Notre monde est peuplé d’innombrables individus, si petits et discrets qu’ils rentrent à peine dans notre champ de conscience. Mais dans son livre « Comment la terre s’est tue », David Abram nous explique comment les araignées ont été les premières à lui faire approcher la magie du monde non-humain.
Nature
Christa via FlickR
Tout à coup, au milieu de ce tumulte, j’ai remarqué une activité ténue et délicate. Juste devant moi, à quelques centimètres du torrent, une araignée grimpait le long d’un mince fil tendu au travers de l’entrée de la grotte. Je l’ai regardée ancrer un autre fil au sommet de l’ouverture puis glisser en retour le long du premier, et enfin joindre les deux en un point à mi-distance entre le plafond et le sol. A ce moment, je l’ai perdue de vue et, pendant un temps, l’ensemble, araignée et fils, semblaient avoir disparu... jusqu’à ce que mon regard trouve la bonne focale. Deux fils supplémentaires rayonnaient maintenant depuis le centre vers le sol. Puis un autre encore. Bientôt l’araignée a commencé à pivoter entre ses fils comme au sein d’un treillis circulaire, traînant un fil sans cesse plus long qu’elle fixait à chaque rayon, alors que, passant de l’un à l’autre et progressant du centre vers l’extérieur, elle créait une spirale toujours plus large. (...)
Et soudain, abruptement, ma vision s’est heurtée à une étrange incohérence : un autre fil oblique à travers la toile, qui ne rayonnait pas du point central, ni ne spiralait autour de lui – une violation de symétrie. Alors que je le suivais des yeux, me demandant ce qu’il apportait à la structure d’ensemble, je me suis rendu compte qu’il appartenait à un autre plan que celui du reste de la toile car celle-ci se brouillait quand le nouveau fil devenait plus net. J’ai vu bientôt qu’il menait à son propre centre, à environ trente centimètres à droite du premier. Un autre nœud de forces à partir duquel des fils étaient tendus vers le sol et le plafond. Et j’ai vu alors qu’il y avait une autre araignée en train de tisser sa toile, mettant sa tension à l’épreuve en dansant autour d’elle, tissant maintenant sa trame soyeuse autour du point nodal, spiralant vers l’extérieur. Les deux araignées tissaient indépendamment l’une de l’autre alors qu’à mes yeux elles ne semblaient fabriquer qu’un seul motif en intersection. Mon regard, prenant du champ, m’a bientôt révélé encore une autre araignée spiralant à l’entrée de la grotte et soudainement, j’ai réalisé que beaucoup de toiles imbriquées étaient en train de naître – rayonnant à des rythmes différents depuis une myriade de centres situés les uns plus haut, les autres plus bas, certains tout près de mes yeux, certains plus loin – entre le rocher au-dessus et le rocher au-dessous.
Je suis resté sidéré, hypnotisé devant ce monde qui allait se complexifiant sans cesse, fait de motifs intriqués et vivants – mon regard, à la manière d’un souffle, aspiré par un groupe de lignes convergentes, puis expiré dans l’espace ouvert, pour être à nouveau capturé par une autre convergence. Le rideau liquide était devenu complètement silencieux – à un moment, j’essayais de l’entendre mais je n’y arrivais pas. Mes sens étaient fascinés. J’avais la nette impression d’assister à la naissance de l’univers, galaxie après galaxie...
Depuis, je n’ai jamais pu rencontrer une araignée sans éprouver un profond sentiment d’étrangeté et de respect. Bien sûr, les insectes et les araignées ne sont pas les seules puissances ni même des présences centrales dans l’univers indonésien. Mais les araignées ont été mon introduction aux esprits, à la magie à l’œuvre dans chaque contrée. C’est grâce à elles que j’ai commencé à découvrir l’intelligence tapie dans la nature non-humaine, à apprendre la capacité qu’ont d’autres manières de sentir de faire écho à la nôtre, de se répercuter en nous sur un mode qui temporairement fait voler en éclats nos manières habituelles de voir et de sentir, et nous ouvrent à un monde plein de vie, en éveil, aux aguets. C’est de ces si petits êtres que mes sens ont, pour la première fois, appris l’enchevêtrement des mondes innombrables qui tissent leurs histoires dans les profondeurs de celui que nous habitons usuellement. Et ce sont eux aussi qui m’ont appris que mon corps pouvait, avec de l’entraînement, entrer sensoriellement en relation avec ces dimensions. (...)
J’avais rarement, auparavant, prêté fort attention au monde naturel. Mais le fait de côtoyer des magiciens et des devins traditionnels modifiait progressivement ma sensibilité : je devenais de plus en plus réceptif aux sollicitations des non-humains. Alors que je m’appliquais à déchiffrer les gestes bizarres des magiciens ou à pénétrer leurs paroles en constante référence à des présences invisibles et silencieuses, je commençais à voir et à entendre d’une façon que je n’avais jamais connue auparavant. Lorsqu’une magicienne parlait d’une puissance ou d’une « présence » s’attardant dans un coin de sa maison, j’ai appris à remarquer le rayon de soleil qui, à ce moment, jaillissait d’une fente du toit et venait illuminer une colonne de poussières à la dérive. J’ai réalisé que cette colonne de lumière était, en effet, une puissance, influençant par sa chaleur les mouvements de l’air – en fait, influençant toute l’atmosphère de la pièce. Et quoique, auparavant, je ne l’aie pas vue consciemment, elle structurait déjà mon expérience.
Mes oreilles ont commencé à suivre le chant des oiseaux sur un mode nouveau – non plus seulement comme le mélodique arrière-fond des discours humains, mais comme un discours lui-même doté de signification – répondant aux évènements affectant les alentours et leur apportant un commentaire. Je suis devenu l’élève de subtiles différences : la manière dont la brise peut faire frémir une seule feuille d’un arbre, laissant les autres silencieuses et immobiles (cette feuille n’aurait-elle pas été alors effleurée par quelque magie ?) ; ou la manière dont l’intensité de la chaleur solaire s’exprime dans les rythmes précis des chants des grillons. Marchant sur les chemins poussiéreux, j’ai appris à ralentir afin de sentir la différence entre une colline proche et la suivante, afin de goûter la présence d’un champ particulier à un certain moment de la journée, quand, m’avait dit un dugun, l’endroit avait un pouvoir spécial et offrait des dons sans pareils. Ce pouvoir était communiqué à mes sens par la façon dont l’ombre tombait des arbres à cette heure, par les senteurs qui, à ce moment-là seulement, s’attardaient au-dessus des herbes sans être dispersées par le vent, et par d’autres éléments encore que je n’ai pu isoler qu’après des jours et des jours d’arrêt et d’écoute.
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