Comprendre nos mécanismes

Qui n’a jamais eu peur de décevoir ? Qui ne s’est jamais dit qu’il n’était pas à la hauteur, ou qui n’a jamais eu honte de se sentir impatient ou jaloux ? Les souffrances de l’estime de soi sont parmi les plus répandues. Il en faut parfois peu : subir un reproche, commettre une erreur, se disputer avec un ami… Lorsque pointe notre sentiment d’insécurité, nous actionnons nos mécanismes de défense. La société ne nous aide pas : stressante, hyperconcurrentielle, elle nourrit l’angoisse de ne pas faire assez bien et de ne pas être aimé.

« Désir et crainte sont des énergies naturelles ; elles servent à nous protéger. Mais quand elles deviennent le noyau de notre identité, nous perdons de vue la plénitude de notre être », estime Tara Brach. Voir sa vie à travers le prisme de l’insuffisance personnelle, c’est s’enferrer dans ce que la psychologue appelle « la transe de la déconsidération ». Pour la toucher du doigt, pensez à quelqu’un que vous aimez et respectez, mais que vous connaissez mal. Que voudriez-vous que cette personne voie en vous ? Et que ne voulez-vous pas qu’elle perçoive ?

« La non-perfection est pourtant une composante naturelle de l’existence, rappelle Tara Brach. En tant qu’humains, nous sommes incomplets, faillibles et fragiles. S’imposer des contraintes destinées à nous rendre meilleurs, c’est-à-dire pour se croire protégés de toute critique ou autocritique, est une violence, épuisante et souvent inutile. » La colère n’a jamais fait revenir le soleil, facilité une guérison ou convaincu un interlocuteur. Refuser la réalité d’une situation ne fait qu’en aviver la souffrance.

Ne pas confondre

Pour Tara Brach, la solution réside dans « l’acceptation radicale, sincère et inconditionnelle, de tout ce que nous sommes et de tout ce que le monde est ». Cette pratique nous est toutefois si étrangère que nous avons tendance à la confondre avec une forme de résignation, de complaisance ou d’auto-apitoiement. Non ! Il ne s’agit pas de fuir ses responsabilités ni de légitimer un comportement malvenu. Le mot accepter vient du latin accipere, qui signifie recevoir, accueillir. L’idée n’est pas de laisser libre cours à tous nos désirs ni d’approuver tout ce qui survient, mais de regarder l’événement en face, d’en constater l’existence et de tenter d’en comprendre les rouages. Accepter n’est pas dire : « C’est bien », mais « C’est là », en prenant le temps de l’observation.

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