De plus en plus, dans nos sociétés, la quête de la santé devient aussi
une quête de sens. Cherchant à comprendre les épreuves qu’ils traversent,
les patients se tournent vers des thérapies alternatives. Entretien avec Jean-Dominique Michel, spécialiste en anthropologie médicale.
Santé corps-esprit
Peut-on dire que de plus en plus de gens, en plus de la médecine conventionnelle, s’adressent à des praticiens de médecine alternative ?
Dans l’univers occidental, 60 à 80 % des gens s’adressent à d’autres recours de soins que la médecine scientifique pour leurs besoins de santé. Nous n’avions que peu de statistiques dans le passé, il est donc difficile de dire s’il s’agit réellement d’une émergence. Cela dit, l’offre de soins s’étant beaucoup étendue au cours des quinze dernières années, on peut penser qu’il y a une augmentation de la consommation.
Quelles sont les techniques vers lesquelles les patients vont en priorité ?
Nous disposons de statistiques par rapport au recours à certaines pratiques de soin : par exemple, 53 % des français consomment de l’homéopathie. Nous avons aussi des données sur la croyance que les gens investissent : 70 à 75 % des gens pensent que l’acupuncture peut avoir un effet bénéfique sur leur santé. En ce qui concerne la médiumnité, on est à 35 % d’adhésion dans la population. C’est évidemment sur la base de la croyance en l’utilité d’une pratique de soin que les gens choisissent de s’y adresser.
Quand on parle d’homéopathie, d’acupuncture, les gens restent dans un cadre de soin officiel. Mais lorsqu’ils vont vers les guérisseurs, ne s’aventurent-ils pas sur des chemins moins balisés ?
C’est une question de familiarité. L’homéopathie et l’acupuncture sont dans le paysage depuis plusieurs décennies. Cela dit, l’acupuncture repose sur une anatomie fantastique, c’est-à-dire une représentation du corps humain en lien avec un schéma énergétique qui n’est pas du tout appréhendable par la démarche biomédicale. Et il s’agit d’une discipline qui a une efficacité réelle. Mais les guérisseurs sont aussi efficaces. Si ces sortes de soins sont moins privilégiées actuellement, c’est essentiellement à cause des représentations qu’on se fait quant à la crédibilité et à la respectabilité de ces démarches.
Qu’est-ce qui explique à votre avis cette tendance en Occident à consulter de plus en plus non seulement des acupuncteurs et des homéopathes mais aussi des chamanes et des guérisseurs ?
Deux perspectives me paraissent éclairantes à cet égard : la première, c’est que ces pratiques répondent de manière très nourrissante au besoin de construction existentielle dans lequel sont les gens face à leurs difficultés de santé, qui est une dimension pour l’essentiel désertée par la médecine. D’autre part, elles s’adressent à cette part d’imaginaire, de symbolique, de subjectivité qui est très effacée dans notre culture.
Quand vous parlez d’efficacité symbolique d’une pratique, que voulez-vous dire ?
Toute pratique rituelle qui mobilise un sens au travers d’une intention a un certain impact positif. C’est vrai d’un chamane qui met en place un rituel de guérison, d’un homéopathe qui va chercher dans la matière médicale homéopathique un remède congruent avec les symptômes d’une personne, ou d’un médecin qui va puiser dans la recherche scientifique les derniers traitements médicaux. La médecine se réapproprie ce mécanisme à travers tout le questionnement sur l’effet placebo. Mais pour les anthropologues, l’explication est un peu courte. Aujourd’hui on réfléchit beaucoup plus à l’effet de sens : comment les attentes subjectives des deux acteurs de la relation de soin et la médiation du remède proposé vont-elles générer une amélioration ?
Comment les médecins réagissent-ils à cette évolution ?
Relativement bien, d’après mes observations. A une époque, il y a eu un vertige du médecin tout-puissant. Mais on en est revenu. Je crois qu’aujourd’hui on est à un moment intéressant où les médecins, tout en ayant qualifié et validé leurs connaissances, reconnaissent aussi les limites de ce qu’ils peuvent apporter. Ils sont dans une tolérance éclairée, tout en mettant bien sûr des garde-fous par rapport à des recours qui peuvent être abusifs ou dangereux. La plupart des médecins que je connais encouragent les patients qui en ont besoin à s’adresser à d’autres pratiques, même si chacun a sa grille de lecture.
Quel regard portez-vous sur la multiplication des thérapeutes en tout genre ?
Je crois qu’il y a beaucoup de bonnes choses dans ce mouvement, d’autres qui sont plus critiquables, mais cela fait partie de l’évolution naturelle des sociétés. Cela pose toute la question de la certification, de la surveillance. Actuellement le code pénal tel qu’il existe propose une ligne de démarcation assez saine entre les abus réels qui se doivent d’être sanctionnés avec toute la rigueur requise, et ce qui va relever d’une maladresse ou d’un manque de construction chez certains thérapeutes mais qui à mon sens ne gagnerait pas à être judiciarisé. Je plaide pour une compréhension collective de ce qui est en jeu dans la santé individuelle et à un niveau communautaire, afin qu’on ait une représentation plus construite, plus ajustée, plus efficiente par rapport à cet univers de la guérison. Il y a une espèce de clivage idéologique entre d’un côté la biomédecine et de l’autre tout ce qui relève de « l’irrationnel » et qui n’est pas en fait irrationnel !
En résumé, il faut sortir du cliché qui veut que le médecin vous soigne et que les autres vous dupent ?
C’est vrai que dans la mentalité collective, on reste encore très clivé entre ce qui relèverait du connaissable, du certain et du sérieux, et ce qui relèverait de l’irrationnel et du subjectif, alors que dans les faits, on observe un tissage entre ces deux dimensions. La démarche objective génère une efficacité dont on profite tous. Mais le savoir symbolique génère aussi beaucoup d’efficacité, il est agissant en politique, en médecine, dans la consommation et l’économie. Ce serait important de pouvoir se réapproprier une vision des choses qui respecte cet entrelacs entre le subjectif et l’objectif.
Une approche indifférenciée basée sur la méfiance n’oblige-t-elle pas les gens à aller complètement seuls au-delà de ce que la médecine peut proposer ?
Absolument. Pour cette raison, il est important qu’on construise un discours intelligent, sensible et raisonnable autour de ces réalités précisément pour qu’il soit possible de discuter les choses, de les élaborer ensemble. La caricature, qu’on observe parfois dans les trajectoires de santé, c’est le patient qui n’ose pas dire à son médecin qu’il a été voir un guérisseur parce qu’il a peur de le fâcher. C’est une situation qui reflète à quel point la désertion du discours et de l’intelligence dans ces domaines est nocive. Ce sont les patients qui en paient le prix en dernière analyse.
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