Un diplôme « d’apiculture et pathologie apicole » proposé à Nantes va permettre aux vétérinaires de venir au secours des abeilles et des apiculteurs qui, depuis des années, se sentent bien seuls et démunis face à la diminution massive et préoccupante du nombre de leurs abeilles.
BRAINS, Loire-Atlantique (Reuters) - Habitués d'ordinaire à traiter des vaches ou des moutons, des vétérinaires réapprennent à Nantes à soigner les maux des abeilles, intoxiquées par des pesticides et attaquées par des prédateurs comme le frelon asiatique.
Formation unique au monde, ce
« diplôme d'apiculture et pathologie apicole » vise aussi à regagner la confiance des apiculteurs, qui entretiennent une certaine défiance à leur égard.
« Jusque dans les années 1950, les vétérinaires étaient appelés par les apiculteurs », explique Monique L'Hostis, professeur dans la filière vétérinaire d'Oniris, l'établissement d'enseignement supérieur qui dispense cette formation continue.
« Mais l'Etat les a ensuite conduits à soigner en priorité les productions de viande, pour nourrir les petits Français », ajoute-t-elle.
« Petit à petit, les vétérinaires n'ont donc plus été sollicités car les apiculteurs ne les jugeaient pas bons, poursuit cette enseignante de 62 ans.
Eux-mêmes ne voulaient pas s'occuper des abeilles car ils n'y connaissaient rien. Il était temps de casser ce cercle vicieux. »
Juge et partie
La situation est d'autant plus critique que la profession apicole, qui avait fini par former ses propres
« agents sanitaires » en interne, connaît une importante surmortalité dans ses élevages depuis une quinzaine d'années. Les collègues de Vincent Lédée, un apiculteur professionnel installé à Brains (Loire-Atlantique), disent avoir perdu 50% de leur production de miel depuis l'arrivée du Gaucho et du Cruiser, deux pesticides retirés partiellement du marché depuis par les pouvoirs publics.
« Ce n'est pas facile d'obtenir gain de cause au sujet des intoxications car nous sommes considérés comme juge et partie, explique cet homme de 48 ans.
Et dès qu'un scientifique valide nos thèses, les fabricants de pesticides ont vite fait de lui opposer un contradicteur ».
Vincent Lédée espère donc que les nouveaux
« médecins des abeilles » qui sont formés, à l'instar de l'étudiante de l'école vétérinaire qu'il a accueillie en stage, joueront à l'avenir
« un rôle d'observateur indépendant » dans le conflit qui oppose sa profession aux firmes chimiques.
« Il n'y avait pas de raison que le vétérinaire n'intervienne pas dans cette filière : si on avait des centaines de vaches qui mouraient comme ça, du jour au lendemain, on appellerait immédiatement un véto », estime Monique L'Hostis.
« Là, on a des milliers d'abeilles qui meurent mais, pendant des années, les premiers avertis en étaient la presse et la justice. »
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