Face aux différentes alarmes qui sont tirées en matière d’écologie, la difficulté à entrer vraiment en action est évidente. Comment éviter les risques de manque de liberté que pourraient engendrer des opérations drastiques et quelles voies emprunter socialement pour avancer ?
Nature
Aleksandar Pasaric/Pexels
« Si on veut limiter le réchauffement climatique à 2 °C, il faut une réduction des émissions de 5 % tous les ans […] 5 %, c’est ce qu’on a eu l’année du Covid […] Il faut se mettre dans l’idée qu’il faut une révolution. » Sur une radio nationale lors de l’été caniculaire, le ton de l’ingénieur et du conférencier Jean-Marc Jancovici est implacable : les mots sont tirés des derniers rapports du GIEC.
Dans le paysage médiatique, scientifiques et ingénieurs de haut vol enjoignent à une réduction drastique des émissions de carbone. L’écologie, sujet longtemps marginalisé et moqué, fait actuellement les gros titres des médias à travers la nécessité de plans de sobriété énergétique. Depuis quelques semaines, le sujet de la décarbonation a même pénétré le champ du pouvoir. Prenant conscience de la vulnérabilité énergétique de la France suite aux tensions avec la Russie, décarboner est devenu la priorité n° 1, brandie comme un devoir citoyen par les politiques. On pourrait s’en réjouir. Surtout lorsqu’on sait que depuis le précédent rapport, qui date de 2014, les concentrations de gaz à effet de serre ont continué d’augmenter dans l’atmosphère. Si 5 °C d’écart dans une même journée sont fréquents et sans incidence sur notre vie, 5 °C de variation de la température moyenne terrestre correspondent au réchauffement qui a fait sortir le continent européen de la dernière ère glaciaire… il y a 20 000 ans ! L’énoncé de ces chiffres retentit comme une urgence.
Pourtant, l’écologie court aussi le risque d’être instrumentalisée. Ou pire, de devenir un prétexte pour déployer des moyens technologiques afin de mieux contrôler les foules et d’empiéter sur notre socle de libertés. L’argument écologique serait-il en voie de devenir le faire-valoir de gouvernements désireux de garder la main, à travers des instruments de coercition, sur un monde qui prend l’eau de toutes parts ? Serait-il le prétexte imparable pour réduire encore certaines libertés comme celles de se déplacer, en écho aux restrictions mises en place suite aux précédentes crises depuis les attentats de 2015 ? Est-ce que nous prenons les décisions justes dans les situations d’urgence alors que les scientifiques alertent depuis des décennies ?
Le risque démocratique
Le prêtre jésuite et économiste Gaël Giraud prévenait, lors d’une interview pour le média Thinkerview datée du 27 octobre 2022, du danger de spoliation couru par le thème de l’écologie et de ses enjeux en matière de souveraineté : « Il y a un risque de conditionner la démocratie à la prospérité. […] C’est ce que certains nombres de post-libéraux croient, et qui vont dire “puisqu’il n’y a plus de prospérité, plus d’énergie, la démocratie, c’est fini”. En Europe, aux États-Unis, au Japon, nous sommes à la croisée des chemins en termes d’économie politique, sur quel type de société nous voulons construire […] ».
Céline Chadelat est journaliste spécialisée dans les religions, la spiritualité, la santé et le bien-être.
Elle est autrice de trois livres dont le best-seller "Le Mois d'Or" et créatrice du compte instagram @lemoisdor.
Elle pratique la méditation depuis l'âge de 20 ans.
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