Il n’échappe à personne qu’une émotion est ressentie avec le corps. Le champ lexical des réactions émotionnelles comme « rouge de colère » (montée de chaleur et de sang au visage), gorge serrée, mains moites ou papillons dans le ventre n’est que le reflet des manifestations du corps à l’énergie dégagée par une émotion. C’est une première réaction qui se manifeste, mais aussi soulage en expulsant une partie de ce qui se meut.

Cependant, l’émotion peut également être immédiatement refoulée, ou, même si elle est exprimée, se stocker en partie quelque part en nous. C’est ce stockage qui devient problématique, créant du symptôme, des freins dans nos existences, des saisies inappropriées, qu’elles soient d’ordre psychologique, physique ou spirituel.

Parfois, le symptôme est très « parlant », comme le démontre Michel Odoul avec sa grille de lecture des « mal à dit », ou comment le corps exprime l’émotion, les douleurs psychologiques, les blocages. De nombreuses techniques faisant appel au corps permettent de débloquer ces émotions, refaisant circuler l’énergie, nous permettant ensuite d’évoluer sur notre chemin. Certaines sont dans nos mains, d’autres font appel à un thérapeute, mais toutes comportent l’idée qu’il est possible, grâce au ressenti, de « transformer le plomb en or ».

Réharmoniser et réunifier

« Le corps est le lieu où vit l’émotion. Pour qu’on puisse la ressentir, même si elle peut être d’origine énergétique, il faut bien qu’elle s’incarne quelque part, en nous. Son support, c’est le corps. Il réagit à l’émotion comme la structure d’un violon. Lui et son âme réagissent à la vibration. En massage, on travaille sur le corps, pour libérer cette caisse de résonance et laisser l’émotion occuper toute la place », explique Manuel Gastambide, directeur de l’École du massage intuitif et somatothérapeute. Les massages émotionnels qu’il enseigne et qu’il dispense permettent de relâcher et harmoniser le corps, en refaisant circuler l’énergie là où elle s’est bloquée, suite à un trauma par exemple. Sous les doigts, l’émotion engrammée dans le corps va « parler », sous forme de tension ou relâchement, de tonicité ou d’hypotonicité, de chaud ou de froid, de sec ou d’humide.

Le praticien rodé à cette lecture va décrypter ainsi le besoin : « Si on sent une zone corporelle très abandonnée, on va y faire revenir de la conscience. À l’inverse, si une zone est très investie, très chaude, très rouge, très énergétiquement pulsante, on va chercher, pour la tranquilliser, où elle peut aller se décharger et rétablir ainsi la circulation et l’équilibre... Le plus problématique, c’est lorsqu’une zone est abandonnée. Quand une personne a désinvesti une partie de son corps, c’est que probablement il y a un clivage, un sentiment d’abandon, un vécu d’intrusion... » Ce qu’il transmet, c’est l’importance de réunir le corps et l’esprit que notre culture a complètement dichotomisés, comme s’il y avait deux personnalités différentes. Travailler sur le corps, c’est être en prise émotionnelle avec l’inconscient, c’est réaliser que « nous habitons vraiment un corps-soi, “mon corps, mon esprit, mes émotions”, c’est un tout complètement unifié », conclut l’expert. De la même manière que spirituellement, nous avons tendance à nous séparer des autres et à ne pas ressentir que nous sommes unis, à l’intérieur de notre corps également, nous appliquons la dualité et séparons notre matière de notre pensée. Le ressenti émotionnel passant par le corps nous démontre bien que nous sommes « un ».

Émotions – corps – médecine chinoise

En médecine chinoise, les émotions peuvent devenir pathogènes lorsqu’elles sont en excès, elles dérèglent la circulation du qi, l’énergie vitale, et sont associées à des organes (voir tableau ci-contre).

Dans tous les cas, si le qi se dérègle, la maladie peut apparaître.

Le rôle de la douleur est d’être un indicateur. Elle nous oblige aussi à penser à l’organe concerné, ce qui a pour conséquence de lui envoyer l’énergie dont il a besoin pour ne pas se détériorer davantage.

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