Historiquement, les premiers vestiges de cartes à jouer sont retrouvés en Italie. Elles appartenaient aux Mamelouks, commerçants d’origine du Moyen-Orient – Égypte, Syrie et Arabie – présents en Europe dès 1250. Comprenant des symboles comme les coupes, les épées et les bâtons, que l’on retrouvera plus tard sur le tarot, ces cartes viendraient sans doute de Chine, d’où sont issues des reliques datant du Xe siècle. Apparaît aussi en Italie, autour du XIVe, un jeu de cartes avec des personnages : un roi, une reine et des maréchaux ainsi que des cartes à points, tous accompagnés de symboles. Sans doute associé à des jeux d’argent, il semble qu’il y ait cependant « des bons et des mauvais emblèmes. Cette information est en soi fort intéressante, car elle introduit déjà l’idée d’images considérées comme positives ou négatives » , explique l’historienne Isabelle Nadolny. Ensuite, on trouvera des traces de la cartomancie en Espagne dès le XVe siècle, et en Italie au XVIe siècle chez certains auteurs comme chez Pic de la Mirandole et Francesco Marcolini.
Mais c’est surtout au siècle des Lumières, en France, qu’elle commence son essor. Un certain Jean-Baptiste Alliette publie un ouvrage sur son art divinatoire de 32 cartes, Le petit Etteilla ou L’Art de tirer les cartes, en 1753. De son côté, Antoine Court de Gébelin propose l’interprétation du tarot de Marseille, issu de l’Égypte selon lui, même si ses symboles relèvent davantage de la chrétienté – le Pape, la Justice, le Jugement, etc. « Les recherches consacrées aux sources de la cartomancie ont conclu que les images des différents tarots ont pour origine le tarot de Marseille. Il est l’ancêtre, celui par qui les meilleures intuitions arrivent », raconte le spécialiste Frédéric Maisonblanche.

La spécificité du tarot

Bien que ses origines soient encore floues, le tarot de Marseille est sans doute le jeu le plus ancien et le plus complet, dédié essentiellement à la divination, l’art de prédire les chemins potentiels de chacun. Il a inspiré de nombreux auteurs qui s’en servirent et le remanièrent, comme Eliphas Lévi qui en fit un objet d’occultisme, ou Papus qui le mêla à la Kabbale, à l’alchimie, à l’astrologie ou encore à l’hermétisme. D’autres en firent des versions plus personnelles encore utilisées, comme Oswald Wirth et l’association Rider-Waite-Smith au début du XXe siècle. Plus proche de nous, Alejandro Jodorowsky a rendu célèbres ses tirages et ses actes psychomagiques dérivés de l’intuition et du langage inconscient, dont le tarot est l’inspirateur. Autant le tarot est un oracle, autant les oracles ne sont pas tous des tarots.
Aujourd’hui, de nombreux auteurs et illustrateurs ont créé leurs propres tarots, qui ne répondent à l’appellation que s’ils respectent les bases suivantes : 78 cartes réparties en 22 archétypes universels que l’on nomme les arcanes majeurs, 40 cartes conceptuelles qui représentent la « vie quotidienne », regroupées en séries (initialement les coupes, les bâtons, les deniers et les épées), ce sont les arcanes mineurs. Il reste 16 cartes de « cour» représentant des personnages et qui sont aussi des arcanes mineurs.
« Le tarot est un merveilleux outil universel pour la connaissance de soi et le développement personnel, mais il est difficile à maîtriser. C’est un outil mystérieux et complexe. Aussi, c’est – entre autres – pour cette raison qu’on l’associe plus facilement à la voyance. Car le tarot a cette double fonction : il peut être utilisé à des fins prédictives ou/et pour apprendre à se connaître et évoluer vers la voie de la conscience » , explique la spécialiste Eve Korrigan, créatrice et testeuse de jeux, « révéler tous les secrets du tarot est une quête d’une vie, car découvrir les lames du tarot, c’est amorcer une quête initiatique à la découverte de soi. Le tarot allie à la fois langage universel et personnel, conscience collective et personnelle, tout en levant le voile sur nos propres parts d’ombre. Néanmoins, aujourd’hui, tout le monde peut commencer cette quête. Un débutant sera simplement au début du voyage. »

Les jeux traditionnels : Belline, Lenormand…

Du côté des jeux célèbres, nous retrouvons le fameux Lenormand, créé par celle qui fut nommée la Sibylle de la Révolution puis de l’Empire. La voyante Marie-Anne Lenormand, qui aurait prédit la mort de Marat et de Robespierre, puis une bonne partie de la vie de la cour de Bonaparte, nous a laissé un jeu complexe et riche. Inspiré notamment de la mythologie, des plantes et des astres, le jeu propose une lecture autour d’une carte « consultant » et d’établir des correspondances. Au XIXe siècle, un voyant appelé Edmond fabrique un oracle qui restera ensuite en sommeil pendant près de cent ans. C’est un autre voyant, Belline, qui le remettra au goût du jour dans les années 1960 et qui lui donnera son nom. Jeu également complexe, il est dit que le Belline a son propre égrégore auquel on se connecte, il nous permettrait d’entrer dans une chaîne spirituelle bienveillante et bénie. Le jeu est composé de 53 cartes dont une bleue, les autres sont réparties par des « protecteurs astraux ». Véritable jeu de conseil, il permet de dresser un plan sur ses projets, de découvrir les obstacles et les freins pour parvenir à ses objectifs. À mi-chemin entre voyance, aide et cheminement personnel, ces oracles constituent les premiers pas vers la possibilité de se transformer à leur contact.

Le choix et l’utilisation

« L’idée commune selon laquelle oracles et tarots seraient uniquement destinés à la voyance commence à disparaître. Aujourd’hui, on se rend compte qu’il existe un très grand choix de jeux avec des thèmes et des objectifs très divers.
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