Notre première rencontre avec la mort peut être un moment transformateur de notre existence. Le Dr Jean-Jacques Charbonier, médecin anesthésiste réanimateur qui interviendra à l'INREES le mercredi 6 avril prochain, avait raconté à Stéphane Allix sa première confrontation à la mort. Un événement bouleversant, qui allait avoir des répercutions à très long terme sur celui qui était alors un jeune médecin de SAMU.
Au-delà
Ma première expérience de SAMU a été un moment déclencheur. C’est ce jour-là que j’ai perçu que l’on était habité par une entité qui quittait notre corps au moment de la mort. J’ai été appelé pour un accident, c’était déjà une journée pénible parce que juste avant on était intervenu sur un suicide par défenestration. Et puis arrive cet accident où je dois entrer dans la carcasse d’une voiture, par le pare-brise pour atteindre le blessé, aidé par les pompiers. La victime était un jeune garçon. J’ai voulu le perfuser mais je n’y arrivais pas, et ce garçon coincé dans l’habitacle, sous mes yeux, il est parti. J’ai vu la lumière s’éteindre dans ses yeux. Sa pupille s’est dilatée, ce qui est le signe d’une souffrance cérébrale, mais j’ai vu aussi la lumière « de vie » s’en aller doucement... quelque chose de très intime est parti à cet instant, et m’a frôlé le côté droit du visage. C’est une sensation que je n’ai plus jamais ressenti. J’ai revu plus tard cette lumière s’en aller des regards, c’est la vie qui s’en va, mais je n’ai plus jamais ressenti ce souffle. C’était un souffle, pas un déplacement d’air, il n’y a pas de mot pour décrire ça, quelque chose est parti, s’est élevé et m’a frôlé. Instantanément, la vie est partie, le corps n’était plus qu’une enveloppe de chair. C’était flagrant, mais si difficile à traduire quand on ne l’a pas connu.
En qualité de médecin vous avez tout le bagage pour trouver une « explication » rationnelle à cette expérience (ses poumons qui se vident, l’activité électrique qui s’arrête)...
Oui, pourtant quelque chose est parti par le visage. Je ne sais pas comment le traduire... comme une entité, quelque chose d’immatériel, et pourtant palpable. J’emploie le mot « souffle » parce je trouve que « le souffle de vie » se rapproche le plus de ce que j’ai ressenti, mais ce serait un souffle sans déplacement d’air. C’était assez compact, quelque chose qui s’élève et qui s’en va... les pompiers avaient ouvert la carcasse accidentée, je m’y étais glissé par le pare brise. J’étais très près de lui à ce moment-là. Depuis, pratiquement à chaque fois que j’ai vu mourir quelqu’un sous mes yeux j’ai senti le moment où la vie sortait du corps. C’est très fort ! Lorsque l’on voit partir quelqu’un sous ses yeux, on sait précisément à quel moment la vie s’en va. On le perçoit. C’est tellement évident que ça a affecté mon attitude de réanimateur : il y a des moments où j’ai poursuivi la réanimation au delà du raisonnable, chez des noyés, des électrocutés, parce que je savais que la vie était encore là, je ne l’avais pas encore vu disparaître des yeux, alors que je constatais tous les signes physiologiques de souffrance cérébrale. Il se trouve que dans la plupart des cas j’ai eu raison de continuer ! Je ranimais finalement la personne. Et pareillement, ceux que j’avais vu partir l’étaient vraiment. J’avais beau m’acharner, eux ne revenaient jamais. Aujourd’hui, ce qui me fascine avec les EMI - Expérience de mort imminente - c’est qu’après être « parti de son corps », on continue à avoir des perceptions, des visions, une audition que l’on n’a même pas à l’état de veille. Comment pourrait-on voir des choses à distance ? Comment un comateux profond peut-il percevoir les présences des gens qui viennent le voir ? Car ils disent percevoir les personnes qui sont présentes, sentir l’amour qu’on leur prodigue… C’est pour ça qu’il ne faut pas les abandonner, même ceux qui sont en coma très profond.
Stéphane Allix, La mort n’est pas une terre étrangère (Albin Michel, 2009, 2011)
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