Chaque jour, des milliers de personnes se retrouvent au seuil de l’après-vie. À l’heure où une majorité de Français meurent à l’hôpital, parfois seuls et perdus, accompagner ce temps de transition relève de notre humanité, et d’une question sociétale fondamentale : comment œuvrer pour une fin de vie heureuse ?
Fin de vie
Getty/Reb Images
Ce matin d’automne, Flavie, bénévole en soins palliatifs, pousse comme à son habitude la porte battante du service. Dans ces chambres à la lisière des mondes, le temps s’égrène au rythme des machines, et des allées et venues. Flavie est là simplement pour continuer de tisser avec le mourant la trame des vivants. Un regard, une main posée suffisent parfois pour oser le grand saut. « Certaines personnes attendent ma venue pour partir… », confie-t-elle.
Flavie a elle-même frôlé la mort trois fois, et a rapporté de ses EMI (expériences de mort imminente) des dons lui permettant d’être un relais entre les mondes. Flavie, mais aussi Éric et Yves sont les témoins privilégiés de ce qui se joue au moment du départ. Quels enseignements tirent-ils de ce qui est à l’œuvre au moment fatidique ?
Le cheminement de l’âme
Éric Dudoit est psychologue et théologien, responsable du service d’accompagnement de fin de vie de l’Hôpital de la Timone à Marseille. Précurseur, il a créé en 2005 l’Unité de soins et de recherche sur l’esprit. Sa vocation ? Offrir aux patients une prise en charge qui englobe la totalité de l’être : corps… et esprit ! Il explique que sur ses temps d’accompagnement, il utilise la méditation pour passer « d’une conscience d’objet à une conscience d’attention ». À ce moment-là, il arrive des choses
« extraordinaires » : « Je vois que la personne est attendue de l’autre côté du voile, par des gens ou des êtres autour d’elle. » Le thérapeute a constaté que les étapes qui conduisent à la transition sont souvent les mêmes. « Généralement, le sujet va atténuer les liens
qu’il avait avec ses proches, dans un souci de préservation de lui-même et de l’autre. Il va ensuite choisir dans l’équipe soignante quelqu’un avec qui le transfert sera très fort. On avait demandé à un lama de donner un cours sur la vision bouddhiste de la mort. Selon cette approche, les sens s’en vont ainsi les uns après les autres », nous livre-t-il.
Pour Flavie, la transition est littéralement palpable : « Au moment de la mort, je sens comme de l’eau qui monte le long de mes jambes, puis un parfum très frais. L’âme
quittant le corps peut se manifester sous la forme d’une petite fumée gris perlé. Beaucoup de médecins et d’anesthésistes la voient, mais n’en parlent pas. » Comme elle l’a constaté, certaines personnes passent par un sas de transition qu’elle nomme « trépas », et qui se matérialise d’après elle par une
bande lumineuse blanche, où se rend la personne s’apprêtant à quitter définitivement son corps. L’amour reçu au cours de l’existence, et l’amour de ceux qui sont
« de l’autre côté » soutiennent le
mourant au moment du passage,
de la même manière qu’à la naissance, les mains de la sage-femme et des parents accueillent le nouveau-né. Lors de notre naissance à l’au-delà, les miracles ne sont pas rares, comme en témoigne Flavie : « Je me souviens qu’au moment de son dernier souffle, un mari a dit à sa femme qu’il l’aimait. Son corps est alors devenu brillant, couleur or, et son épouse voyait elle aussi ce halo lumineux. Je me souviens aussi d’une dame, muette depuis des années, qui au moment de partir m’a parlé. Elle a dit “Enfin, je le vois !”… »
Une fois la personne passée définitivement de l’autre côté, nous touchons à l’insondable mystère… Un élément revient toutefois souvent : les défunts seraient sensibles au traitement de leur corps. Éric Dudoit explique ainsi qu’« au début, il nous faut du temps pour comprendre qu’on n’est plus cette personne incarnée ; on a l’habitude de cette vieille image et besoin que du soin lui soit apporté. Ici [dans son service, NDLR], on prend soin, on continue de parler à la personne, et si on doit faire les premiers soins corporels, on le fait “en conscience”. Il ne faut rien de plus qu’être là pleinement. »
Journaliste, réalisatrice et auteure, Aurélie Aimé est spécialiste du monde des spiritualités et de l'écologie. Son parcours professionnel lui a permis d’explorer inlassablement ces sujets et de partager ses découvertes.
D’abord, elle a été journaliste et animatrice télé sur M6, spécialiste de « récup’ » et d’ « astuces de grands-mères » pour l’émission 100% Mag. Puis en 2014 elle a rejoint la rédaction de l'INREES, de Kaizen, puis de Natives, entre autres.
Elle est l’auteure de plusieurs ou ...
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