Le jeûne est une pratique spirituelle universelle pratiquée depuis des millénaires, qui conduit le fidèle sur les pas de Dieu. Mais la pratique a évolué depuis son origine expiatoire jusqu’au désir de transcendance et de communion avec le divin.
Art de vivre
Amine M'siouri
Rituels et traditions religieuses survivent au temps et aux époques comme gages d’une spiritualité vivante. Et si le jeûne est commun aux trois religions monothéistes, observer une période de sobriété est une pratique universelle qui dépasse la simple condition humaine. La nature, les animaux, l’ensemble du vivant font l’expérience de diètes et de replis. Seulement, chez l’Homme, la privation consentie prend un sens métaphysique et devient un trait d’union vers le divin. Ainsi, transcender les besoins du corps invite l’infini dans le quotidien des pratiquants. De l’expiation à l’abandon : comment le jeûne relie-t-il l’homme à Dieu ?
À l’origine : purification et piété
Qu’il s’agisse du ramadan ou du carême, ces deux traditions religieuses infusent la privation d’une notion de piété. Par l’ascèse alimentaire et un mode de vie non ostentatoire, le pratiquant applique les prescriptions et en obtient, de manière méritoire, les bienfaits. « Ô croyants ! Le jeûne vous est prescrit comme il a été prescrit aux peuples qui vous ont précédés, afin que vous manifestiez votre piété », dit la deuxième sourate. Une prescription déjà inscrite dans la tradition judéo-chrétienne qui sert à racheter ses fautes selon Mohammed-Hocine Benkheira, directeur d’études en sciences des religions à l’École Pratique des Hautes Études. Il précise que le jeûne dans l’islam, qui se pratique lors du ramadan, mais aussi à tout moment décidé par le fidèle, est « une prescription – ce qu’il est effectivement –, mais on s’est efforcé également de lui donner le sens d’offrande. Autrement dit, si le fidèle jeûne avec entrain et abnégation, il dépasse le sens d’une simple obligation – il devient un don gratuit. »
Par l’action sans attente, guidée par la dévotion, la piété devient précepte de tous les jours et les mérites du jeûne se poursuivent en temps ordinaire, dans la vie quotidienne. Cette ferveur acquise est l’expérience même du dépassement de la simple obéissance aveugle au jeûne imposé. L’hygiénisme alimentaire devient un acte de grâce pour le pratiquant, un acte d’amour, un acte de compassion.
Corroborant cette approche du jeûne avec l’intention d’en faire offrande, c’est cette dimension précise de compassion qui devient centrale. Lorsque la souffrance par empathie pénètre dans la chair avec la privation ou la modération alimentaire, alors la compassion dans son sens étymologique cum patior (je souffre avec) devient un chemin vers Dieu.(...)
Sahra Leclerc est journaliste spécialisée dans les philosophies orientales, l'étude de la conscience et l'interface homme-nature.
Elle pratique la méditation bouddhiste depuis ses 16 ans et évolue au sein d'une double culture franco-indienne depuis plus de dix ans. ...
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