De l’errance thérapeutique qui complique le diagnostic, en passant par des soins pas forcément adaptés, mais surtout en s’interrogeant sur le « pourquoi guérir »,
il s’avère parfois que l’on stagne dans sa maladie. Petit tour des pistes qui interrogent.
Santé corps-esprit
Angelina Bambina/Shutterstock
Des années à « lutter » contre une maladie chronique ou bien en échec thérapeutique face à une maladie aiguë, ou encore en errance de diagnostic face à des symptômes complexes, il peut nous arriver de nous demander « mais pourquoi je ne guéris pas ? » Si la question peut assommer dans un premier temps, l’irritation qu’elle engendre pousse à chercher encore et toujours des réponses à l’extérieur, la maladie étant presque une affaire de société, de famille, de l’autre en somme, qui me traite comme malade puisque je ne « fonctionne pas normalement ». Alors, quelles seraient les causes ? Comprendre l’origine de la maladie et son contexte, mais aussi s’ouvrir à différents types de thérapies font partie du processus.
On ne tombe pas malade par hasard, cette idée commence à faire son chemin, mais si on ne guérissait pas par hasard non plus ? Et si rassembler toutes ses chances ne suffisait pas ? La question de la manifestation du symptôme et de sa disparition relève d’une réflexion qui comprend plusieurs sources face aux êtres complexes que nous sommes. « Parfois, on tombe malade pour guérir », disent certains thérapeutes. Quels seraient les bénéfices secondaires à maintenir des problèmes de santé et comment accepter ce que signifient les changements à faire pour en sortir ? « La maladie vient enseigner. La notion de guérison est donc plutôt une notion d’évolution dont la maladie serait une expérience parmi tant d’autres », prône le médecin anesthésiste-réanimateur Baptiste Vallé. C’est notre rapport à la vie qui est interrogé et notre capacité à ouvrir les yeux en grand sur notre volonté ou non d’évoluer. Notre libre arbitre est en jeu, bien plus qu’on ne saurait l’imaginer, même si on peut avoir l’impression de ne pas avoir toutes les clés.
Selon le psychanalyste Jacques Lacan, le symptôme ne disparaît jamais, car c’est lui qui constitue la psyché de l’individu, qui s’est construit autour. Sans le symptôme, il peut y avoir effondrement.
L’errance de diagnostic
Lorsque nous vivons un déséquilibre, quel qu’il soit, la manifestation peut être le symptôme. Souvent, en Occident, on s’y arrête et on peut chercher à le soigner, le faire disparaître. Remonter à la cause ou encore comprendre le corps dans son ensemble comme une « super machine énergétique » faisant face à des dérèglements à concevoir de manière holistique n’est pas forcément dans notre culture médicale. Ainsi, on ne va pas forcément « traiter » le sujet au bon endroit ni l’aider à activer son énergie vitale interne qui permet de se soigner seul. Le concept d’homéostasie, la capacité du vivant à se rééquilibrer lui-même, est la pierre angulaire en naturopathie, tel que l’explique Simon Dumas, naturopathe à Lyon et Paris : « En naturopathie, quand la force vitale intérieure n’arrive pas à faire son travail correctement, on cherche comment l’accompagner. Malheureusement, dans nos sociétés, on essaye surtout de faire taire les symptômes qui sont eux-mêmes une expression de la vitalité. Par exemple, si vous réprimez l’évacuation de toxines par l’intestin (une diarrhée), le corps va tenter une sortie par la peau (un eczéma). Si vous la réprimez, la prochaine tentative pourra s’effectuer par les poumons (asthme), et si vous l’empêchez, cela risque d’aller plus profondément dans les tissus et de se transformer en maladie auto-immune. Bâillonner les expressions vitales du corps plutôt que de les comprendre et les accompagner peut créer un enchaînement de déséquilibres qu’on étiquette différemment, mais qui ne sont au final qu’une seule et même expression de la vitalité qui cherche un nouvel état d’équilibre. » Le symptôme ne sera plus aigu, mais au long cours. Il faut donc chercher pourquoi, à l’origine le corps a eu besoin de « sortir » le symptôme, ce qui est loin d’être simple.
Comme en témoigne Sébastien, 41 ans, qui subit un eczéma depuis l’enfance et qui n’a jamais réussi à en venir à bout. « Ce qui est compliqué avec l’eczéma, c’est de faire des rapprochements avec ce qu’on vit, parce qu’il est souvent lié au stress, à des causes inconscientes. Mais parfois pas du tout, on est en plein stress et on n’a pas d’eczéma. Inversement, on vit une période calme et il sort ! Ça fait partie des aspects un peu déroutants et qui nous enfoncent encore plus dans cette espèce d’errance thérapeutique. Même si j’ai souvent lié mes crises à des origines psy, je sais aussi qu’il y a des phases d’âge où on en fait plus ou moins. » Encore faut-il avoir un diagnostic, même sans réussir à guérir, car on peut explorer des pistes. Mais quand on ignore l’origine d’un mal, la recherche est d’autant plus compliquée. Florence, 50 ans, a souffert pendant vingt ans de névralgies faciales et a tout exploré : les dents, la tête, les cervicales, les oreilles... C’est un étiomédecin ayant retracé un blocage émotionnel qui a finalement eu raison des douleurs : « Dès la première séance, nous avons évoqué des éléments personnels que je connaissais pourtant déjà, mais il fallait les dénouer dans ma mémoire cellulaire. Depuis, mes névralgies ne sont jamais revenues. » Entre l’acceptation d’un symptôme persistant avec lequel il faut finalement vivre et la persévérance dans la recherche d’un praticien « miracle », il faut parfois toute une vie à osciller.
Qu’est-ce que soigner ?
Il se pourrait que notre difficulté à « guérir » soit le reflet de notre rapport compliqué à « soigner ». De nombreux praticiens et « malades » commencent à comprendre l’intérêt des soins holistiques et d’entrevoir la personne dans son entièreté pour suivre un parcours cohérent et complet. « Nous sommes des êtres multidimensionnels. Au-delà du soma (le corps), les naturopathes considèrent une interface énergétique qui fait le lien avec le plan psychoémotionnel. Au-dessus, on trouve le plan spirituel, celui du sens, de la foi, de la mission de vie ; et autour, les plans socioculturel et écoplanétaire qui impactent notre santé au sens large. Le soin accordé à chacun de ces aspects est une invitation à se responsabiliser plutôt qu’à rejeter la faute : soigner le transgénérationnel plutôt que d’accuser ses ancêtres, améliorer son hygiène de vie plutôt que de blâmer sa génétique, développer une pratique personnelle plutôt que se croire la proie de miasmes énergétiques... », précise Simon Dumas, alors qu’il en va aussi de notre responsabilité de couper des liens ou de changer nos paramètres, sans quoi l’histoire se répétera.
Journaliste et rédactrice en chef adjointe d'Inexploré magazine
Melanie Chereau est journaliste et auteur de plusieurs ouvrages. Ses thèmes de prédilection sont la spiritualité, la naturopathie et les médecines douces.
Elle pratique le bouddhisme depuis plus de 17 ans, est formée en Reiki et en aromathérapie. ...
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