Du nouveau dans les labos de la Terre et du ciel : un duo spatial pour la création d’éclipses solaires, la mise au jour d’une nouvelle forme de vie, des « perles » de carbone pour le microbiote et la santé hépatique ; à découvrir également cette semaine, une belle initiative grecque pour la conservation marine dans les zones protégées !
INITIATIVE – tournant historique : interdiction du chalutage profond en Grèce
Chaque personne mange environ 20 kilos de poisson par an ; la surpêche est cependant une des plus importantes menaces pour la santé des mers. Mais en Grèce, on agit ! Le Premier ministre Kyriákos Mitsotákis parle même d’un « moment historique ».
Ratissant les fonds sans distinction ni tri avec de lourds filets de pêche pour en extraire des quantités astronomiques de poisson, le chalutage profond entraîne de lourdes conséquences sur la santé des écosystèmes marins, notamment sur les coraux. Par ailleurs, le doublement de la consommation de poisson en 50 ans a un prix mortel pour la faune et la flore marines. Aussi la Grèce a-t-elle décidé de passer des paroles à l’action en devenant le premier pays d’Europe à interdire le chalutage profond dans toutes ses zones marines protégées. Cette pratique sera interdite dans les trois parcs marins nationaux de la Grèce, et ce, de façon progressive à partir de 2026. Cette initiative montre que l’on peut toujours faire preuve de discernement et de respect, ou qu'il est possible d’emprunter la voie du milieu en trouvant des solutions favorables à l'environnement tout en tirant profit de ce que nous offre mère Nature. Cela contrebalancera peut-être la mise à l’eau du plus géant des bateaux de chalutage de fond inauguré aux Pays-Bas en ce printemps 2024, dont la capacité est plus de trois fois supérieure à celle des actuels monstres marins déjà très destructeurs.
NATURE – découverte d’une nouvelle forme de vie
« La vie trouve toujours un chemin » est une célèbre réplique du professeur Ian Malcolm dans le film
Jurassic Park !
Miraculeuse et imprévisible, la vie a plus d’un tour dans son sac pour pointer le bout de son nez. En effet, des scientifiques ont encore fait une découverte que l’on peut qualifier d’extraordinaire : une nouvelle forme de vie résultant d’une symbiose algue-bactérie. Cet accouplement qui remonterait à environ 100 millions d’années est un phénomène rare appelé « endosymbiose primaire » ; c’est seulement le troisième cas connu de fusion entre organismes sur la Terre. Il s’agit d’un processus par lequel un organisme en engloutit un autre pour engendrer des structures cellulaires vitales comme les fabuleuses mitochondries ou encore les chloroplastes. Dans le cas repéré par nos chercheurs, ici c’est une algue marine (UCYN-A) qui a absorbé une bactérie fixatrice d’azote pour donner naissance à un nouvel organite appelé « nitroplaste ». Ce dernier, récemment identifié, possède la capacité unique de fixer l’azote – un élément essentiel pour le métabolisme cellulaire, à l’intérieur d’une cellule eucaryote. Cette découverte met en évidence qu’un organite intégré à une algue marine peut également accomplir cette fonction vitale. Ce type de symbiose pourrait être exploité dans les domaines de l’agriculture et de la biotechnologie, notamment en ce qui concerne la production d’azote qui est actuellement énergivore et génératrice d’émissions de carbone. La vie nous offre parfois des solutions pour parfaire notre civilisation.
LABORATOIRE – le foie et les intestins chouchoutés par des billes de carbone
Le foie et l’intestin ayant des fonctions vitales uniques, si ces organes ne « tournent pas rond », les conséquences peuvent être fâcheuses. Ainsi, de plus en plus de personnes sont aujourd'hui touchées par des maladies chroniques du foie et des troubles intestinaux. Les problèmes de santé de ce type entraînent même un nombre significatif de décès chaque année.
Quelle nouvelle solution pour ralentir la progression des maladies du foie et restaurer un microbiome intestinal sain ? Des billes de carbone ! En Angleterre, une équipe a développé ces billes microscopiques appelées CARBALIVE. Absorbables par voie orale, elles ont démontré leur capacité à réduire les niveaux de bactéries intestinales nuisibles et à atténuer l’inflammation associée aux maladies hépatiques. Ces perles de carbone « intelligentes » absorbent sélectivement les molécules toxiques dans l’intestin sans déstabiliser les bactéries intestinales essentielles à la santé digestive. Cette capacité d’élimination ciblée des substances nocives contribue à maintenir un équilibre sain du microbiote intestinal, ce qui pourrait avoir des implications positives sur la progression des maladies du foie. En effet, les essais cliniques ont montré que les billes de carbone amélioraient les fonctions hépatiques, rénales et cérébrales de sujets atteints de maladies du foie, en ralentissant la fibrose et les lésions hépatiques. Sur des patients atteints de cirrhose, ils ont donné des résultats encourageants, avec peu d’effets secondaires notables. Les chercheurs souhaitent tout de même poursuivre leurs études cliniques pour évaluer davantage l’efficacité des CARBALIVE chez l’homme avant d’envisager des traitements pour le grand public.
INSOLITE – duo de satellites pour éclipses artificielles
Remplacer la Lune par des satellites, voilà une idée singulière et révolutionnaire pour créer une éclipse solaire.
Alors que le 8 avril 2024 a eu lieu une magnifique éclipse visible depuis la Terre, l’ESA prévoit de lancer une mission aussi étonnante que novatrice : envoyer dans l’espace un duo de satellites pour créer des éclipses. Au-delà de la fascination que suscite le phénomène, l'intérêt réel de cette mission baptisée Proba 3 est de permettre aux scientifiques d’étudier notre merveilleux Soleil de manière prolongée, chose plus difficile à réaliser lors des rares éclipses naturelles. Cette idée d’utiliser deux satellites – ils seront espacés de 144 mètres l’un de l’autre – permettra la création d’une éclipse artificielle contrôlée. Avec cette configuration, le premier satellite masquera le Soleil au second qui aura alors la possibilité d’examiner en détail la couronne de notre étoile. L’opération solaire est prévue pour la prochaine rentrée scolaire ! Par ailleurs, l’ESA a déjà envisagé des missions similaires impliquant de vastes infrastructures scientifiques en orbite, notamment la mission Lisa (Laser Interferometer Space Antenna) prévue pour 2032, qui vise à construire le plus grand interféromètre spatial dédié à la recherche d’un nouveau type d’ondes gravitationnelles. Il consistera en une formation triangulaire de trois engins séparés les uns des autres par 2,5 millions de kilomètres. Ce trio spatial naviguant à 50 millions de kilomètres de la Terre promet d’offrir une opération spectaculaire !