Face à l’urgence climatique et à une crise sociale profonde, l’habitat groupé
et la société collaborative prennent de l’essor. Comment trouver un mode de vie plus sobre et relié, mais qui reste désirable ? Vie en communauté, partage de jardin, prêt d’une pièce de sa maison contre services, les possibilités sont nombreuses et ne demandent pas le même engagement...
Art de vivre
Shutterstock/Rawpixel.com
« Cela change tout de rentrer chez soi et de croiser des personnes avec qui vous avez construit votre maison. Une gratitude réciproque et une connivence se mettent en place, c’est du carburant au quotidien. Mes enfants adorent aussi ce mode de vie qui leur permet une plus grande liberté », partage Damien Artero, auteur et réalisateur, qui expérimente la vie en habitat partagé depuis plusieurs années. Si Damien a opté pour un mode de vie engageant, il existe aujourd’hui de nombreuses manières de « vivre ensemble », qui s’ajustent à nos valeurs, et au temps dont nous disposons.
L’habitat groupé, sous forme d’écovillage, d’écohameau, d’écoquartier ou de coopérative d’habitants, est sans doute l’une des incarnations les plus radicales de cette philosophie du partage. Ensuite, outre la classique « colocation », depuis quelques années on voit fleurir sur Internet des plateformes de logement intergénérationnel. Concrètement, des jeunes de moins de 30 ans disposent d’une chambre chez une personne âgée, en échange d’une participation financière, de menus services, ou d’une présence régulière. Enfin, entre autres possibilités, le « logement contre services » est un type alternatif de location permettant à un propriétaire ou à un locataire (avec accord du propriétaire) de mettre à disposition tout ou partie de son « chez-soi » gratuitement, en échange de services rendus.
Aujourd’hui, la vie de partage prend des formes multiples, qui s’incarnent tout autant dans un cadre citadin que rural. Quels en sont les piliers, les avantages et les défis ? Pour Damien, l’envie d’« habiter autrement » a germé au cours de ses voyages : après 2 ans et demi sur les routes, nourri de l’hospitalité des communautés et tribus croisées, il a consacré un film(1) au sujet. « À l’époque, nous avons passé deux mois à vélo, avec nos deux filles en bas âge dans une remorque derrière notre tandem, à séjourner dans des écovillages du nord de l’Espagne. Après que des villages ont été désertés sous Franco, dans les années 1960-70 des gens issus des mouvements hippies se sont approprié les lieux. Vingt-cinq ans après, ces réseaux subsistent, et certains fonctionnent très bien ! Ils sont parfois en quasi-autarcie, et ont mis en place un mode de vie collectif structuré, non hiérarchisé, avec des outils faciles tels la CNV (communication non violente), les cercles de parole, le partage des tâches... » Au retour de ce voyage très riche d’un point de vue humain, la famille se sent équipée pour monter elle-même des collectifs et les gérer. Après une première expérience d’habitat groupé, Damien a créé une association et un collectif avec deux autres familles qui partagent la même vision : « Nous avons démarré l’autoconstruction d’un habitat groupé, et emménagé au printemps 2021. »
Réinventer la tribu ancestrale
Parfois, vivre ensemble prend des allures de village ! Le Hameau des Buis, un écovillage pédagogique et intergénérationnel, est une aventure humaine de grande ampleur implantée au cœur de l’Ardèche, qui prospère depuis près de 15 ans. Portée par Sophie Rabhi, la fille du paysan-philosophe Pierre Rabhi, c’est un lieu pédagogique, écologique et intergénérationnel qui comporte une école, des habitations, une structure d’accueil, une ferme, le tout en symbiose avec la nature. Aujourd’hui, plus de 55 habitants font vivre l’écohameau et 80 enfants y sont scolarisés. L’initiative est marquée de la conscience que le facteur humain est la clé de voûte d’un vivre-ensemble harmonieux. Son éthique s’incarne dans un triptyque : respect de soi, de l’autre, et de la nature. « Il y avait l’envie et la motivation très forte de proposer aux enfants un nouvel exemple de vivre-ensemble, proche de la terre et de la nature, en intelligence avec celle-ci, pour cesser d’être des prédateurs qui tirent parti sauvagement des ressources à leur disposition », confie ainsi l’initiatrice du projet (source : vidéo On passe à l’acte).
À l’instar du Hameau des Buis, le projet Existence B, porté entre autres par le formateur et conférencier Alexandre Boisson, est une initiative humaniste engagée, axée sur le vivre-ensemble. Alors que le collectif vient de trouver un terrain propice à son épanouissement dans le Loir-et-Cher, cinquante foyers représentant la diversité de la sociologie française vivront prochainement sur ce territoire. « Dans les éco-lieux on se retrouve autour de la magie de voir pousser sa nourriture, la célébrer, la manger ensemble, faire des fêtes, un modèle peu énergivore en équilibre entre confort et joie d’être », partage le conférencier. La formation et l’expérimentation seront au cœur du projet, qui donnera la part belle à la connaissance de soi, la relation à l’autre, aux villages alentour, et au vivant...
Dans les éco-lieux on se retrouve autour de la magie de voir pousser sa nourriture, la célébrer, la manger ensemble, faire des fêtes.
Journaliste, réalisatrice et auteure, Aurélie Aimé est spécialiste du monde des spiritualités et de l'écologie. Son parcours professionnel lui a permis d’explorer inlassablement ces sujets et de partager ses découvertes.
D’abord, elle a été journaliste et animatrice télé sur M6, spécialiste de « récup’ » et d’ « astuces de grands-mères » pour l’émission 100% Mag. Puis en 2014 elle a rejoint la rédaction de l'INREES, de Kaizen, puis de Natives, entre autres.
Elle est l’auteure de plusieurs ou ...
À
retrouver
dans
Inexploré n°54
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