réduit à peau de chagrin – ce que le neuropsychiatre et psychanalyste Michel de M’Uzan appelle « la pensée opératoire ». « Les alexithymiques sont pris dans un magma émotionnel, avec une difficulté à distinguer des états précis. Ce sont des gens qui vont vous dire : je suis mal, je ne me sens pas bien... mais sans parvenir à élaborer au-delà de ça. Or, si on n’arrive pas à concevoir dans sa tête ce que l’on ressent, il est logique qu’il soit difficile de l’exprimer après aux autres », précise Olivier Luminet. (...)
Après avoir aiguisé son art journalistique en qualité de rédactrice en chef de divers magazines belges, Carine Anselme décide un jour de ne plus tremper sa plume que dans ce qui la touche au plus profond de son être et qu’elle rassemble sous le vocable « écologie humaine ».
De « Psychologies magazine » (édition belge) à « Bioinfo », en passant par « Gael », « Nest » ou encore « Terre Sauvage », elle est devenue une journaliste incontournable sur tous les sujets qui touchent aux médecines altern ...
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Inexploré n°48
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Pour cette rentrée particulière, Inexploré mag. vous propose de mettre en lumière la roue des émotions, étape indispensable pour mieux vivre le vortex de changements individuels et sociétaux que nous traversons…
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