Blocages, schémas récurrents, liens conflictuels, perte de joie...
Et si nos problématiques actuelles rejouaient
les nœuds de nos vies passées ?
La karmathérapie explore les mémoires antérieures
afin de nous libérer de ces parts d’ombre encombrantes.
Au-delà
Antonio Mora
Lorsque Catherine consulte un éminent psychiatre, le Dr Brian L. Weiss, sa vie est un enfer. Elle a la phobie de l’eau, de l’avion et la peur panique de s’étouffer... Insomniaque, elle souffre de terribles crises d’angoisse. Après dix-huit mois de psychothérapie classique, le Dr Weiss s’avoue vaincu : l’état de sa patiente est dramatiquement stationnaire. Tollé : lorsqu’elle visite une exposition sur l’Égypte ancienne, Catherine en sait plus long que le guide ! C’est le coup d’envoi d’une exploration prodigieuse pour le Dr Weiss et son étonnante patiente. Sous hypnose, elle évoque son village dévasté par les eaux... en Égypte, il y a près de deux mille ans. Au fil des séances d’hypnose, ses vies antérieures défilent, ses mémoires se libèrent, ses phobies disparaissent, ouvrant également une fenêtre sur l’au-delà.
Son expérience questionne l’hypothèse troublante des liens possibles entre difficultés existentielles et vies passées. Engrammes traumatiques enkystés dans la mémoire cellulaire. S’appuyant notamment sur les fondements bouddhistes d’un continuum de conscience, la karmathérapie ou thérapie par régression, nous transforme en voyageurs du temps. L’enjeu est de remonter le fil de nos vies antérieures pour libérer les mémoires parasites. Ainsi, être pleinement dans le présent. Si cette approche a le vent en poupe outre-Atlantique, elle n’apparaît pas directement sous ce nom en Europe, où cette régression est pratiquée par des hypnothérapeutes, des énergéticiens et autres guérisseurs de l’âme. La plupart, d’ailleurs, ne s’attachent pas à la conviction de remonter le cours des vies antérieures. Leur objectif est de nous libérer des blocages, schémas de répétition et mal-être diffus, en provenance de mémoires qui n’appartiendraient pas à l’existence présente – qu’elles soient karmiques, transgénérationnelles ou en provenance de l’inconscient collectif.
Ne plus être des marionnettes
J’ai moi-même fait l’expérience de cette plongée abyssale, pour le moins déroutante... En séance avec Sandrine Duhazé, énergéticienne, spécialisée en « nettoyage karmique », comme elle aime à dire, j’ai recontacté, entre autres, une mémoire vive d’un guerrier mandchou, poignardé dans le dos par un traître de son camp. Le plus étrange, c’est que nous percevions en chœur les images et détails de cette potentielle vie antérieure. Or, étonnamment, dès qu’un stress intense se fait sentir, je ressens invariablement comme un coup de poignard sous l’omoplate gauche - sans que je lui en parle, l’énergéticienne a pointé l’endroit précis où cette douleur surgit. Plus largement, la trahison, coup de poignard symbolique, surgit en boucle sur mon chemin de vie. Sans avoir le recul nécessaire pour mesurer les répercussions, cette prise de conscience a levé un voile de grisaille et me donne la sensation d’être allégée d’un poids qui ne m’appartient pas, quelle qu’en soit la provenance. « Le lien est fort entre les vies passées et la vie actuelle, que ce soit sur le plan des problématiques rencontrées ou des relations. Sans nettoyage karmique, nous sommes comme des marionnettes reliées involontairement à toutes ces mémoires. Ce travail de nettoyage énergétique, qui s’effectue sur les différents chakras, permet de couper les fils qui nous relient à ces mémoires. Cela permet d’entrer de plain-pied dans sa vie, de se reconnecter à qui l’on est vraiment », partage Sandrine Duhazé.
La connexion aux vies antérieures se présente sous forme d’images et d’émotions qui surgissent, en lien avec ce qui a été vécu. Cette énergéticienne se dit époustouflée de l’écho de ces vies passées sur le vécu actuel. Ainsi, se rappelle-t-elle de cette femme qui, déclarée « folle » dans une vie antérieure, aurait été privée de ses enfants. Or, elle lui a avoué que, dans cette vie-ci, sa plus grande peur, totalement infondée, était qu’on lui enlève ses enfants, pour les mêmes raisons. Le plus étonnant, c’est que cette femme exerce le métier d’éducatrice... et place des enfants retirés à leurs parents dans des familles d’accueil. Sandrine Duhazé se souvient aussi de cet homme dont la compagne actuelle était apparemment, dans une vie antérieure, sa... maman. Dans un éclat de rire, il lui a dit que cela n’étonnerait pas sa partenaire qui, en effet, se comportait de manière maternelle avec lui. Ce travail, outre permettre de se déployer pleinement au présent et d’aller vers le meilleur de soi-même, clarifie les relations, qui ne sont alors plus parasitées par des liens (dé)passés. À la clé : plus de quiétude, de conscience, de lucidité. Et une reconnexion à ce noyau lumineux, « cette universalité présente en chacun de nous ».
