Dans l’immense majorité des spiritualités et des religions, des rituels de prière dictent la pérégrination des défunts dans l’au-delà. Or, dans notre société moderne, ces pratiques se perdent ou ont même totalement disparu… Pourtant, une catégorie très spéciale de défunts en aurait besoin, plus que les autres. Pourquoi ? Afin de leur donner l’impulsion suffisante pour se détacher du monde terrestre et accéder à des « terres pures », pour reprendre les termes employés dans la religion bouddhiste. Avec, à la clé, une plus grande sérénité pour les vivants comme pour les défunts. Mais pour s’accomplir, ce voyage nécessiterait le soutien actif de ceux encore présents sur terre.

Ni vraiment morts ni tout à fait vivants

De nombreux médiums interpellent sur l’importance de prier pour les âmes. Elsa Forez fait partie de ces personnes qui possèdent des capacités extra-sensorielles ; elle a longtemps tenu secrètes ses incroyables perceptions de défunts qui datent de son enfance. C’est le sujet de son livre Cette magie qui est en nous⁽¹⁾. Selon elle, le rapport, notamment par la pensée, que nous entretenons à l’égard de celles et ceux qui nous ont quittés crée déjà une forme de prière. Et elle tient à clarifier : « Je veux éviter d’associer la prière au religieux, car, pour moi, elle est avant tout spirituelle. Je parle souvent de connexion et de liens avec l’invisible ; ce sont d’autres façons de désigner la prière. » Elle explique ainsi que, selon la manière de mourir (par accident ou suicide, par exemple), ou selon le degré de préparation à la mort, la fluidité du passage vers l’autre rive pour l’âme défunte n’est pas garantie : « Ma vérité, lorsque je “capte” des morts, c’est qu’il existe un laps de temps assez court après la mort durant lequel l’âme peut s’élever. À ce moment-là, le corps dégage une énergie qui permet à l’âme de partir. Cependant, même sans prière, ce détachement du corps finit par se faire naturellement. Mais certaines âmes, pourtant, peuvent être bloquées, souvent à cause d’accidents violents, de suicides ou d’un refus de la mort. Je les appelle “les non-élevées”, car elles ne sont pas passées de l’autre côté. » Ces âmes errantes sont souvent plus faciles à capter, car elles vibreraient à un niveau d’énergie plus bas. Elles ne seraient ni vraiment mortes ni tout à fait vivantes.

La puissance des rituels pour soutenir les défunts

Bien que ces défunts puissent sembler faire figure d’exceptions, Elsa Forez souligne que leur présence rongerait notre énergie collective. En effet, ces âmes ont besoin de notre énergie d’humains incarnés pour tenir dans cet entre-deux-mondes : « C’est l’exemple de la ficelle d’un ballon accrochée à notre poignet dans une fête foraine ; cela ne nous coûte que peu d’énergie. Mais, multiplié par des milliers et des milliers de ballons et de ficelles invisibles, cela finit par peser, comme si nous étions accaparés à notre insu. » Ce qui signifie que les vivants seraient freinés par l’énergie de ceux dont le corps est parti, mais dont l’âme reste proche du monde des vivants. Et cela sans même que nous, humains, nous en rendions compte. Certaines manifestations physiques, des deuils inachevés, cette sensation d’avoir quelqu’un autour de soi traduiraient la présence de ces défunts restés entre deux mondes. Souvent, ils tenteraient d’entrer en contact avec des personnes plus sensibles pour qu’elles les aident à « monter ». Car si leur présence nous freine, nous aurions aussi le pouvoir d’impulser leur ascension vers « la lumière » en leur insufflant l’énergie qui leur échappe. « Si une intention est nécessaire, c’est pour eux, parce qu’ils ont besoin qu’on leur transmette cette énergie », souligne la médium. C’est là que la puissance de la prière intervient : « Je comprends que je dois leur redonner cette propulsion dont ils manquent pour les aider à passer de l’autre côté. La prière, c’est cette énergie. Un égrégore de personnes priant ensemble peut créer l’élan nécessaire à leur passage », explique Elsa Forez. Comment permettre que ces intentions puissent naître dans un monde désenchanté où les traditions et les religions pour se relier à l’invisible se perdent ? « Chacun doit trouver sa prière, une prière authentique, portée par une intention forte et pure. Tout le monde peut se connecter à cette profondeur intérieure, développer cette sensibilité, cette culture. Il s’agit d’un nouveau type de spiritualité, plus syncrétique, où chacun se relie à l’invisible à sa manière », souligne Elsa Forez. Ces âmes, une fois détachées, repartiraient ainsi vers l’énergie-source. (...)