Depuis quelques mois, le moral des Français semble miné par une crise de confiance profonde dans les institutions politiques. Alors que nous approchons de la période des élections présidentielles, beaucoup sont démunis… Pour voir émerger le monde que nous souhaitons, voter est-il toujours le meilleur levier ? Comment faire un choix éclairé dans un milieu où règne l’opacité ? Nous avons demandé à deux esprits lumineux, Thierry Janssen et Idriss Aberkane, de nous apporter quelques clés.
Art de vivre
Edmond Dantès/Pexels
« Aujourd’hui, il est très difficile d’aller voter car on a du mal à faire confiance. On sent au fond de nous qu’il y a beaucoup de mensonges et que malgré les promesses et histoires qu’on nous raconte, une fois confrontées à la réalité, les politiques menées sont souvent les mêmes, et favorisent un petit nombre de gens », constate le psychothérapeute et auteur Thierry Janssen. En effet, la confiance dans le monde politique est au plus bas ! D’après une étude datant de janvier 2022*, 70 % des Français éprouvent des sentiments négatifs par rapport au sujet. Interrogés sur leur niveau de confiance dans les institutions, 65 % déclarent ne pas avoir foi dans le gouvernement, et 62 % dans l’institution présidentielle…
À l’heure où plus de la moitié des Français considèrent par ailleurs que la démocratie ne fonctionne « pas bien », notre système politique serait-il devenu inadapté au monde d’aujourd’hui ? Pour Idriss Aberkane, écrivain, conférencier et chercheur, nous sommes confrontés aux limites de notre démocratie : « Dans l’État constitutionnel actuel, un exécutif n’a aucun engagement contractuel : s’il voulait renier la totalité de ses promesses de campagne, il le pourrait. Aucun juge ne peut dire à un président : désolé, c’était le contrat, on a un droit de rétractation ! » Pour le chercheur, l’urgence est au changement de forme du pouvoir, pour que puisse évoluer le fond dans un second temps : « Selon moi, souveraineté et démocratie doivent être placées en priorité ; l’écologie arrive après car on ne pourra pas faire plus d’écologie sans davantage de souveraineté et un intérêt pour la démocratie directe. »
Thierry Janssen constate lui aussi que beaucoup de citoyens se sentent dépossédés de leur pouvoir démocratique : « Dans un contexte de mondialisation, nos élites politiques ne sont plus libres de gérer localement, elles sont prises dans la grande gestion du monde… Il y a trop d’intermédiaires et de rouages, ce n’est plus gérable. Lorsque les questions sont réglées au niveau de notre famille, ou d’un village, il est plus simple d’ajuster les choses pour qu’il y ait une forme d’harmonie. Mais lorsque nos petits besoins quotidiens tels le cours du lait ou les transports sont décidés à l’échelle de l’Europe, le citoyen a le sentiment que voter ne sert à rien. » Mais est-ce vraiment le cas ?
Voter, un outil clé de la démocratie
Si elles semblent insuffisantes en France, pour les deux spécialistes, les consultations citoyennes sont des piliers pour cheminer vers un nouveau paradigme. Idriss Aberkane évoque le modèle suisse. Les Helvètes sont consultés bien plus souvent que nous lors de votations, ce qui génère une plus grande implication et compréhension de la vie de la cité : « Des référendums leur sont proposés quatre fois par an, qui leur permettent de se sentir impliqués dans les affaires du pays et d’en découvrir les nombreux enjeux. Ils font donc davantage attention. » Depuis son instauration en 1848, on compte 600 référendums en Suisse.
Dans l’Hexagone, comment répondre aux contraintes logistiques qu’impliqueraient des votes plus réguliers ? Pour le chercheur, à une époque où il nous est possible de payer avec notre téléphone portable, la forme que revêt le vote n’est plus à jour. Il préconise d’évoluer vers une digitalisation, en prenant certaines précautions : « Il existe des solutions pour pallier le problème d’intégrité des votes électroniques, en combinant le physique et le digital : en Suisse lorsque l’on vote de façon digitale, un reçu papier est aussi imprimé, avec des heures et un contexte. Ces méthodes redondantes permettent la plus grande fluidité des votes tout en garantissant quand même la sécurité. »
La voix de la raison, ou de l’intuition ?
Alors, à quelques semaines du scrutin 2022, comment faire un choix éclairé, au plus proche de soi ? Idriss Aberkane suggère dans un premier temps de s’informer auprès de sources diverses : « La nutrition intellectuelle pose les mêmes enjeux que la nourriture physique : il est essentiel de varier. Pour cela, je ne vois pas d’autre solution que d’avoir un maximum de médias citoyens. » (...)
Journaliste, réalisatrice et auteure, Aurélie Aimé est spécialiste du monde des spiritualités et de l'écologie. Son parcours professionnel lui a permis d’explorer inlassablement ces sujets et de partager ses découvertes.
D’abord, elle a été journaliste et animatrice télé sur M6, spécialiste de « récup’ » et d’ « astuces de grands-mères » pour l’émission 100% Mag. Puis en 2014 elle a rejoint la rédaction de l'INREES, de Kaizen, puis de Natives, entre autres.
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