Faire la paix avec ses parts d’ombre
De son côté, la psychologue clinicienne et hypnothérapeute, Lise Bartoli, préfère parler d’un travail avec les différents personnages qui nous habitent. Ces archétypes (le guerrier, l’infirmière, le prisonnier, etc.) ont laissé des empreintes en nous. « Que ces personnages proviennent de vies antérieures ou pas, c’est une question de croyance. Ils peuvent aussi appartenir à nos ancêtres ou à l’inconscient collectif », précise-t-elle. L’important, aujourd’hui, c’est qu’il s’agit de les dépasser, parce qu’ils nous empêchent de vivre totalement ! « Ces archétypes, qui s’expriment de manière unique chez chacun, ne sont pas des ennemis. Ils viennent nous parler de nous et nous les avons activés à notre insu. Il s’agit d’aller à leur rencontre, en état d’hypnose, de les reconnaître, pour pouvoir faire la paix avec eux », dit-elle. Lorsque survient un événement qui ouvre une faille émotionnelle, on va en effet chercher une solution dans l’inconscient nous permettant de colmater cette brèche.
Et cette solution, en lien donc avec la survie, peut nous reconnecter avec une mémoire ancienne (karmique, transgénérationnelle, puisée à l’inconscient collectif). L’hypnose permet d’aller sur le terrain de l’inconscient pour se débarrasser de cette solution qui n’est plus d’actualité et pèse sur le présent. « Si on est ce guerrier en première ligne qui a peur de mourir, on sera peut-être mort de trouille à l’idée d’être viré et on n’osera pas aller demander une augmentation ! Comme on a réactivé inconsciemment une mémoire vitale, on rejoue notre vie. Nos réactions sont donc démesurées. » L’hypnothérapeute évoque le cas de cette jeune fille qui piquait des colères incontrôlées. En se mettant en résonance avec l’inconscient de cette patiente, dans l’état de conscience modifié propre à l’hypnose, Lise Bartoli rencontre l’archétype du prisonnier, synonyme d’enfermement. En écho, elle reconnecte une mémoire intra-utérine, où à 6 mois de grossesse sa patiente devait impérativement sortir du ventre de sa mère, tout en sentant que ce n’était pas possible. Or, la maman a révélé qu’à ce moment de la gestation, elle a vécu un stress intense suite à un diagnostic menaçant la vie de son mari (finalement erroné). « Cet archétype n’est pas obligatoirement karmique ; les mémoires flottent autour de nous. L’essentiel est que nous allons libérer ce prisonnier et sortir cette jeune fille de sa prison symbolique. » Ce travail de libération archétypal se fait en plusieurs temps. Il est accompagné par les ressources d’archétypes lumineux (comme la fée, l’ange, l’alchimiste...).
Lors d’une première séance, où le patient vient avec une demande consciente (remédier à des insomnies, arrêter de fumer, etc.), Lise Bartoli se met en résonance, d’inconscient à inconscient, avec ces parts d’ombre, dans un état d’accueil. « Dans l’écoute de cette part inconsciente surgissent des archétypes, que je restitue au patient. Si, par exemple, j’évoque un guerrier qui se bat avec l’impression d’être seul dans son camp, la personne va peut-être partager qu’elle se démène non-stop pour les autres qui, pourtant, la rejettent. Une fois familiarisée avec cet univers d’état modifié de conscience, après quelques séances, la personne pourra elle-même faire ce voyage archétypal. » Comme le langage de l’inconscient est la métaphore, après avoir remercié l’archétype pour le message délivré, on coupe les liens avec cette part d’ombre « à qui on envoie beaucoup de lumière », à travers une visualisation mettant en scène des symboles-clés (par ex. la blouse blanche, pour l’infirmière, toujours au service des autres). « Sans libérer cette part d’ombre, difficile de régler le problématique consciente », souligne Lise Bartoli.
Écouter la voix des rêves
Les scénarios étranges de nos rêves, qui foisonnent parfois de mille et uns détails étrangers à notre vie présente, posent une question : l’ouverture à l’inconscient propre au rêve nous mettrait-elle en contact, par moment, avec des réminiscences karmiques ?... En tout cas, dans l’état de sommeil, cette partie profonde de notre psyché est libre de s’exprimer, sans frein ni interdit, nous délivrant d’extraordinaires messages à même d’effriter les frontières de l’espace-temps. Si la psychanalyse, entre autres, permet d’interroger ses rêves, le bouddhisme propose un travail spécifique, dénommé le « yoga des rêves ». Si l’on se réfère à cette pratique, les rêves se classent grosso modo en deux catégories : le rêve karmique et le rêve de clarté. Selon la vision bouddhiste, en plus des rêves qui reflètent le karma de notre vie actuelle (incluant nos tensions, conflits, etc.), les rêves karmiques peuvent être reliés à nos vies antérieures. « Par exemple, si, dans une de mes vies passées, j’ai été assassiné, je peux continuer à rêver dans cette vie-ci que l’on m’assassine », explique ainsi Namkhai Norbu Rinpoché, dans Le Yoga du rêve. Si vous « effectuez la pratique de la nuit, des rêves de clarté, voie d’éveil, se manifesteront non seulement occasionnellement mais régulièrement et vous vous familiariserez avec eux », souligne Namkhai Norbu qui délivre un mode d’emploi dans son ouvrage et son enseignement. Une karmathérapie... rêvée !
À
propos
auteur
Carine Anselme
Journaliste
Après avoir aiguisé son art journalistique en qualité de rédactrice en chef de divers magazines belges, Carine Anselme décide un jour de ne plus tremper sa plume que dans ce qui la touche au plus profond de son être et qu’elle rassemble sous le vocable « écologie humaine ».
De « Psychologies magazine » (édition belge) à « Bioinfo », en passant par « Gael », « Nest » ou encore « Terre Sauvage », elle est devenue une journaliste incontournable sur tous les sujets qui touchent aux médecines altern ...
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